Manu Larcenet's Blog, page 88
December 21, 2010
« no input, no output »
December 20, 2010
Help!!
Ce n'est pas sans une certaine honte que je m'adresse à vous aujourd'hui.Oh, rien de bien grave, non… Que je vous explique.
Mon épouse, la Très Sainte Femme est une scientifique réputée dans les milieux les plus pointus. Elle évolue au contact des prix Nobel les plus prestigieux, des mathématiciens les plus imbitables et les astrophysiciens les plus, lourdement handicapés. Il n'est pas rare de rentrer à la maison et de me retrouver nez à nez avec Laennec qui reste à dîner, Pasteur qui prend juste un café ou Flemming en petite tenue. Et vas-y que ça papote de dssymétrie moléculaire, de Bacillus subtilis et autres théories des cordes entre la poire et le fromage. Dans ces cas là, je me feis discret tant il est vrai que c'est toujours gênant d'avoir le rôle de Jacques Villeret au cours d'un dîner. Ma femme, quant à elle, surfe avec aisance sur les concepts, argumente, développe, lance des hypothèses, fais des bons mots, le tout dans une robe lamée au décolleté vertigineux qui fait la joie de Flemming, ce vieux porc.
Cependant, derrière cette façade lisse de scientifique mondaine, mon épouse cache un lourd secret. J'ose à peine le dire ici, tellement c'est fou… Elle est complètement folle des Pokemons.Vous savec, ces jeux sur la plus ridicule des consoles, la Nintendo DS, avec plein d'animaux improbables qui passent leur temps à se foutre sur la gueule sans raison aucune… Oh, je sais ce que vous direz. Que c'est la honte, qu'à son âge, quand même, on devrait plutôt se concentrer sur les espaces courbes ou tenir la maison propre et bien rangée et vous aurez raison! Mais que voulez-vous, mon tendre penchant pour cette femme me pousse à feindre d'ignorer le mal qui la ronge et à lui répondre « tu as attrapé pachidragon avec une masterball?! C'est génial. Je suis si content… » lorsqu'elle tente de ma faire partager sa passion… Autant vous dire que j'en bouffe soir et matin, du Pokémon. Je dors dans des draps Pokémon, je bouffe de la pâtée Pokémon dans des assiettes aux effigies de ces abominables vermines, sans compter les magnifiques préservatifs Pikachu que je suis obligé d'arborer si je veux avoir une chance de pratiquer des cochonneries.
Mais il y a quelques jours, elle reçu un étrange message, émanant sans doute d'un quelconque vénérable maître des Pokemons, qui la laissa profondemment perplexe.
Je ne résiste pas à vous en mettre ici même la copie (l'on clique pour agrandir):
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Vous remarquerez comme moi que la missive est écrite dans la langue barbare et indéchiffrable des Pokémons. C'est sans doute ce qui a précipité l'avancée de la maladie chez ma Très Sainte Femme. En effet, persuadée qu'elle est de louper un truc important dans le monde magique et enchanté des Pokemons, elle ne quitte plus le lit conjugal, accablée de fièvre, dans un état semi comateux. Elle murmure parfois dans un souffle
- « Rhhhhhhh… S'ils mettent un… d… d… Darkraï en ligne… je … je … je vais le rrrrater…rrrhhhhh… »
Puis ses yeux se ferment et elle replonge dans le coma.
C'est cet état d'extrême faiblesse qui me pousse à m'adresser à vous aujourd'hui, chers lecteurs, et à solliciter l'aide des plus cultivés d'entre vous: Aidez-la, aidez-nous, sauvez mon mariage! Par pitié! si quelqu'un sait déchiffrer cette langue ancestrale et mystérieuse, s'il vous plait, contactez-moi pour m'en livrer les secrets! C'est une question de vie ou de mort!
Merci de votre attention.
December 19, 2010
à l'affut
December 17, 2010
les 7 familles
Notre Président à tous (pas celui de la République, l'autre, le vrai.), Baru avait concocté pour l'édition du festival d'Angoulême 2011 dont il est responsable devant Dieu, une sorte de jeu des 7 familles. Et Paf! Qu'est-ce qu'il lit, le fils?
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Ah ahh! La fierté qui est mienne devant ce dessin dépasse de loin celle qu'a dû ressentir Armstrong (l'astronaute, pas le vélocipèdiste ni le trompetteur), en posant la botte sur le sable lunaire.
Je l'ai déjà dit ici, il y a quelques temps, et , avouons-le, avec un certain talent, que lorsque j'ai découvert les « Quéquette Blues » de Baru, j'ai découvert qu'on pouvait parler de soi à des adultes, à travers la bande dessinée. Et bien avant que ça soit la mode!
Puisqu'on en parle, rappelons habilement que, chez les Rêveurs, on a sorti il y a peu « Villerupt 1966« , coffret reprenant les 3 tomes de « Quequette Blues », « la piscine de Micheville » et « Vive la classe », du même Baru (avec , en plus, un DVD de Jean-Claude Muller!).
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(L'on peut le commander sur notre boutique, si l'on veut.)
December 15, 2010
les pieds nickelés
December 14, 2010
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Ces temps de fêtes sont propices aux intégrales, on se demande pourquoi.
Toujours est-il que les 4 tomes du Combat Ordinaire sont réunis en un seul, avec une magnifique préface de Magyd Cherfi, et un documentaire (qui me fait rougir encore aujourd'hui tant je ne m'attendais pas à de si tendres mots de la part de certains amis, mentors, éditeurs, partenaires sexuels, etc… sur des livres qui, à mes yeux fatigués, commencent à dater et dont je ne vois plus guère que les failles.) réalisé par le très pointu Sam Diallo et mis en images par Laurent Beaufils ( aka « le Francis Heaulme du XVème« ).
En quelques mots: jaquette, dos toilé, 232 pages, 39.9€, grande classe, les femmes tombent.
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December 13, 2010
ah ah ah! Argl!
A la suite de mon petit mot sur la grande ZAZ et ses débuts époustouflants dans le milieu du rap hardcore ovalique régionaliste et identitaire , Dom me fait savoir que, malheureusement, l'artiste et son posse, son crew, ont commis d'autres risibles âneries…
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Mais, indiscutablement, la nouvelle qui m'a fait le plus mal est le mail de Claire. Sans précaution aucune, elle me dit avoir entendu à la radio que notre amie ZAZ était la petite fille de … Geaorges Brassens. Je n'ose croire que le fruit puisse tomber si loin de l'arbre. Le monde serait-il donc si cruel et les perspectives d'une amélioration de la race humaine si bouchées. Je ne peux m'y résoudre car si c'est la vérité, c'est la fin du monde.
December 12, 2010
tonton fernand
December 9, 2010
vieillesse ennemie
Il y a quelques temps de cela, mon épouse, la Sainte Femme, a offert à ma fille, la Sainte Enfant, un radio-réveil. Sur le coup, ça m'a semblé une idée comme une autre… Pour tout dire, je m'en foutais pas mal, tout occupé que j'étais à marcotter mes radis selon la technique ancestrale enseignée par Ferri.
Bref, le radio-réveil fit une entrée discrète en notre manoir.
Quelques semaines plus tard, j'étais en train de préparer le petit déjeuner des enfants (oh, trois fois rien, quelques toasts au caviar sur leur lit de foie gras à la truffe), avant que de les envoyer à l'école privée Sainte Clitorisse, quand ma fille descendit l'escalier en fredonnant entre ses dents une mélodie dont la vulgarité me frappa. Une fois assise, je l'interrogeais.
« dis donc! Qu'est-ce que c'est que cette musique de merde que tu me vomis dans les oreilles dès le matin? » lui demandai-je après un baiser sur le front.
- « Ah mais ça, papa, c'est ZAZ. Je l'a entendue à la radio-réveil et je connais les paroles, aussi, tiens, écoute…» me répondit-elle
C'est ainsi que je touchai le fond. Tiens, à votre tour:
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Je réalisai soudain, à l'inanité des paroles de cette chanson, si l'on peut dire, que je n'étais plus de mon temps.
Ma fille, fière comme tout d'avoir retenu dans leur intégralité les paroles de « Je veux » me gratifia d'un tendre sourire, emprunt d'une légère touche de pitié. Il est vrai que l'effarement devait se lire sur mon visage en lettre de néon. Ma fille, ma tendre enfant, berceau de tous mes espoirs, se salissant la bouche de cette logorrhée infecte… mon bébé… Mon pauvre bébé.
Je l'emmenai à l'école, le dos courbé, le regard au sol, l'âme en déroute, et la laissai dans la cour de récréation où elle s'empressa de rejoindre ses copine qui l'accueuillire en chantant derechef « Je veux » sous forme, cette fois , d'un canon approximatif qui résonne encore à mes oreilles comme la mélopée de Satan.
Sur le chemin du retour, mon esprit battait la campagne, affolé.
Il était donc devenu évident que, pendant toutes ces années où j'étais occupé à essayer de ne pas me tirer une balle dans la tête, le monde avait continué sa marche sans moi, me laissant, seul, nu et effrayé, sur le bord du chemin. Ainsi donc, aujourd'hui, l'on permettait à mademoiselle ZAZ d'étaler, sans honte aucune, sa stupide joie de vivre?
Puis, j'ai repensé brièvement au « Y'a d'la joie » de Monsieur Trenet qui, enfant déjà, me donnait des hauts le coeur par l'étalage obscène et à moi incompréhensible, de sa bonne humeur frelatée et frauduleuse. Ça n'était donc pas une question d'époque…
Mais quand même!
Étais-je le dernier représentant d'une race, vouée à l'extinction? Ceux des amoureux de la négation, qui ne voient la beauté que dans ce qui est mille fois cassé, écrasé, sali.
Tiens, je vous propose de faire un petit commentaire de texte. Oui, je sais, ça fait longtemps, vous n'étiez pas très bon et ça vous gavait, mais faites un effort. Pour me faire plaisir.
Qu'il soit ici noté que j'assume parfaitement et avec une mauvaise foi certaine, le paradoxe qui me fait me livrer à un jeu cruel que je réprouve absolument quand il est destiné à mes propres travaux. Mais bon, je ne suis pas à une contradiction près.
Lisons ensemble:
« Je Veux »
Paroles et musique de Mlle ZAZ
Donnez moi une suite au Ritz, je n'en veux pas !
Des bijoux de chez CHANEL, je n'en veux pas !
Donnez moi une limousine, j'en ferais quoi ?
papalapapapala
Offrez moi du personnel, j'en ferais quoi ?
Un manoir a Neufchatel, ce n'est pas pour moi.
Offrez moi la Tour Eiffel, j'en ferais quoi ?
papalapapapala
Refrain:
Je Veux d'l'amour, d'la joie, de la bonne humeur,
ce n'est pas votre argent qui f'ra mon bonheur,
moi j'veux crever la main sur le coeur
papalapapapala
allons ensemble, découvrir ma liberté,
oubliez donc tous vos clichés,
bienvenue dans ma réalité.
J'en ai marre de vos bonnes manières, c'est trop pour moi !
Moi je mange avec les mains et j'suis comme ça !
J'parle fort et je suis franche, excusez moi !
Finie l'hypocrisie moi j'me casse de là !
J'en ai marre des langues de bois !
Regardez moi, toute manière j'vous en veux pas et j'suis comme ça
papalapapapala
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Je me doute bien que certains d'entre vous serez sans doute ébahis par cette leçon de vie, pleine de bon sens, soutenue par d'indéniables qualités littéraires qui forcent le respect, mais, tout de même… Arrêtons-nous cinq minutes et tâchons de prendre du recul… C'est affligeant, non?
Bon, je passe sur le premier couplet palpitant où Mademoiselle Zaz fait une liste des cadeaux qu'elle ne veut pas pour Noël, ce qui est judicieux en cette période de l'année.
Je saute direct à la profession de foi du refrain, là où elle développe sa vision de la vie et ses aspirations, comme se doit de le faire tout artiste.
Excusez mon courroux, mais quand même:
« Je Veux d'l'amour, d'la joie, de la bonne humeur »
Les voilà donc les aspirations primordiales de Mademoiselle ZAZ? C'est là ses rêves? C'est là son Idéal? Ce pourquoi elle serait prête à vouer son existence, à en découdre avec l'ennemi? Heureusement que Van Gogh n'avait pas le même. Sinon on se serait fait sacrément chier à regarder ses tournesols.
« moi j'veux crever la main sur le coeur » … Bien sûr, mon mauvais esprit naturel me pousserait à lui répondre « ça vaut mieux que dans le cul », si je n'avais eu une éducation religieuse stricte qui m'interdit d'accabler les simples d'esprit.
De plus, pour peu qu'on prête un peu attention à sa prose, l'on notera quelques paradoxes. Tiens, par exemple, Mademoiselle Zaz me demande instamment de bien vouloir oublier tous mes clichés, alors qu'à peine quatre lignes au dessus, elle m'assène que c'est pas mon argent qui fera son bonheur, paraphrasant ainsi le plus vieux poncif encore en activité.
« allons ensemble, découvrir ma liberté » Quelle étrange phrase. Et là encore, quelle étrange aspiration!
Je nous vois sur un chemin de campagne, elle devant, nimbée de lumière, le front ceint de l'auréole, le doigt pointé sur l'horizon mordoré et nous autres, cons de disciples, d'apôtres, de fidèles, suivant derrière, sur les genoux, priant pour que le Messie (ou la Para-Messie, je ne sais trop…) trouve enfin sa liberté qu'elle aurait perdu ou oublié dans sa voiture.
La liberté. C'est vrai, c'est important, la liberté, elle a raison. Bon, après, il y a ses lacunes en vocabulaire qui lui font imaginer qu'elle pourrait « découvrir » sa liberté comme si elle était forcément ailleurs, dans une coin reculé ou en tout cas géographiquement éloigné. Elle doit confondre avec les champignons ou les métaux précieux.
« bienvenue dans ma réalité. « … Alors là j'ai pas compris. Il faut dire que je ne suis pas familier des grands textes.
Ceci dit, si sa réalité c'est « d'l'amour, d'la joie, de la bonne humeur », franchement, ça me dit trop rien. Mais bon, c'est perso.
Mais l'apogée littéraire et philosophique de la pensée ZAZienne se trouve dans le second couplet. C'est en effet le moment choisi par l'auteur pour se rebeller, taper du poing sur la table du système et asséner au monde sa fulgurante sédition, son insubordination la plus totale. Oui, il faut savoir que Mlle ZAZ a une vingtaine d'années et personne n'ignore que c'est un moment de la vie où il est sain de remettre en question la vie que les anciens nous ont tracée. Ce n'est donc pas moi qui irai la blâmer de tout envoyer se faire foutre, bien au contraire… cependant
« J 'en ai marre de vos bonnes manières, c'est trop pour moi !
Moi je mange avec les mains et j'suis comme ça ! «
Ah oui… OK… Les bonnes manières… c'est vrai que c'est un combat comme un autre. J'y avais pas pensé, mais c'est vrai que c'est chiant, les fourchettes.
« J'parle fort et je suis franche, excusez moi ! « Bon. Ça aussi, c'est un truc qui m'énerve. Aujourd'hui, on dirait que la qualité première d'un Humain se doit d'être la franchise! Vous n'avez pas remarqué? Du moindre mongolien télévisuel au politique le plus cultivé, ils n'ont que ça à la bouche: la franchise! Comme si c'était un gage d'honnête intellectuelle. Quelle drôle d'idée! Quelle connerie, surtout. On ne parle plus d'intelligence, de clairvoyance, de réflexion, de pertinence d'analyse, mais de franchise. Comme ça, quand on dit des conneries, on n'a plus à avoir honte, puisqu'on les a dites franchement. Ce qui nous ramène au sujet.
« Finie l'hypocrisie moi j'me casse de là ! «
A ce stade du développement de la pensée de l'artiste, je pense effectivement, que c'est là une sage décision, pour elle comme pour moi.
Mais c'est la dernière phrase qui m'a fait le plus mal:
« Regardez moi, toute manière j'vous en veux pas et j'suis comme ça »
Je ne vous cache pas que c'est pour ce vers que j'écris ces quelques lignes.
Il semble que l'auteur daigne ne pas me garder rancoeur de ne point adhérer à sa philosophie du bonheur à la Séguéla. C'est gentil, notez bien.
Mais tout de même, quelle condescendance insupportable!
Mélange de tout ce que je hais le plus dans cette époque qui se trouve être aussi la mienne, cette chanson exalte la paresse intellectuelle, facilité, mépris, condescendance, stupide assurance, le tout surmonté comme la cerise du gâteau par le désormais fameux « j'suis comme ça », justification des cons pour justifier l'injustifiable. On ne cherche plus à être un meilleur humain, puisque de toute façon, c'est la mode du « j'suis comme ça ». ça justifie tout, c'est pratique, pas besoin de se remettre en question, de réfléchir à son comportement et, éventuellement, de comprendre qu'on s'est trompé… Mieux vaut laisser place nette à l'instinct et, une fois que la connerie est faite, laisser échapper un petit « j'suis comme ça » désinvolte. Ça mange pas de pain.
Ah il aurait été content Göring, à Nuremberg, tiens!
- »Ich bin comme ça ».
Acquitté.
Je sais ce que vous allez dire… Que c'est facile de se moquer (comme disaient les Wampas). Et vous aurez raison. Que c'est laid de s'en prendre à plus petit que soi, que moi aussi j'étais un pauvre con à son âge. Bien sûr, je ne vaux guère mieux, je le sais bien. Et c'est bien pour ça que je me déteste autant.
December 8, 2010
ferRi, le roi du profil
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