.
Regardez-moi un peu ce dessin préparatoire de Ferri! Un magnifique portrait de de Gaulle criant de vérité profonde, non? On y ressent l'incertitude du grand homme écrivant l'histoire. On y décèle les fêlures secrètes qui complexifient l'humain et lui donnent cette épaisseur qui nous le rend proche. Il y a dans ces quelques traits, ces traces de gestes, l'âme du dessinateur qui se confond avec celle du sujet. Car ne nous y trompons pas: Ferri nous parle ici de sa propre incertitude, de son propre malaise. Ce regard incertain, ces deux cheveux tombants, ce nez turgescent sont bel et bien ceux de Ferri autant que ceux de de Gaulle.
Las, le dessinateur de bande dessinée souffre de cette image de puérilité à jamais liée à notre médium. On ne regarde pas un dessin de Ferri du même oeil qu'un Pissaro ou un Degas. Et c'est là profonde injustice! Pas pour tous, notez bien. L'immense majorité d'entre nous, moi le premier, ne méritons pas plus que ce regard distrait et négligent qui fit récemment dire à un de mes lecteurs « j'aime pas comment vous faites les nez. ».
.
Aucun bouquin d'histoire de l'Art n'a, que je sache, encore mentionné Ferri. Par contre, pour Matisse, là, ça y va! Et vas-y que je t'en mets plein les Musées! Alors que, franchement, Matisse, en dessin, c'est pas non plus top top… Tiens, regardez un peu le portrait qu'il a fait de de Gaulle… Franchement, c'est tout naze, ça ressemble même pas. Ma petite sœur aurait fait mieux.
.
Published on January 16, 2011 22:56