Facing The Extreme Quotes

Rate this book
Clear rating
Facing The Extreme: Moral Life in the Concentration Camps Facing The Extreme: Moral Life in the Concentration Camps by Tzvetan Todorov
199 ratings, 4.31 average rating, 23 reviews
Facing The Extreme Quotes Showing 1-30 of 36
“L’Histoire l’emporte sur la mémoire, or l’Histoire a besoin de héros.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Une autre fois l’affaire est bien plus sérieuse : Buber-Neumann est au cachot, et Milena se présente devant le chef de la Gestapo du camp ; elle parvient à lui en imposer suffisamment pour qu’il l’écoute et même qu’il lui permette de rencontrer son amie en prison – faveur inouïe. Lorsque la mort approche, Milena se trouve entourée de nombreuses proches. Après, son amie conclut : « La vie a perdu tout sens pour moi » (Milena, 267). Buber-Neumann a aussi cette phrase incroyable : « Je remercie le destin de m’avoir envoyée à Ravensbrück et de m’avoir ainsi permis d’y rencontrer Milena » (Ravensbrück, 73).”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“paru comme les incarnations de ce souci de l’autre. Pour Primo Levi, c’est, par exemple, Lorenzo le maçon, un non-juif italien, réquisitionné comme main-d’œuvre, qui lui apporte quotidiennement, ainsi qu’à un autre Italien, un baquet de soupe supplémentaire.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Toutes les formes de dignité sont frappées de cette même ambiguïté – car elles dépendent toutes d’un critère qui, au lieu de transcender le point de vue de l’individu, lui reste immanent. Le fait de se tenir propre et de cirer ses chaussures aidait Levi à garder le respect de soi ; mais il en va de même de ses gardiens :”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“compte, que de l’extérieur : n’est respectable que la dignité qui sert le bien. Bettelheim se souvient de ces conflits entre détenus : « Lorsqu’il s’agissait de construire des bâtiments pour la Gestapo, ils discutaient pour décider s’ils devaient le faire bien. Les nouveaux venus étaient partisans du sabotage, la majorité des anciens, pour l’ouvrage bien fait » (Cœur, 270). Si le mur entoure un camp, il n’est pas bon. Un mur mal construit, dans un esprit de résistance, eût été préférable.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Lorsqu’on lui fit élever des murs de protection contre les bombes, il les fit bien droits, solides, avec des briques bien décalées et tout le mortier qu’il fallait, non par obéissance aux ordres, mais par amour-propre professionnel » (Naufragés, 121). C’est pour cette raison qu’est particulièrement avilissant un travail absurde : transporter du sable d’abord à droite, puis à gauche, creuser un trou, ensuite le combler ; il est impossible de faire un tel travail bien, et donc de garder le respect de soi. Dans”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“de sa propre expérience : le maçon Lorenzo qui lui sauve la vie à Auschwitz a préservé sa propre dignité en faisant bien le travail auquel il est contraint.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Un premier exemple de dignité ainsi entendue pourrait être le simple fait de rester propre, alors même que tout pousse à l’attitude contraire : l’eau est rare ou froide ou sale, les latrines sont loin, le climat sévère. Mais les témoignages sont nombreux qui le confirment : une personne qui parvient à se tenir propre, à apporter un minimum de soins à son habillement, inspire le respect aux autres détenus (et accroît ses propres chances de survie : la morale est, ici, payante). Primo Levi affirme qu’il doit son salut à une leçon qui lui est administrée par le sergent Steinlauf, au début de sa détention : rester propre pour ne pas s’avilir à ses propres yeux. « Aussi est-ce pour nous un devoir envers nous-mêmes que de nous laver le visage sans savon, dans de l’eau sale, et de nous essuyer avec notre veste. Un devoir, de cirer nos souliers, non certes parce que c’est écrit dans le règlement, mais par dignité et par propreté » (Si,”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“L’insoumission aux ordres : tel est aussi le principe du comportement digne d’une autre pensionnaire extraordinaire des camps, Milena Jesenska, journaliste tchèque et ancienne amie de Kafka. Après l’occupation de son pays par les Allemands, elle se retrouve à Ravensbrück, où elle rencontre, en la personne de Margarete Buber-Neumann, une amie (et, plus tard, une biographe) hors pair. Milena peut affirmer sa dignité à travers les gestes les plus anodins, dont le dénominateur commun est le mépris pour l’ordre arbitraire qui règne dans le camp. « Jamais elle ne s’intégrait correctement aux rangs par cinq, jamais elle ne se tenait comme le prescrivait le règlement lors des appels, elle ne se hâtait pas lorsqu’il fallait exécuter un ordre, elle ne flattait pas ses supérieurs. Pas un mot qui sortait de sa bouche n’était “conforme à l’ordre du camp” » (Milena, 21).”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“La certitude qu’en dernier ressort on est maître de sa vie représente la dernière liberté » (40). Evguénia Guinzbourg, contemplant à Kolyma le corps d’une amie suicidée, trouve aussi un réconfort à penser que cette liberté-là est toujours accessible : « Si je veux, je mettrai moi-même un terme à ma vie » (II, 123). Les gardiens des camps le savent bien : choisir le moment et le moyen de sa propre mort, c’est affirmer sa liberté ; or c’est précisément la négation de cette liberté, et donc de cette dignité, qui est le but du camp. C’est pourquoi, alors même qu’ils donnent la mort avec autant de facilité, ces gardiens empêchent par tous les moyens les suicides. Filip Müller s’est introduit volontairement dans la chambre à gaz pour y trouver la mort ; mais les gardiens le découvrent et l’en retirent brutalement : « Espèce de cul, satané scélérat, apprends que c’est nous, et non toi, qui décidons si tu dois vivre ou mourir ! » (155). Plus importante que la mort est l’aliénation de la volonté : c’est elle qui permet de jouir pleinement du pouvoir sur autrui. Bettelheim explique ainsi l’irritation des surveillants devant les suicides, qui, pourtant, leur épargnent une « sale besogne » : tout acte d’autodétermination doit être sévèrement puni.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“il ne suffit pas de prendre en soi-même une décision pour acquérir la dignité ; il faut que cette décision soit suivie d’un acte qui en découle, et qui soit perceptible par les autres (même s’ils ne sont pas là pour le percevoir). Telle serait donc notre première définition de la dignité.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Aucune force ne peut supprimer cet ultime choix, ne peut priver l’être humain de cette forme-là de la liberté, qui lui donne, de fait, sa qualité d’« être humain », qui lui permet, en toutes circonstances, de rester humain. La contrainte (et donc la détermination par le milieu) ne peut jamais être totale : « L’on peut tout enlever à l’homme, au camp de concentration, excepté une chose : l’ultime liberté de choisir telle ou telle attitude devant les conditions qui lui sont imposées » (Frankl,”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Il n’est pas sûr, enfin, qu’en voulant donner une sanction sociale à la dignité, Améry ne l’ait pas confondue avec ce qu’on appellerait plutôt l’honneur : celui-ci consiste bien en une forme de reconnaissance accordée par la société en fonction de ses codes ; celle-là, en revanche, l’individu isolé peut aussi l’éprouver.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Il est donc possible d’introduire une distinction au milieu des héros et des saints : entre ceux qui désirent que les êtres humains soient les bénéficiaires de leur action – et ceux qui les oublient, n’aspirant qu’à avoir un comportement conforme à l’idéal d’héroïsme ou de sainteté. Kolbe”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“La plupart de ceux qui sont morts en héros dans les camps sont des croyants : des”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Et, comme Ulysse, il rentrera chez lui et vivra vieux (j’ignore s’il est mort aujourd’hui) – seul inconvénient pour en faire un héros de grande diffusion.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“de”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Ce que l’extrême et l’ordinaire ont également en commun, c’est que, ici comme là, la majorité des individus opte pour les valeurs vitales, et quelques-uns seulement choisissent l’autre voie. Ou peut-être : la plupart du temps, chaque individu opte pour les valeurs vitales ; mais n’ignore pas pour autant les réactions morales.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“morale. Enfin, même si l’on pouvait observer une relation entre souffrance et morale, je ne vois pas quelle espèce de précepte on devrait en tirer : personne ne peut s’arroger le droit de recommander aux autres d’aspirer au malheur pour devenir plus vertueux.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“En employant des moyens extrêmes, il est effectivement possible de détruire le contrat social jusqu’à la base, et d’obtenir de la part des hommes des réactions purement animales.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“là où il n’y a pas de choix, il n’y a pas non plus de place pour une vie morale quelconque.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Le fait que c’était la mort des autres, quels qu’ils soient, qui signifiait notre vie n’était plus en question » (Sereny, 227). Les liens familiaux même les plus proches ne résistent pas à ce combat pour la survie : Borowski raconte comment une mère, pour sauver sa vie, fait semblant de ne pas reconnaître son enfant ; Elie Wiesel, survivant d’Auschwitz, a décrit dans Nuit comment le fils arrache le pain des mains de son père ou comment lui-même se sent soulagé à la mort de son père, voyant augmenter ainsi ses chances de survie.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“pendant qu’un détenu se coupe les veines et s’effondre dans son sang, ses compagnons de cellule terminent tranquillement le petit déjeuner. « Un homme perd son sang sous mes yeux et je lèche le fond de mon écuelle en ne pensant qu’au moment où l’on va me rapporter encore à manger. Reste-t-il encore en moi, en nous qui sommes ici, quelque chose d’humain ? »”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“(This Way, 168).”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Mais l’homme n’a pas besoin de se révolter les armes à la main pour rester humain, pour affirmer sa dignité ou son désir de liberté ; et il n’était pas nécessaire d’attendre l’insurrection du ghetto pour s’assurer que ces qualités n’étaient pas mortes. Cette insurrection était la réaction courageuse à une situation désespérée ; mais le geste de Pola était, lui aussi, libre, digne et humain. Car la dignité est toujours et seulement celle d’un individu, non celle d’un groupe ou d’une nation. Et l’honneur ne se lave pas seulement dans le sang de l’ennemi.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“La responsabilité est une forme particulière de souci, celle qui incombe aux personnes occupant des positions privilégiées : les médecins ou encore les chefs.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“Les vertus héroïques sont plutôt estimées par des hommes, alors que les vertus quotidiennes sont le fait autant, sinon plus, de femmes (mais il est vrai que les qualités physiques requises sont différentes ici et là).”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“la foi, il ne s’agit jamais d’une abstraction, mais d’individus vivants que l’on connaît personnellement. Manquer à ce souci-là n’est pas une faute qui fait encourir le blâme ; mais c’est une rupture tacite de contrat. C’est ce qu’illustre une scène racontée par”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“il s’agit toujours d’un acte adressé à un être humain individuel tout proche, non à la patrie ou à l’humanité. Ce souci pour autrui porte en lui-même”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)
“On voit que choisir la mort a ici une tout autre signification que dans les vertus héroïques. Là-bas, la mort finit par devenir une valeur et un but, car elle incarne l’absolu mieux que la vie. Ici, elle est moyen et non fin ; elle est l’ultime recours de l’individu désirant affirmer sa dignité.”
Tzvetan Todorov, Face à l'extrême (COULEUR IDEES)

« previous 1