Der letzte Satz Quotes

“Sa place était derrière son pupitre. Il avait déniché ce dernier à la cave au cours d’une de ses premières journées à la direction de l’Opéra de Vienne, au magasin des accessoires, entre une colonne romaine en papier mâché et un tas de coupons de tissus à moitié mités. C’était un vieux châssis de bois bancal, rongé de vers, avec une planche sommairement clouée en guise de plateau, mais c’est précisément cette fonctionnalité prosaïque qui lui avait plu, il l’avait dépoussiéré de ses mains avec un chiffon de laine et monté dans la fosse d’orchestre, où ce même pupitre lui avait rendu de modestes mais loyaux services pendant toute la durée de son mandat. Lorsqu’il avait démissionné de son poste de directeur, dix ans plus tard, il avait la ferme conviction que c’était justement ce pupitre qui lui avait permis de supporter sans dommages majeurs les avanies viennoises, aussi le fit-il – en dépit de la résistance acharnée d’Alma, qui l’abhorrait pour des « raisons d’esthétique » et suggérait immanquablement chaque hiver d’en faire du petit bois – expédier à New York. Dès qu’il prenait place derrière son pupitre, il ressentait une assurance et un sentiment de sécurité qu’il n’éprouvait nulle part ailleurs. Le pupitre l’avait vu mûrir, il avait été le compagnon de son évolution de chef d’orchestre.”
― Robert Seethaler, Der letzte Satz