L'Amour après Quotes

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L'Amour après L'Amour après by Marceline Loridan-Ivens
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“l'amour est une boucle étrange, ce qui nous a fait aimer l'autre nous le fera quitter.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Architecte de la reconstruction. La fameuse reconstruction de l'après-guerre. Mais j'étais une femme, pas un immeuble, pas un pont.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“j'ai senti monter quelque chose que je n'avais encore jamais senti, des frissons, des décharges dans tout mon corps qui s'éveillait, se déverrouillait, alors la peur s'en est mêlée, peur de l'architecte autant que de moi, peur de me laisser aller, du plaisir qu'il était capable de me donner, c'était si nouveau, je venais de découvrir les mille terminaisons nerveuses de mon clitoris.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“les livres sont faits pour ça, nous empêcher d'oublier.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Je ne sais pas faire autrement, l'Histoire m'a choisie, mastiquée, déchiquetée, recrachée survivante, et plutôt que de la fuir, de me soigner aux sentiments et aux passions intimes, je ne peux vivre sans elle, je la longe comme on suit un cours d'eau par peur de me perdre. J'ai vécu, aimé et travaillé tout près d'elle.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Non, Georges, rien n'aurait donc pu être simple et banal. Je sortais d'un monde qui nous avait retiré notre nom, notre personne, alors sitôt revenue à la vie, sans que je puisse nommer et donc comprendre ce qui m'était arrivé, j'ai cherché instinctivement à retourner vers moi, ou alors aux grandes causes, aux tragédies du monde que j'assimilais à la mienne.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“J'ai envie de toi – j'ai besoin de toi. Ça ne sert peut-être à rien de le dire – je ne sais pas – je m'en fous – je t'appelle – je t'attends.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“J'étais tellement sûr que tout était possible. Il m'était si facile d'être heureux. Je croyais qu'il était si facile pour moi de te rendre heureuse–au-delà du monde – dans un quotidien banal et sans histoires – simplement parce que nous savions nous comprendre.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“De toute façon, il y avait ton sourire. Peut-être la seule chose qui avait un sens. Y puis-je quelque chose si tu semblais heureuse.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“c'est que je ne suis pas nette, pas franche, je n'ai pas grand-chose à donner et je ne sais pas le donner, je ne sais pas lâcher prise, je n'aime pas qu'on me touche, je n'aime pas me déshabiller. Sans qu'ils le sachent, et sans que je le sache non plus d'ailleurs, je déposais mon passé, mon impasse, ma dureté entre leurs mains, même brièvement.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Il m'a fallu du temps pour comprendre que le plaisir vient du fantasme, puis de l'abandon. J'avais peur de l'abandon, c'était l'une des pires choses au camp, se relâcher, abandonner la lutte de chaque jour, flirter avec volupté vers l'idée que tout vous est égal, et devenir une loque qui n'attend plus que la mise à mort.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“J'ai décliné plusieurs demandes, je vivais des histoires en sachant que je n'irais pas au bout, je faisais l'amour librement mais sans ressentir plus que la première fois, il n'y avait pas non plus de distorsion en moi, pas de peur, mon corps restait secondaire, il se conformait à ce qu'on l'attendait de lui, tandis que ma tête rêvait d'un prince charmant et se disait, en l'attendant : s'offrir c'est désobéir.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Tout le monde a quelque chose à cacher, elle, c'est une survivante qui trimbale son enfer avec elle, qui commande encore à ses nerfs, à ses muscles, et a tout asséché en elle. Elle laisse les mains de Freddie se promener sous ses vêtements, elle ne sent rien, son corps ne frémit pas, ne se réchauffe pas, ne s'excite pas sous les caresses insistantes. Elle finit par dire oui et je n'ai pas souvenir d'un sentiment de plénitude. C'était fait, voilà tout.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Quel âge as-tu, Marceline, en dehors de ces additions chronologiques qui te concernent si peu, puisque, à quatorze ans, tu as tout appris et qu'à trente-trois en toi rien n'a vielli ?”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Là-bas, il survivait au creux de certaines conversations, l'amour, comme un vieux souvenir, un écho lointain de la volupté, parmi des femmes tondues, devenues maigres et osseuses en quelques semaines, les mêmes qui se maquillaient parfois outrageusement à Drancy, plus séductrices dans ce camp de transit mixte qui autorisait nos derniers feux.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“au-delà de la crainte de la première fois, bien au-delà du risque de tomber enceinte, je fuyais mon propre corps, sa mise à nu, à jamais associée pour moi à l'ordre d'un nazi, à son regard humillant tandis qu'on nous rasait la tête et le sexe, à son verdict : la mort ou le sursis.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Alors tu vas continuer, jeune fille, te laisser porter par les courants, les combats, le désir des hommes. Et le jour où tu deviendras une vieille dame aveugle, tu seras plus forte que n'importe qui, tu trouveras un jeune homme pour te faire danser.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Non décidément je n'écrirai pas... Il ne faut pas, il faut "continuer"." C'est une lettre à moi-même. La jeune fille interrompt la survivante : "Tais-toi, tout dire, c'est mourir." Elles cohabitent dans le même corps, l'une cherche la vie, l'autre flirte encore avec la mort. Il m'a fallu du temps pour les réconcilier.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“La jeune fille était probablement plus exigeante, plus gourmande que la moyenne. Elle avait déjà deux tentatives de suicide derrière elle. Je me souviens d'elle allongée sur un lit d'hôpital, qui cherchait à fixer un point indéfini sur le mur immaculé pour ne plus entendre les gémissements des autres, pour tromper le temps, les allées et les venues des infirmières au masque dur et impassible, mais qui finissait par se retrouver face à elle-même, qu'était-elle devenue, sinon encore un numéro à qui il fallait administrer ceci et cela.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Qu'avais-je cherché à allumer dans le regard de ces inconnus, sinon la certitude d'être vivante, une image de moi qui ne serait pas celle que je portais dans ma tête, qui me rendrait plus séduisante à moi-même. Mais n'est-ce pas ce que tout le monde cherche dans les yeux de l'autre ?”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Toutes ces pages n'ont pas toujours de date, encore moins de visage, mais elles supposent qu'un homme s'est assis devant une table, un stylo à la main, qu'il a pris le temps de chercher les mots, peut-être de me répondre. Nous écrivions bien je trouve, et qu'importe finalement que l'élan ait duré une heure, une semaine, un mois ou un an, je sens nos cœurs serrés d'alors, l'ombre de la guerre derrière nous, qui nous commande de vivre. [...] Il fallait que nous fassions des phrases amicales, amoureuses, fâcheuses et menteuses. Il nous fallait nous écrire pour raisonner et nous orienter dans ce monde. Nous allions dans les graves du drame, puis dans les aigus du bonheur. Tout est là, dans une valise.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“J'ai cherché délibérément à lutter contre mon amour pour toi. Je ne peux que m'y soumettre – je voudrais pouvoir m'agripper à toutes les branches, toutes les racines qui pourraient m'aider à franchir cet âbime de ma vie. Mais je ne puis me leurrer plus longtemps. Si je dois survivre il me faut ton secours. Autrement, tôt ou tard, je tomberai.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Je crois connaître assez la souffrance physique, mais c'est le pire de tout, de sentir son âme mourir.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Je lis avec mes souvenirs, mes yeux faibles, mes colères, et je relis, je fouille chez moi, puisque dehors m'est devenu indéchiffrable.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Il n'y a que le timbre des voix familières, les visages amis que ma mémoire recompose pour préserver une continuité à ma longue vie.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Aimer quelqu'un, c'est l'aider à vivre.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Cette question était dangereuse pour moi. Est-ce que je suis heureuse ? Est-ce que je peux être heureuse un jour ?”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Qu'est-ce qu'une âme perdue ? C'en est une qui tâtonne dans la nuit, sur les routes du souvenir.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Je construisais une bibliothèque imaginaire devant moi, un peu comme on pave son chemin. En me déportant, on m'avait aussi arrachée à l'école, et je préférais me pencher sur ce que je n'avais pas appris que sur ce que j'avais vécu.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après
“Est-ce que tu sais que des enfants ou des petits-enfants de déportés se font tatouer le numéro de leurs parents ? [...] Alors ce numéro, je te le donne. Je n'ai pas d'enfant. Je vais mourir bientôt, mais je ne veux pas que cette histoire meure avec moi. Prends ce numéro et note-le sur ton bras.”
Marceline Loridan-Ivens, L'Amour après