Art of Islam Quotes

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Art of Islam: Language and Meaning (English and French Edition) Art of Islam: Language and Meaning by Titus Burckhardt
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“The explanation of this perennial quality of Arabic is to be found simply in the conserving role of nomadism. It is in towns that languages decay, by becoming worn out, the things and institutions they designate. Nomads, who live to some extent outside time, conserve their language better; it is, moreover, the only treasure they can carry around with them in their pastoral existence; the nomad is a jealous guardian of his linguistic heritage, his poetry and his rhetorical art. On the other hand, his inheritance in the way of visual art cannot be rich; architecture presupposes stability, and the same is broadly true of sculpture and painting.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Archaism, in the linguistic order, is not, in any event, synonymous with simplicity of structure, very much to the contrary. Languages generally grow poorer with the passing oftime by gradually losing the richness of their vocabulary, the ease with which they can diversify various aspects of one and the same idea, and their power of synthesis, which is the ability to express many things with few words. In order to make up for this impoverishment, modern languages have become more complicated on the rhetorical level; while perhaps gaining in surface precision, they have not done as as regards content. Language historians are astonished by the fact that Arabic was able to retain a morphology attested to as early as the Code of Hammurabi, for the nineteenth to the eighteenth century before the Christian era, and to retain a phonetic system which preserves, with the exception of a single sound, the extremly rich sound-range disclosed by the most ancient Semitic alphabets discovered, [...]”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“The Umayyad period (661-750) produced a frankly profane and worldly art, the like of which was never to be seen again on Islamic soil where there is normally no distinction between the sacred and the secular except in the use to which works of are put, and not in their forms; a house is built in a style in no way differing from a mosque. This worldly art of the Umayyads can be explained by the fact that Islamic art at this period was still in the process of formation, and by the sovereigns' need to surround themselves with a certain ostentatious display that would not fall behind that of their predecessors. But the works of art that adorn the hunting pavilions or the winter residences of the Umayyad princes are not only eclectic--paintings in the Hellenistic mode, Sasanid or Coptic sculpture and Roman mosaics--but are examples of actual paganism, even without judging them according to the standards and example of the Prophet's Companions. The sight of these scenes of hunting and bathing, those naively opulent statues of dancing-girls and acrobats and effigies of triumphant sultans, would have filled someone like the Caliph 'Umar with holy anger”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“What surprises historians of language is that Arabic has been able to preserve a morphology already exemplified by Hammurabi's code in the nineteenth or eighteenth century B.C., and a phonetic system which perpetuates, apart from one single sound, the very rich sound range borne witness to by the most ancient Semitic alphabets discovered.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Un certain groupe de métiers — se caractérisant par l’usage qu’ils font du feu pour transformer ou ennoblir des matières comme le métal ou les minéraux dont on fait du verre et des émaux — sert de base à une tradition spirituelle qui se rattache à Hermès Trismégiste dont le nom égyptien est Thot et que beaucoup de musulmans comptent au nombre des anciens prophètes. L’art hermétiste par excellence, c’est l’alchimie ; le plus souvent mal comprise, parce que la transmutation qui est son but et qu’elle traduit en termes artisanaux, se situe en réalité au niveau de l’âme. Que l’alchimie ait été pratiquée par beaucoup d’artisans du feu, ne fait aucun doute ; son emblème, le couple de dragons entrelacés — forme médiévale du caducée — orne de nombreux récipients en céramique ou en métal.
Nombre d’artisans ou d’artistes, qu’ils aient reçu ou non une initiation correspondant à leur entrée dans une corporation professionnelle, adhéraient ou adhèrent encore à un Ordre soufi (...) on peut également dire que le soufisme se situe là où l’amour et la connaissance convergent. Or, l’objet ultime et commun de l’amour comme de la connaissance n’est autre que la Beauté divine. On comprendra dès lors comment l’art, dans une civilisation théocentrique comme celle de l’Islam, se rattache à l’ésotérisme, dimension la plus intérieure de la tradition.
Art et contemplation : l’art a pour objet la beauté formelle, alors que l’objet de la contemplation est la beauté au-delà de la forme qui révèle qualitativement l’ordre formel, tout en le dépassant infiniment. Dans la mesure où l’art s’apparente à la contemplation, il est connaissance, la beauté étant un aspect de la Réalité, au sens absolu du terme.
Cela nous ramène au phénomène de scission entre art et artisanat, d’une part, et art et science, d’autre part, phénomène qui a profondément marqué la civilisation européenne moderne : si l’art n’est plus considéré comme une science, c’est-à-dire comme une connaissance, c’est que la beauté, objet de contemplation à divers degrés, n’est plus reconnue comme un aspect du réel. En fait, l’ordre normal des choses a été renversé à un point tel qu’on identifie volontiers la laideur à la réalité, la beauté n’étant plus que l'objet d’un esthétisme aux contours parfaitement subjectifs et changeants.
Les conséquences de cette dichotomie de l’expérience du réel sont des plus graves : car c’est finalement la beauté — subtilement rattachée à l’origine même des choses — qui jugera de la valeur ou de la futilité d’un monde.
Ainsi que le Prophète l’a dit :
« Dieu est beau et II aime la beauté. » p. 296-298”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“[...] si la Kaaba est le cœur de l’homme, les idoles qui la peuplaient représentent les passions qui obsèdent le cœur et l’empêchent de se souvenir de Dieu. Dès lors, la destruction des idoles [par le prophète] – et par extension le rejet de toute image susceptible de devenir une idole – est pour l’Islam la parabole la plus évidente de la « seule chose nécessaire », à savoir la purification du cœur en vue du tawhîd, du témoignage ou de la conscience qu’« il n’y a pas de divinité hormis Dieu »”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“...[en terre d’Islam,] la distinction entre le sacré et le profane n’existe normalement que dans l’usage que l’on fait des œuvres d’art et non dans leurs formes : une maison n’est pas bâtie dans un style différent de celui d’une mosquée.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Le véritable objet de l’architecture islamique, c’est l’espace comme tel, dans sa plénitude indifférenciée. Les arcades et leur majestueuse ampleur – elles dépassent le plein cintre et se dilatent légèrement en fer à cheval – suffisent pour rendre cette qualité manifeste. Ce n’est pas pour rien qu’en arabe le nom de l’arcade, rawq (au pluriel riwaq) est devenu le synonyme de beau, gracieux et pur. Une simple arcade bâtie selon de justes proportions possède la vertu de transformer l’espace d’une réalité purement quantitative en une réalité qualitative. Et l’on sait que l’art islamique a développé une grande variété de formes d’arc, qui s’annoncent déjà dans l’architecture omeyyade et dont deux sont les plus typiques : l’arc en fer à cheval, qui trouve son expression la plus parfaite dans l’art maghrébin, et l’arc « en carène », qui caractérise l’art persan. L’une et l’autre de ces formes combinent les deux qualités de calme statique et de légèreté ascendante. L’arc persan est à la fois généreux et gracieux ; il s’élève sans aucun effort, comme la flamme calme d’une lampe à l’huile protégée du vent. Quant à l’arc maghrébin, il se caractérise par son expansion extrême, souvent contenue par un cadre rectangulaire, d’où une synthèse de stabilité et d’ampleur.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“[...] un art sacré n’est pas nécessairement fait d’images, même pas au sens le plus large du terme. Il peut n’être que l’extériorisation pour ainsi dire muette d’un état contemplatif et, dans ce cas ou sous ce rapport, il ne reflétera pas des idées mais il transformera l’environnement qualitativement, en le faisant participer à un équilibre dont le centre de gravité est l’invisible. Il est facile de constater que telle est la nature de l’art islamique : son objet est avant tout l’environnement de l’homme – d’où le rôle dominant de l’architecture – et sa qualité est essentiellement contemplative. L’aniconisme n’amoindrit pas cette qualité, bien au contraire, car en excluant toute image qui invite l’homme à fixer son esprit sur quelque chose en dehors de lui-même, à projeter son âme en une forme « individualisante », il crée un vide. A cet égard, la fonction de l’art islamique est analogue à celle de la nature vierge – notamment du désert – qui favorise aussi la contemplation bien que, sous un autre angle, l’ordre créé par l’art s’oppose au chaos du paysage désertique.
La prolifération de l’ornement dans l’art musulman ne contredit pas cette qualité de vide contemplatif. Au contraire, l’ornement à formes abstraites la corrobore par son rythme continu ou son caractère de tissage sans fin : au lieu de capter l’esprit et de l’entraîner dans quelque monde imaginaire, il dissout les « fixations » mentales, de même que la contemplation d’un cours d’eau, d’une flamme ou d’un feuillage frémissant dans le vent peut détacher la conscience de ses « idoles » intérieures.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“L’Islam rejette l’image pour les raisons théologiques que nous avons exposées. Or c’est un fait que les nomades sémites ne possédaient pas de tradition figurative – les arabes préislamiques importaient la plupart de leurs idoles –, et que l’image n’est jamais devenue, pour l’Arabe, un moyen d’expression naturel et transparent. La réalité du verbe a éclipsé celle de la vision statique : comparé à la parole toujours « en acte », et dont la racine plonge dans la primordialité du son, une image peinte ou sculptée apparaît comme une inquiétante congélation de l’esprit. Pour les Arabes païens, elle relevait de la magie.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Les caractères chinois s’étalent verticalement, de haut en bas ; ils imitent le mouvement d’une théogonie descendant du ciel sur terre. L’écriture arabe, elle progresse horizontalement, sur le plan du devenir, mais elle va de la droite, champ de l’action, vers la gauche, région du cœur. Elle décrit donc un mouvement allant de l’extérieur vers l’intérieur.
Les lignes successives d’un texte sont comparables à la trame d’un tissu. En fait, le symbolisme de l’écriture s’apparente à celui du tissage et se réfère comme lui à la croix des axes cosmiques. Pour comprendre ce à quoi nous faisons allusion, il faut se représenter le métier à tisser primitif : les fils de la chaîne sont tendus verticalement et la trame les unit horizontalement par le va-et-vient de la navette, mouvement qui rappelle l’écoulement des cycles tels que jours, mois ou années, tandis que l’immobilité de la chaîne correspond à celle de l’axe polaire. Cet axe est en réalité unique mais son image de répète dans tous les fils de la chaîne, de même que l’instant présent, qui reste toujours un, semble se répéter à travers le temps.
Comme dans le tissage, le mouvement horizontal de l’écriture, mouvement qui est en fait ondulé, correspond à la dimension du devenir et du changement, tandis que le vertical représente la dimension de l’Essence ou des essences immuables.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Dans le décor architectural et même dans l’art du livre, la calligraphie se marie souvent à l’arabesque. Une des combinaisons les plus heureuses, à cet égard, est celle d’un kûfi aux hampes verticales avec des rinceaux de vigne se déroulant en vague continue. Parfois, les rinceaux se greffent directement sur les lettres et c’est là, sans doute, l’origine du kûfi fleuri.
L’union de l’écriture et de la plante stylisée évoque l’analogie qui existe entre le « livre du monde » et « l’arbre du monde », deux symboles bien connus dans l’ésotérisme musulman et ayant leur fondement dans le Coran.
L’univers est à la fois un livre révélé et un arbre dont les branches et les feuilles se déploient à partir d’un seul tronc. Les lettres du livre révélé sont comme les feuilles de l’arabe et, de même que celles-ci se rattachent aux branches et finalement au tronc, les lettres se rattachent aux paroles, aux phrases et finalement à la vérité totale et une du livre.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Dans ses versions les plus stylisées, l’arabesque à forme végétale n’a plus qu’une lointaine ressemblance avec une plante. En revanche, elle transcrit parfaitement, en termes visuels, les lois du rythme : son déroulement est continu comme celui d’une vague, avec des phases contrastantes aux multiples résonances. Le dessin n’est pas nécessairement symétrique mais, pour compenser, il comporte toujours des alternances dont le caractère rythmique est accentué par le fait que les pleins et les vides sont esthétiquement équivalents.
A proprement parler, le rythme n’appartient pas à l’espace mais au temps dont il est la mesure non pas quantitative mais qualitative. C’est par l’intermédiaire du mouvement que le rythme est rétabli dans la dimension de l’espace.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Les muqarnas ont un caractère à la fois statique et rythmique, ce qui apparaît plus clairement si l’on compare le rapport dôme/soubassement ou sphère/cube avec son modèle cosmique qui n’est autre que le rapport ciel/terre, le ciel étant caractérisé par son mouvement circulaire indéfini et la terre par son immobilité et par sa polarisation en contrastes tels le chaud et le froid, l’humidité et le sec. L’alvéole des muqarnas reliant la coupole à son soubassement quadrangulaire est alors comme une résonance du mouvement céleste dans l’ordre terrestre. Mais l’immobilité de l’élément cube peut également avoir le sens de l’achèvement, de l’état définitif et intemporel du monde, et ce sens convient mieux à l’architecture d’un sanctuaire. Dans ce cas, l’alvéole des muqarnas exprime une coagulation du mouvement cosmique, sa cristallisation dans le pur.”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning
“Ce n’est pas à cause de son caractère sexuel purement physique que la femme musulmane se voile, même si cela correspond à une certaine nécessité sociale ; c’est parce que son apparence physique livre en quelque sorte son âme. L’épouse qui dévoile sa beauté à l’époux est, pour la sensibilité du musulman, une image évoquant non seulement l’ivresse sensuelle mais toute ivresse dont la vague quitte les rivages pétrifiés du monde extérieur pour s’épancher vers l’illimitation intérieure. Pour le « serviteur aspirant à la spiritualité », c’est l’image par excellence de la contemplation de Dieu… », que le Prophète Muhammad (‘alayhî salât wa salâm) a exprimé par «la fraîcheur de ses yeux»”
Titus Burckhardt, Art of Islam: Language and Meaning