Privelisti -si inedite- Quotes
Privelisti -si inedite-
by
Benjamin Fondane11 ratings, 4.18 average rating, 2 reviews
Privelisti -si inedite- Quotes
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“L'HEURE DE VISITE
à Gala Galaction
Ce soir, ma tête comme une lampe
brûle les vestiges fumants de l'huile –
et quelqu'un a posé la main sur la poignée,
et quelqu'un m'effleure la joue.
En ce soir sans fin, quelqu'un
tousse en moi, crache et rend l'âme,
mais pour rien au monde je ne voudrais fuir – ni
toucher de nouveau le ciel de mes mains !
Je suis dans la chambre comme dans un train
attendant qu'un paysage brise le carreau,
et je tiens à la main mon âme solaire –
mon malheureux passeport de voyage.
Le silence qui s'est levé en moi me fait mal –
l'obscurité qui s'est levée me fait mal,
comme un sol boueux où dorment, recroquevillés,
les buffles noirs de l'inconnu.
On dirait qu'une ombre en moi a pris la fuite,
et ce soir je me sens si bien,
que j'ai presque envie d'arracher de mes mains
les orties qui ont assailli mon corps.”
― Privelisti -si inedite-
à Gala Galaction
Ce soir, ma tête comme une lampe
brûle les vestiges fumants de l'huile –
et quelqu'un a posé la main sur la poignée,
et quelqu'un m'effleure la joue.
En ce soir sans fin, quelqu'un
tousse en moi, crache et rend l'âme,
mais pour rien au monde je ne voudrais fuir – ni
toucher de nouveau le ciel de mes mains !
Je suis dans la chambre comme dans un train
attendant qu'un paysage brise le carreau,
et je tiens à la main mon âme solaire –
mon malheureux passeport de voyage.
Le silence qui s'est levé en moi me fait mal –
l'obscurité qui s'est levée me fait mal,
comme un sol boueux où dorment, recroquevillés,
les buffles noirs de l'inconnu.
On dirait qu'une ombre en moi a pris la fuite,
et ce soir je me sens si bien,
que j'ai presque envie d'arracher de mes mains
les orties qui ont assailli mon corps.”
― Privelisti -si inedite-
“Sinaia
(II)
Les montagnes font un tourbillon d'eau contre ta joue ;
tu en détaches le bouquet mouillé sur les sapins
aux genoux ployés, à la crinière de nuit,
chevaux rétifs, hennissants et captifs.
Sur les bords de l'étang aux longs cils,
je sais des rires de femmes engloutis
et des regards limpides verdis comme la terrine.
Une flamme annonce l'imminence du vide,
et le chemin cerne l'étang, comme un couteau.
Que de sang ! Le temps, le temps éclate sur le couchant ;
la forêt a ce soir la folle effervescence de la bonde.
Les cerfs ne savent rien de l'automne roux,
et dans leur sommeil, âmes de feuille aux pieds nus,
ils rêvent limiers, cors et chasseurs redoutés,
venus s'emparaient du bocage, de ses bois, de ses sabots –
et la forêt, abattue, pleure, les narines palpitantes.”
― Privelisti -si inedite-
(II)
Les montagnes font un tourbillon d'eau contre ta joue ;
tu en détaches le bouquet mouillé sur les sapins
aux genoux ployés, à la crinière de nuit,
chevaux rétifs, hennissants et captifs.
Sur les bords de l'étang aux longs cils,
je sais des rires de femmes engloutis
et des regards limpides verdis comme la terrine.
Une flamme annonce l'imminence du vide,
et le chemin cerne l'étang, comme un couteau.
Que de sang ! Le temps, le temps éclate sur le couchant ;
la forêt a ce soir la folle effervescence de la bonde.
Les cerfs ne savent rien de l'automne roux,
et dans leur sommeil, âmes de feuille aux pieds nus,
ils rêvent limiers, cors et chasseurs redoutés,
venus s'emparaient du bocage, de ses bois, de ses sabots –
et la forêt, abattue, pleure, les narines palpitantes.”
― Privelisti -si inedite-
