Claire d'Albe Quotes

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Claire d'Albe Claire d'Albe by Sophie Cottin
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“La femme est romanesque, rêveuse et sentimentale ; la plus chaste a eu au moins imaginairement son petit roman d’amour, et elle veut retrouver dans ses lectures sa propre vie, non pas celle que le prosaïsme révoltant des circonstances lui a faite, mais celle qu’elle s’était plue à rêver et qu’elle aurait eue infailliblement, s’il y avait encore un peu de poésie en ce bas monde. Les aventures multipliées de certains romans peuvent l’amuser et la distraire, mais cela ne lui va pas au cœur ; les analyses subtiles, les combinaisons compliquées, les descriptions prolixes de certains autres la fatiguent ; le langage coloré des stylistes la gêne et l’empêche de comprendre. Le roman physiologique et pathologique de notre nouvelle école éveille ou satisfait chez elle une curiosité mauvaise, comme le feraient les figures d’un musée secret où elle pénétrerait à la dérobée ; mais ces sortes d’études n’auraient causé que de la répulsion aux contemporaines de Mme Cottin, qui généralement jouaient de la harpe, les yeux levés au ciel d’un air inspiré, dans la pose de Corinne sur les frontispices du livre de Mme de Staël. Les femmes de ce temps-là voulaient du simple, du tendre, du pathétique, mêlé à beaucoup d’idéal ; des amoureux parfaitement beaux, doués de ces figures « qu’il ne faut pas qu’une femme regarde deux fois, si elle veut conserver sa tranquillité », braves avec cela, chevaleresques, d’une constance à toute épreuve, et toujours prêts à s’envoyer dans la tête la balle de pistolet de Werther ; des héroïnes gracieuses, douces et faibles, telles que l’aimable lectrice s’imaginerait être elle-même, tourmentées de vagues inquiétudes auxquelles l’arrivée du bel inconnu va donner une forme précise ; à la fois vertueuses et passionnées, ce qui est le suprême du genre, et ne succombant qu’après une résistance désespérée, si toutefois elles ne vont pas s’ensevelir dans un cloître plutôt que de faillir. La lutte de l’amour et de la vertu, ses péripéties habilement amenées, triomphe, défaite, remords, châtiment, voilà ce qui lui remuait le plus puissamment la fibre intime.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Il n’y a de nouveau que ce qui est oublié.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Peu à peu je découvris en vous, non pas plus de bonté que dans M. d’Albe, nul être ne peut aller plus loin que lui sur ce point, mais une âme plus élevée, plus tendre et plus délicate : je vous vis alternativement douce, sublime, touchante, irrésistible ; tout ce qu’il y a de beau et de grand vous est si naturel, qu’il faut vous voir de près pour vous apprécier ; et la simplicité avec laquelle vous exercez les vertus les plus difficiles, les ferait paraître des qualités ordinaires aux yeux d’un observateur peu attentif.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Et je vois trop que la première peine du méchant est de croire que les autres lui ressemblent.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Non, on n’est pas maître de sa vie quand celle d’un autre y est attachée. Malheureux ! frémis du coup que tu veux porter, il ne t’atteindrait pas seul.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“« Non, on n’est pas maître de sa vie quand celle d’un autre y est attachée. Malheureux ! frémis du coup que tu veux porter, il ne t’atteindrait pas seul. »”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Depuis un an que je n’avais vu Adèle, elle est singulièrement embellie ; ses yeux sont noirs, vifs et brillants ; sa brune chevelure tombe en anneaux sur un cou éblouissant ; je n’ai point vu de plus belles dents ni des lèvres si vermeilles ; et sans être amant ni poète, je dirai que la rose humide des larmes de l’aurore n’a ni la fraîcheur ni l’éclat de ses joues ; son teint est une fleur, son ensemble est une Grâce. Il est impossible, en la voyant, de ne pas être frappé d’admiration.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Vous êtes belle et aimable ; je vous ai vue dans le tourbillon du monde et des plaisirs, recherchée, adulée ; trop sage pour qu’on osât vous adresser des vœux, trop simple pour être flattée des hommages ; votre esprit n’a point été éveillé à la coquetterie, ni votre cœur à l’intérêt ; et dans tous les moments, j’ai reconnu en vous le désir sincère de glisser dans le monde sans y être aperçue.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Comment me croire seule, quand je vois la terre s’embellir chaque jour d’un nouveau charme ? Déjà le premier-né de la nature s’avance, déjà j’éprouve ses douces influences, tout mon sang se porte vers mon cœur qui bat plus violemment à l’approche du printemps ; à cette sorte de création nouvelle, tout s’éveille et s’anime ; le désir naît, parcourt l’univers, et effleure tous les êtres de son aile légère, tous sont atteints et le suivent ; il leur ouvre la route du plaisir, tous enchantés s’y précipitent ; l’homme seul attend encore, et différent sur ce point des êtres vivants, il ne sait marcher dans cette route que guidé par l’amour. Dans ce temple de l’union des êtres, où les nombreux enfants de la nature se réunissent, désirer et jouir étant tout ce qu’ils veulent, ils s’arrêtent et sacrifient sans choix sur l’autel du plaisir ; mais l’homme dédaigne ces biens faciles : entre le désir qui l’appelle, et la jouissance qui l’excite, il languit fièrement s’il ne pénètre au sanctuaire ; c’est là seulement qu’est le bonheur, et l’amour seul peut y conduire....”
Sophie Cottin, Claire d'Albe
“Une femme qui aime son mari compte les jours où elle a du plaisir, comme des jours ordinaires, et ceux où elle lui en fait, comme des jours de fête.”
Sophie Cottin, Claire d'Albe