Ernest et Célestine

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J’ai vu, dimanche dernier, un film en tous points somptueux. Ernest et Célestine. Bien sûr le scénario de Pennac est parfait, tendre sans être mièvre. C’est juste une jolie histoire, dans le sens noble du terme. Mais l’écrin graphique qui lui est réservée est tout bonnement magnifique. Aussi fort que « mes voisins les Yamada ». Des teintes, des ambiances, des trouvailles colorées, graphiques, des scènes où l’on voit des dessins se faire, des couleurs fouillées, somptueuses, un trait flottant, aérien, entrecoupé, tremblant, parfois… Bref, en famille ou pas, c’est une plongée dans les mystères du dessin, de la couleur, de la lumière.

Il y a quelques temps, lors de mes premières et dernières incursions dans le monde du cinéma, j’ai rêvé de faire quelque chose comme Ernest et Célestine.

J’ai tenté d’expliquer ça aux gens du milieu, sans succès. Les teintes, les ambiances, les silences, le vent, la pluie, la nuit, tout ce qui me semblait pouvoir être traduit poétiquement en dessin animé, comme en bandes dessinées. Sans succès. Je parlais dans le vide, tant la préoccupation poétique ne semblait pas intéresser mes interlocuteurs, à ce stade des projets. J’en conçus une grande tristesse. Sans rire! Alors, quand j’ai vu Ernest et Célestine, je dois avouer le front bas, que ma toute première sensation fut une jalousie sourde et profonde. ils avaient fait ce que je voulais faire. Ils avaient dû mieux s’expliquer, être plus patients, plus convaincants, tout ça… Mais ils avaient réussi à faire ce que j’aurais tant voulu faire.

Puis j’ai oublié mes aigreurs personnelles et j’ai alors pu voir  une oeuvre d’animation intelligente, sensible et poétique.

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