Web Roman - L'Apocalypse précipitée - Partie 1
Bienvenu dans mon univers. Voici la première partie d'un Web Roman sur lequel je vais travailler dans les mois à venir.
Je vais poster chaque nouvelle partie ici même et vous pourrez en faire la lecture gratuitement.
J'espère que mon texte vous plairas, quant à moi, je vais m'amuser...
Que l'aventure commence....
L’apocalypse précipitée
1
Texte message définitif
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Cela faisait dix minutes que Dany se trouvait dans la salle d’attente du centre de service automobile, tout près de chez lui. Sa voiture, une Honda Civic 2002, avait refusé de démarrer le matin même, le forçant à prendre une journée de congé. Bien entendu, il aurait tout simplement pu se rendre à la station de métro la plus proche et se laisser transporter jusqu’au centre-ville par l’efficace transport en commun. Mais toute excuse afin de ne pas se rendre au travail était valable. En particulier ces temps-ci. La tension entre lui et sa compagne de travail était sur le point de les conduire à un affrontement violent. Un affrontement qu’il ne pouvait pas gagner et qui finirait par lui couter son emploi. Puisque Amanda, l’autre employée de la salle de courrier avec qui il devait passer la plupart de ses journées, couchait avec le patron. Ou du moins s’agenouillait devant lui afin de lui rendre des faveurs on ne peut plus personnelles. Dany avait eu la malchance d’ouvrir la mauvaise porte au mauvais moment et d’assister à ce spectacle dégradant. Il avait tenté de s’éclipser, mais elle l’avait rattrapé, lui avait agrippé le bras et l’avait menacé.
- Un mot et tu vas perdre ta job!! T’as compris?
La jeune femme avait un petit ami et son patron était marié depuis vingt ans. Dany se foutait de ce qu’ils faisaient, n’avait aucune envie de s’en mêler et il avait promis de garder le silence. C’était une semaine plus tôt et depuis, ils lui rendaient la vie difficile, cherchaient à le pousser à commettre une erreur. À donner sa démission.
La seule chose qui le retenait de quitter son emploi, outre le salaire raisonnable, était qu’il aimait ce qu’il faisait. Aimait se promener dans les couloirs, distribuer le courrier en discutant avec les employés bienveillants et affairés. C’était son monde, sa vie.
Ses jours étaient comptés et la panne de sa voiture, ce matin, lui avait offert l’excuse qu’il recherchait pour ne pas se rendre dans l’immense édifice du centre-ville. Qu’il pouvait d’ailleurs voir de la rue qu’il habitait, entre les immeubles du quartier Verdun.
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Dany était donc assis dans la petite salle d’attente chez « Le colonel du tuyau d’échappement », feuilletant un magazine usé qui datait de plusieurs mois auparavant. Les minutes passaient à un rythme lent, il s’ennuyait et faisait son deuil des cent dollars que lui couterait l’opération en cours. Il n’y pouvait rien.
Levant les yeux, il détailla la petite salle rectangulaire, dotée de chaises en plastiques et d’un divan brun, d’une table basse couverte de magazines. Une petite machine à café, si on pouvait donner ce nom au liquide tiède et gluant qui en sortait, reposait sur une base boisée, contenant les articles nécessaires à la confection du breuvage. Dans la pièce vitrée, qui donnait sur la rue Wellington, se trouvait aussi la porte des toilettes, une machine distributrice de boissons gazeuse et une autre de friandises. Sans compter une télévision ancrée dans le mur, très haut sur la droite. Au-dessus du comptoir de service. Là où une employée s’activait à pianoter sur un ordinateur, vêtue de l’uniforme de la compagnie.
Sur l’écran de télévision, un lecteur de nouvelle s’amusait à décrire à quel point le monde se détériorait, à quel point les gens étaient fous, notre société narcissique et destructrice. Un autre bulletin tout à fait normal dans notre siècle de décadence. D’une guerre territoriale injuste, il passait à un accident écologique catastrophique. De la chute précipitée d’un régime dictatorial à la disparition d’une jeune Québécoise sur une île exotique. Des noyades en piscines et le taux d’inflation qui jouait les yoyos. C’était à vous donner le mal de tête.
Dany n’était pas le seul client sur place, dans l’établissement qui servait ses clients selon la loi du premier arrivé, premier servi. C’est ainsi que cinq autres personnes patientaient, quatre en s’activant sur leurs téléphones cellulaires, un sur un ordinateur portatif.
Il les observa à tour de rôle. Tout d’abord une jeune femme très jolie, vêtue d’un veston noir et d’une jupe courte qui dévoilait ses longues jambes agréables. Elle était sans contredit une professionnelle quelconque, discutant dans son téléphone tout en prenant des notes sur un calepin. Elle devait avoir dans le milieu de la vingtaine, son ton autoritaire laissait présager qu’elle occupait un poste de cadre. Vers la droite, un homme dans la cinquantaine, aux cheveux blancs et le visage ratatiné par une trop grande exposition au soleil, prétendait être intéressé par son ordinateur portatif. Mais en fait, il était incapable de rester plus de dix secondes sans lancer des regards avides vers la jeune femme et ses jambes attirantes. Elle l’ignorait complètement.
Du même côté, un jeune homme qui avait probablement tout juste hérité d’un permit de conduire, des écouteurs reliés à son téléphone, bougeait légèrement au rythme de la musique qu’il écoutait. Un étudiant, des livres scolaires sur le siège à côté de lui le confirmèrent.
Pivotant légèrement la tête, Dany observa le couple qui se tenait sur la gauche. Dans la trentaine avancée, ils chuchotaient, riaient tout bas en s’échangeant à tour de rôle un téléphone noir. Ils passaient le temps en jouant avec une application quelconque. Le seul terme qu’il put leur accoler était celui d’intellectuels.
Dany soupira, levant de nouveau le regard vers le téléviseur. Une large bande rouge défilait sous l’écran, des lettres blanches indiquant qu’il s’agissait d’une nouvelle de dernière minute. Le son était trop faible pour qu’on capte ce que le lecteur de nouvelle disait. Il se tenait l’oreille droite, relayant probablement ce qu’il entendait dans un écouteur miniature, venant de ceux derrière les coulisses. Son air troublé et sincère capta l’attention de Dany. Il flairait une mauvaise nouvelle.
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Au même moment, le téléphone cellulaire dans sa poche droite se mit à vibrer. Sans quitter le téléviseur du regard, il extirpa l’appareil et l’approcha devant lui. Il avait reçu un message texte d’un envoyeur anonyme. Curieux, il l’ouvrit. Une courte phrase composait la missive électronique.
« Si vous restez à l’intérieur, vous allez mourir. »
Il resta ainsi durant quelques secondes à fixer l’écran. Qu’est-ce que cela signifiait? Qui lui avait envoyé cela? Quelqu’un voulait lui jouer un tour. Il souriait, prêt à se livrer à l’exercice et était sur le point de répondre, croyant que ce serait un bon moyen de passer le temps. Mais ses doigts restèrent immobiles sur les touches délicates et minuscules, car il entendit deux sonneries distinctes à proximité et le son d’un autre appareil qui vibrait. Levant les yeux, il découvrit que tous les gens présents dans la pièce s’activaient à lire quelque chose sur l’écran de leurs téléphones. Même la femme d’affaires avait mis fin à la discussion en cours et jetait un regard froid vers son appareil.
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L’employée fut la première à briser le silence.
- Voyons donc, c’est quoi la joke ?
Elle fixait l’objet dans la paume de sa main. Le couple ne riait plus. La femme d’affaires se leva et croisa le regard de Dany. Il était facile de deviner qu’ils avaient tous reçu le même message. La femme s’approcha de lui.
- Est-ce que vous avez reçu un drôle de message?
Intimidé par la jolie femme dont le parfum subtil l’atteignait, il se leva à son tour.
- Oui. De sortir si on ne veut pas mourir.
- Moi aussi!
C’était l’homme aux cheveux blancs qui avait parlé, les observant. Le couple se joignit à la discussion.
- Même chose ici.
À preuve, les deux amoureux tenaient leur téléphone pointé dans leur direction, dévoilant l’écran de messagerie et le texte énigmatique.
Une autre voix s’éleva, cette fois celle de l’étudiant aux écouteurs.
- Avez-vous vu ça?
Dany et les autres se tournèrent vers le jeune homme et suivirent son regard, dirigé vers le téléviseur. Sur ce dernier, on pouvait voir le lecteur de nouvelle qui s’était levé, toujours avec une main sur son oreille. La caméra bougeait, comme si un tremblement de terre faisait tanguer le studio. Le journaliste s’agrippa au bureau devant lui, la panique déformant son visage.
- Qu’est-ce qu’y se passe?
L’employée faisait le tour du comptoir afin d’être en mesure de voir ce qui se passait sur l’écran. Au même moment, une sorte de puissant flash blanc parut engloutir le studio et l’homme au complet bien repassé, pour ne laisser qu’un écran lumineux. Puis, plus rien. Sinon un écran noir.
Un lourd silence s’installa, personne ne bougea, le cou toujours tordu afin d’observer l’écran noir. Lorsqu’il fut évident que rien n’était sur le point de se passer, l’employée s’empara de la télécommande sur le comptoir et fit le tour des chaînes de télévision disponibles, l’une après l’autre. Rien, sinon une suite incongrue d’écrans vides.
- On a perdu le signal? C’est peut-être un tremblement de terre?
La remarque venait de la jeune intellectuelle et aurait pu expliquer bien des choses. Mais Dany avait reconnu la station de télévision qui diffusait les nouvelles, par son logo au bas de l’écran. Il s’adressa au groupe, maintenant tous debout.
- C’était Radio-Canada. Si c’est un tremblement de terre, on devrait le sentir, non?
Les immeubles du centre-ville les empêchaient de voir la tour de Radio-Canada, mais la distance qui les en séparait n’était pas si grande. Un choc sismique aurait franchi l’intervalle en moins de quelques secondes et il était évident pour tous que le sol ne tremblait pas.
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La jeune femme d’affaires s’approcha de la fenêtre formant la façade du commerce, cherchant à voir le centre-ville et ses immeubles. Sa voix démontrait une légère inquiétude.
- Des terroristes, peut-être?
Elle se tordit le cou, ne vit que les immeubles lointains baignant dans le smog urbain.
Les lumières cessèrent soudainement de diffuser leur clarté, tous les appareils électriques plongeant dans un silence et une obscurité complète. Une panne de courant. Les individus se regardèrent tous en silence. Dany observa l’écran de son téléphone. Ce dernier indiquait qu’il n’avait plus de signal cellulaire.
- J’ai pu de signal!!
- Mon non plus.
- Même chose.
Comme pour se rassurer, ils s’approchèrent les uns des autres, inconsciemment, dans le centre de la pièce. Seule la femme d’affaires resta à la fenêtre, scrutant le dehors.
Ils reçurent tous un nouveau texte message, les vibrations et sonneries les faisant sursauter. Sans l’air conditionné, la pièce se réchauffait déjà. Dany et les autres ouvrirent le message qui venait d’un expéditeur anonyme.
« Si vous ne sortez pas maintenant, vous allez tous mourir. »
Le message était clair. Dany s’approcha de la femme à la fenêtre, ayant remarqué quelque chose qu’elle n’avait pas vu. Son attention avait été dirigée vers les immeubles dans le lointain.
- Regardez!!
Dans la rue, des gens quittaient leur demeure, les commerces dans lesquels ils travaillaient. Des voitures se garaient ou s’arrêtaient à l’improviste, sur place. La réalité de ce que cela impliquait les frappa tous. Ils n’étaient pas les seuls à avoir reçu de message texte. Tous ceux dans la pièce s’avancèrent devant la vitrine, épiant les curieux qui s’entassaient dans la rue.
L’étudiant parla.
- On ne devrait pas faire pareil?
Personne ne lui répondit tout de suite. Le spectacle était trop inquiétant, rappelait vaguement la folie qui avait suivi les attentats terroristes sur le centre financier des États-Unis, en 2001.
L’employé qui s’était trouvé derrière le comptoir s’approcha de la porte, se retournant vers les autres.
- En tout cas, moi je ne reste pas en dedans. Si quelqu’un est capable de tous nous avertir en même temps, c’est qu’ils savent quoi faire.
Sans hésitation, elle ouvrit la porte, laissant entrer la chaleur du jour d’été ensoleillé. Elle se rendit dans la rue, entre les voitures et se retourna vers le centre-ville. Elle leva son bras, pointant quelque chose dans le distant et hurlant dans leur direction. Elle voulait qu’ils regardent la même chose qu’elle. La vitre empêcha ses paroles de les atteindre. Tous ceux qui se trouvaient sur le trottoir ou dans la rue regardaient dans la même direction.
L’étudiant s’avança en direction de la porte d’entrée. Il voulut parler, remua les lèvres, mais rien n’en sortit. Il se contenta ensuite de quitter la pièce en laissant la porte se refermer derrière lui. Il avait rejoint l’employée dans la rue. Elle lui prit le bras. Ils souriaient tout deux. L’étudiant détacha péniblement son regard du point devant eux, gesticulant aux autres qui avaient occupé la salle d’attente de le rejoindre.
Dany était partagé entre la curiosité et la crainte. Il voulait savoir ce qui se passait, mais était suffisamment indépendant pour refuser de faire partie d’un troupeau aveugle. En particulier parce qu’ils ignoraient ce qui se passait vraiment. L’expression des gens dans la rue, toutefois, en était une de surprise, de joie. Dany ne put s’empêcher de faire le lien entre leurs expressions et celle d’un croyant qui aurait finalement reçu la visite d’un ange, d’un envoyé divin. La force de ce qui s’imprégnait dans leurs traits était similaire à de l’adoration.
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Le couple d’intellectuels s’approcha de la porte.
- On… on va aller voir…
Ils paraissaient timides et s’excusant du geste qu’ils allaient poser. La porte n’était pas encore refermée que l’homme aux cheveux gris leur emboitait le pas.
- Je ne veux rien manquer.
Tous les trois se rendirent dans la rue, où les curieux s’étaient rassemblés, leur nombre croissant à chaque seconde qui passait. Plusieurs avaient leurs téléphones cellulaires à la main. Les nouveaux venus adoptaient aussitôt le même air contemplatif et adorateur. Peu importe ce qu’ils voyaient, c’était majestueux.
Dany était maintenant seul avec la femme d’affaires. Près de la large vitrine. La femme avait déboutonné le haut de son veston en dévoilant sa chemise blanche. Il faisait très chaud. Ils échangèrent un regard. Elle parla.
- Qu’en penses-tu?
Dany observa la foule. Il n’aimait pas l’attitude de ces gens. N’avait pas un bon pressentiment au sujet de ce qui se passait. Il savait que ce ne pouvait pas être un tremblement de terre. Ni des terroristes, parce qu’ils n’auraient pas eu ces sourires en contemplant des actes de mort perpétrés par des fanatiques. Mais quoi alors?
- Je ne crois pas qu’il faut sortir…
Son appareil dans sa main vibra de nouveau et le soulevant, vit qu’il venait de s’éteindre. Sans qu’il ait enclenché une telle fonction. La batterie toujours à moitié pleine.
La femme soupira, son regard passant du jeune homme à l’extérieur bondé. Elle réfléchissait, son front plissé et fit finalement un pas en direction de la porte. Elle lui jeta un dernier coup d’œil.
- Tu es sûr?
Il acquiesça d’un geste de la tête. Il était tenté de tendre la main, de la toucher, la retenir. Mais il n’en fit rien. Sinon lui poser une question, à son tour.
- Et toi?
Elle eut un petit sourire franc, baissant la tête. Elle paraissait plus vulnérable que jamais. Toute autorité dans son ton s’était estompée.
- Je n’ai jamais été certaine de rien. Jusqu’à aujourd’hui.
Elle se pencha et déposa un baiser humide sur sa joue, son parfum était enivrant, sa peau si douce. Dans son imagination, il la prenait dans ses bras et la gardait auprès de lui. La protégeant. Dans la réalité, il la regarda s’éloigner, s’avancer sur le trottoir et atteindre la rue. La porte claqua en se refermant. Elle se tourna ensuite vers ce qu’ils contemplaient tous. Son visage s’illumina, un sourire merveilleux se dessina sur ses lèvres luisantes. Elle pivota la tête afin de le regarder et murmura. Il put lire sur ses lèvres. « Rejoins-moi ».
Il y eut une ou deux secondes de silence, d’immobilité et le flash arriva. Puissant, lumineux, comme une vague de clarté céleste balayant la rue et tout ce qui s’y trouvait. Cela fut rapide et d’une puissance remarquable.
La force du flot lumineux le frappa, l’aveuglant, le faisant reculer. Il pouvait sentir une chaleur sèche qui se répandait, un silence complet qui l’entourait.
Et il ne sentit bientôt plus rien.
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À suivre ...........
Published on July 18, 2012 15:58
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