J’ai fini.

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J’ai fini.

J’ai fini et j’ai peur. Que faire, maintenant? Dans quel sens prendre tout ce qu’il me reste à faire sans devenir fou? Toutes ces choses que j’ai accepté pour » tenter l’expérience »… Parce qu’aujourd’hui, on me propose 1001 choses intéressantes en même temps… 30 ans à s’emmerder comme un rat mort et 10 à être noyé sous les propositions! Quel mauvais timing!

Que faire, alors? Dire résolument « non » à tout ce qui dépasse le pur travail artistique ou tout faire, parce que c’est un joyeux tourbillon dans lequel il fait bon se perdre pour un temps, avec son ego chéri? Et si je laisse tomber, ne serait-ce que pour un temps, la table à dessin, suis-je bien certain d’avoir envie d’y revenir plus tard?

Des emmerdes de riche, diront les cons. Bien sûr. Mais des emmerdes quand même.

J’ai fini, mais je ne suis pas meilleur. Ou pas assez. La douleur de construire et d’avoir construit. Le vide qui m’accable à la fin de de mes livres est dérangeant, comme si je venais de faire une monumentale bêtise et que je restai là, hébété, paniqué, à attendre la trempe.

Et puisque c’était dur, pourquoi recommencer?

Autant le dire, il y a indubitablement l’âge. L’âge qui me rend feignant, lent, lourd, distrait, moins réactif… L’âge qui me pèse sur la concentration, sur la capacité à rester en éveil. L’âge qui me fait redouter d’un jour, préférer le confort de la certitude  aux dangers du doute.

J’ai fini. Mais rien n’est résolu. Ça se passera entre vous et moi, maintenant… Et vous m’avez beaucoup gâté, jusqu’ici. C’est le « jusqu’ici » qui me rend fou. Rien n’est acquis, jamais, à, personne, contrairement à ce que j’entends autour de moi.

J’ai fini.

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