R E S S A C
Ça y est.
Mon premier roman « adulte » est parti chez l’imprimeur.
Il ne m’appartient déjà plus, il me file délicieusement entre les doigts et bientôt, d’autres que moi le liront, certain.e.s même, m’en parleront. C’est la période la plus étrange de la création, ce sas de l’avant, l’avant publication, l’avant lecture. C’est un lieu aussi confortable que détestable.
Je ne sais jamais à quel moment il est opportun de vous parler de ce texte, ni quoi vous en dire: faut-il attendre et vous laisser seul.e.s juges, faut-il vous en livrer des passages, risquant de lui donner des airs de ce qu’il n’est pas? J’ai porté ces lignes pendant plus d’un an. Écrites pour la plupart en février 2020, elles parlent déjà d’un temps qui n’est plus, celui de l’avant pandémie, et d’une version de moi-même déjà caduque.
Mais c’est un peu le propre de l’écriture, non, de tenter en vain de figer ce qui mute ?
C’est en revenant d’une retraite de cinq jour à l’abbaye de Rhuys que mon monde a entièrement basculé. Je vous ai déjà parlé ici et là de l’empreinte qu’a laissé cette expérience dans ma vie. Je vous ai dit comme je suis revenue de là-bas neuve, rebootée, toute re-programmée par ce vide et ce temps de rien savamment reconquis.
De tout ça, il est né un livre. Un court récit, un texte hybride où se croisent la narration de ces journées d’errances et quelques vagues de souvenirs ressuscités, éclos d’eux-mêmes entre mes chapitres.
Beaucoup de passages, écrits dans une sorte d’urgence à mon retour, n’ont d’ailleurs trouvé de sens qu’à la relecture, des mois plus tard. Comme mon titre, Ressac, qui à l’envers, devient casser. Je n’avais pas remarqué. Avant même de le savoir, je parlais donc d’une rupture, d’un monde qui meurt pour laisser advenir autre chose. Mais ce palindrome contenait aussi tout l’aspect magique des hasards survenus là-bas, pendant ma retraite. Depuis des mois, je cherchais désespérément un titre évoquant ces effets de miroir, de doubles, sans parvenir à le trouver (croyais-je). C’est mon amie Pauline Darley qui a décrypté le secret la première.
Autre exemple: lorsque j’ai Googlé le mot « ressac », histoire d’être sûre de bien le connaître, de mieux le sentir sous mes doigts avant de le choisir comme titre définitif, j’ai découvert, choquée, son sens figuré. Il racontait déjà mon livre:
Ce mot parlait donc autant de mon départ vers le large après un choc violent, que des émotions imprévues qui allaient m’assaillir là-bas.
Voilà, c’est ça aussi, Ressac: un texte qui m’échappe.
J’essaierai de vous poster quelques extraits au fil des jours sur mon Instagram, avant sa parution prévue le 28 mai chez La Ville Brûle.
D’ici là… je tremble.
C’est une partie nouvelle de moi que je m’apprête à vous livrer, et pourtant j’y retrouve le même plaisir que lorsque je racontais ma vie sur ce blog, il y a plus de dix ans. Sans voiles, sans jeu, avec une joie presque naïve.
Pour celles et ceux qui sont intéressés par la génèse de ce livre, du parcours du combattant que ça a été de lui trouver une maison d’édition, je vous encourage à regarder cette vidéo dans laquelle je reviens sur tous ces points.
J’en parle aussi dans le podcast D.T.O, écoutable ici.
Voilà.
Bien sûr j’espère que le texte vous plaira. C’est un pas de géante pour moi de publier quelque chose de si « différent ». J’ai hâte de le partager avec vous, dont j’ai été si loin tout 2020.
Merci de m’avoir attendue, et de continuer à porter mon travail chaque jour. Vous êtes mon souffle.
Bon week end,
Diglee
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