SHOW don't tell

Ou en français : Montre, ne dis pas.


Je ne suis pas le premier à le dire ni le dernier mais ça me tente aujourd'hui d'en écrire un petit billet, sans prétention.


Le truc le plus important, selon moi, en écriture : de montrer les choses plutôt que de se limiter à les dire.


Et c'est là le plus grand défi de l'auteur : de faire vivre une expérience la plus vraie possible, la plus sensorielle possible à son lecteur plutôt que de simplement lui dicter les actions d'un personnage.


Parce que des idées, des histoires, tout le monde peut en avoir en tête, encore faut-il qu'elles soient écrites de façon intéressante… (À ce moment, je relis des extraits de la plupart de mes nouvelles publiées et je me dis : Ich! Avoir connu ce truc plus tôt et comment l'appliquer, je ne les aurais pas écrites de cette façon…)


Les pièges qui attendent l'auteur sur son chemin sont nombreux, en voici deux :


- Utiliser trop d'adverbes (un adverbe, c'est bien mais une dizaine par page représente un problème : les adverbes sont, trop souvent, des raccourcis pour l'auteur qui veut se simplifier la vie.) Exemple : La maison était tellement vieille qu'elle ne cessait de grogner terriblement sous les tortures de vent hivernal. Inévitablement, Pierre devait y entrer même si son coeur battait anormalement vite!


AAAAAH! Juste à la lecture, c'est irritant. Bon, ok, je me calme. Laissons le premier adverbe, TELLEMENT, en place et passons au deuxième, TERRIBLEMENT : ici, le lecteur ne sait pas pourquoi  les grognements de cette maison sont terribles et avec raison : ils ne sont pas montrer. Ce n'est que platement dit, tout cuits dans la bouche. Si on se rends au troisième adverbe, INÉVITABLEMENT, il représente un raccourci qui évite à l'auteur de décrire ce que Pierre ressent face à cette fatalité. Bien sûr, dans mon exemple, il manque un contexte qui expliquerait pourquoi c'est inévitable que Pierre entre dans dans cette maison. Mais au fond, ce qui est important, c'est ce que va ressentir le lecteur. Même chose pour ANORMALEMENT : ah? Qu'est-ce qui fait qu'il bat de façon anormale? En vérité, ce n'est pas ANORMAL du tout, ce n'est certainement pas la première fois qu'il bat plus vite… Et pourquoi pas simplement vite?


- Utiliser trop d'adjectifs (même chose : un adjectif, c'est nécessaire mais pas vingt par pages et surtout pas quatre ou cinq dans la même phrase : un trop plein d'adjectifs étouffe, noie le propos d'une phrase et tous en perdent leur saveur, leur importance. Aussi, ils peuvent devenir le même raccourci facile que les adverbes, plutôt que de bien décrire) Exemple : La vieille maison terrifiante s'élevait devant Pierre. Effrayé, il savait qu'il n'avait pas le choix : il devait y entrer même si les terribles grincements qui en émanaient lui glaçaient le sang.


Dans ce cas-ci, le premier adjectif VIEILLE est un raccourci : au lieu de vraiment décrire la maison, on la catalogue dès le départ : elle est vieille. D'accord, mais qu'est-ce qui nous fait dire qu'elle est vieille? À quoi ressemble-t-elle : la galerie, les fenêtres, le toit, les briques… Même chose pour le deuxième, TERRIFIANTE : en quoi est-elle terrifiante, cette maison? Pourquoi susciterait-elle plus la peur qu'une autre? Le troisième adjectif, EFFRAYÉ, est bien mais il ne reflète pas ce que le personnage, Pierre, vit, ce qu'il ressent face à cette maison. Ici, c'est dit : Effrayé. Mais est-ce que ses tripes se tordent, est-ce qu'il se mord une lèvre, comment il réagit face à cette peur? Parce que c'est là, au fond, que le lecteur va s'y retrouver ou non, y vivre quelque chose ou non. Je pourrais expliquer pourquoi le quatrième adjectif, TERRIBLES, ne montre rien mais vous avez déjà compris.


 


Et vous, qu'en pensez-vous? Avez-vous d'autres exemples en tête? Ou d'autres pièges à surveiller en tant qu'auteur?



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Published on January 11, 2012 09:55
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