Mes règles d’écriture : tu ne trouveras jamais le temps d’écrire alors écris ici & maintenant
Je rebondis sur le billet de Neil Jomunsi intitulé : Mes règles d’écriture : une tentative de mettre de l’ordre dans mes idées dans lequel il établit à partir de sa pratique de l’écriture des règles d’écriture qui lui sont propres. Comme lui, j’ai lu de nombreux livres sur l’écriture aussi bien en ce qui concerne l’aspect technique de l’écriture que sur les questionnements de vie d’un écrivain comme Une chambre à soi de Virginia Woolf ou Lettres à un jeune poète de Rilke (2 livres dont je relis des passages régulièrement) pour ne citer que deux auteurs, car ces livres d’auteurs ou de praticiens de l’écriture nécessiteraient un article indépendant.
De lire depuis des années, les préceptes d’auteurs différents m’ont fait réfléchir sur ma façon d’écrire, bien sûr. Cependant, avant de découvrir l’article de Neil Jomunsi, je n’avais pas pensé à établir ou tenter d’établir mes règles d’écriture. Du coup, j’ai eu envie de le faire. Je vous propose une esquisse de mes pratiques d’écriture. Mon écriture évolue sans cesse, rien n’est figé comme dans la vie.
Écriture comme État
Je n’écris pas tous les jours au sens où je ne m’assois pas derrière un bureau un certain nombre d’heures par jour, ce n’est pas ce que je fais, pas nécessairement, ce n’est pas non plus ce que j’appelle écrire, même si effectivement l’acte d’écrire, c’est-à-dire taper les lettres sur un clavier, est une phase incontournable que je pratique régulièrement. J’écris aussi quand je fais les courses, quand je vais au musée, quand je me rends à une dédicace, quand je vais chez le médecin, quand je prends un pot ou je dîne avec des amis, quand je prends le train… Je veux dire par là que j’écris le monde ou le monde m’écrit en permanence, il n’y a pas de rupture. Quand je quitte le clavier, je continue d’écrire, même quand je dors, j’écris.
Architecture
Il y a des étapes de planification, d’organisation, de visualisation. Elles peuvent être très longues (d’une heure à des années). Tout texte possède une architecture intrinsèque. Il me faut donc la trouver pour chaque projet d’écriture. Parfois, ça se construit en écrivant, parfois avant d’écrire, parfois après avoir rempli des pages d’écriture (mais j’évite cette dernière méthode, car ça fait mal aux fesses). Pour moi, l’architecture d’un texte doit être organique et répondre de façon naturelle aux questions de l’espace, du temps, des limites de l’écriture, de la grammaire et parfois même du vocabulaire.
Émotion
Les personnages peuvent s’y refuser, ne pas m’avouer ce qu’ils ressentent dans la situation dans laquelle délibérément, je les ai plongés, ou bien dans laquelle, ils se sont fourrés. Ainsi, l’intrigue prend le dessus sur ce qui importe vraiment, la raison profonde pour laquelle je raconte mon histoire. Il me faut m’arrêter, reprendre au début, écouter les personnages, jusqu’à parfois devoir abandonner la situation pour en proposer une autre au personnage. Une qui touchera directement la problématique de ce que j’essaie de dire, de ce que le personnage essaie de vivre…
Persévérance
Ne pas abandonner, même si les personnages m’abandonnent ou refusent de me suivre. Leur laisser le temps de réfléchir, négocier une scène avec un personnage, car comme nous les personnages ne demandent qu’a vivre, qu’à éprouver, à apprendre, à se sentir vivants.
Désobéïssance
Aux prises entre la narration (raconter une histoire pour satisfaire au plaisir du lecteur) et ma vision du monde, j’avance en aveugle et seule la confiance en l’autre (le lecteur) me permet d’explorer une idée, un personnage, de dépasser les règles apprises, de même tenter ce que dans les ateliers d’écriture ont m’a appris à ne jamais faire.
Vérité
Je m’en tiens à ma vérité émotionnelle ou celle de mes personnages, pour ne pas m’égarer. Je creuse cette vérité, la développe, la poursuis, même quand cette-ci va à l’encontre des croyances du moment de la société dans laquelle je vis.
J’ai trouvé ardu de constituer une liste de mes règles d’écriture, elles me sont propres bien sûr et ne s’appliquent pas forcément à vous. Cet exercice, cependant, m’a permis de mieux visualiser comment j’écris.
Et vous ? Comment écrivez-vous ?