Manu Larcenet's Blog, page 28

L’Everest

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Dessiner pour faire de la bande dessinée est devenu, pour moi, un coup à se dégoûter de l’exercice. Il faut sans cesse répéter des images presque semblables, ad nauseam, juste pour que le récit ait un rythme. Jusqu’ici, ça me plaisait bien. C’était presque rassurant. Sans doute aussi parce que j’avais décidé que le récit primait sur sa représentation. Alors tant pis pour les ratages graphiques, pour les maladresses ou les erreurs, du moment que ça se lisait, je m’en fichais.

Mais, en vieillissant, je ne peux plus me contenter de cette « manière ». Il me faut dessiner plus juste.

Je dois maintenant refaire chaque case un nombre de fois affolant pour que ça me convienne vaguement. J’ai l’impression de m’enfermer de plus en plus, de devenir encore plus obsessionnel. Je fais de la bande dessinée comme je ferais de l’illustration. C’est à dire que chaque case devient un dessin à part entière, qu’il me faut peaufiner comme si je n’avais que celui-ci à faire. Comme une page compte en moyenne 6 dessins et que le livre compte 200 pages, c’est le meilleur moyen pour être submergé, noyé, découragé devant l’Everest.

Ps: tiens, aujourd’hui, je ferai une séance de dedicace à BD en Bulles, à Lyon.

(Je vous conseille vivement, au cas où ça vous intéresse, de passer un coup de fil à la librairie, je crois qu’il y a une histoire de billets)

Plein le cul, de la bande dessinée!

« None Shall Pass »

Le chaud et le froid.

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Jamais je n’ai réussi à choper Polza si bien, avec si peu de moyens. Je pensais même que j’en étais incapable.

Bien sûr, il a fallu que ça soit sur une dédicace.

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Fashion minutes.

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Ma fille dessine des fringues… Et je suis jaloux. Jamais je n’oserai être si libre et radical.

Signature fantôme.

Spooky.

Ma fille et moi nous promenons en forêt, à la recherche de renards. Nous trouvons un gros sac plastique noir, viviblement bien rempli, sous un buisson. Je tapotte dessus avec un bâton. Rien ne bouge. Je l’entrouve timidement et, au milieu de trucs blancs et sales non identifiés, je trouve une petite main que je reconnais comme celle, blanche et petite, d’un cadavre d’enfant.

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Je me prends une méchante décharge d’adrénaline avant de comprendre. Ce sont les restes d’un Christ en plâtre.

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C’est bien parti pour ne pas s’arranger.

« cons d’urgence », ça peut toujours servir.

Accoudé.