DOA's Blog, page 8

November 4, 2010

Mars 2011

manotti_doasmall



Prenez un homicide, par exemple celui d'un employé du Commissariat à l'Energie Atomique – et quel employé ! – ajoutez un groupuscule écoterroriste, des agents troubles, une femme trahie, un père inquiet pour sa fille unique, des policiers du Quai des Orfèvres, une grande patronne, des journalistes, des politiciens en campagne – tout cela se passe entre les deux tours des élections présidentielles – l'avenir stratégique et financier de l'industrie nucléaire française, Dominique Manotti et DOA, et vous obtenez une véritable affaire d'état… Ou presque. Comme toujours, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé est évidemment fortuite.


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Published on November 04, 2010 07:01

Who is Mr Fox? Troisième partie

Première partie, ici . Deuxième partie, ici .









Fox rampe jusqu'au muret, tête rentrée dans les épaules, visage au sol. Il y a une seconde rafale, des éclats de pierre volent dans tous les sens et retombent en pluie sur son dos. Il perçoit des cris surexcités, des injures… Puis un bruit humide et sourd, ponctué de craquements. Un objet, lourd, s'effondre sur sa droite. Pause dans les tirs. Fox relève le nez, à peine, fait le point. Voodoo et l'officier de l'ODA sont à deux mètres de lui, en vie, en boucle entre la panique et l'énervement. Ghost, couché dans ses cinq heures, a trouvé refuge contre le foyer du laboratoire, sous les tôles, au centre de la cour. Il entend Wild Bill et Rider jurer. Des injonctions fusent à l'endroit où se trouvait le gros de Viper One.


Jusqu'ici tout va bien.


Fox poursuit son tour d'horizon et tombe sur une main, à deux mètres de lui, qui tient un fusil d'assaut. Dans le prolongement, un bras relié par un lambeau de tissu rougeâtre à un buste, posé à cheval sur l'enceinte du compound. Un des types des forces spéciales, cueilli au niveau des hanches, tronçonné. Ses jambes s'étirent loin, à angle droit. Entre les deux moitiés du bonhomme, un chapelet de chairs meurtries et d'intestins. Ils brillent dans le soleil du matin.


Quelques claquements, sur l'arrière. On est encerclés ? Merde, merde, merde ! Pas ça, pas ça ! Fox détourne les yeux et essaie de comprendre ce qui se passe.


Le prisonnier s'échappe entre les baraques, mains dans le dos, déséquilibré, à moitié courbé, et le capitaine l'allume au M4 pour le neutraliser, mais il n'a déjà plus de visuel, l'autre s'est faufilé entre deux bâtiments.


Dans trois ou quatre secondes, Fox lui-même ne le verra plus. Noir contre noir. Fox dégaine son pistolet, vise, la ligne des épaules, un poil en dessous. Sa main gantée tremble, l'adrénaline. L'angoisse et la pureté contre le vide, le conditionnement. Deux coups. Le premier tape dans une paroi de torchis. Pas le second. Le jeune Emirati plonge en avant, un spasme et rien. Un temps. Impression de silence. Plus jamais croiser le regard du gamin.


Autour de Fox, la guerre reprend ses droits. Les commandos commencent à tirer, à l'aveugle, de façon désordonnée. Les ordres fusent, confus. Les mouvements sont maladroits, hésitants. Ils se sont fait choper le pantalon sur les chevilles. Sifflements et chocs au-dessus de leurs têtes, terrifiant staccato.


Où sont les hélicos ?


Un interstice dans le muret, Fox y colle son œil. Evaluer l'ennemi.


Trois pickups se trouvent à quelques centaines de mètres à l'ouest de leur position, sur une piste qui sépare deux mouvements de terrain et descend jusqu'à eux. Pourquoi ne les ont-ils pas entendus ? La Doushka est sur le plateau du premier. L'antiquité russe, dont la mise en service remonte à la seconde guerre mondiale, continue à leur cracher tout ce qu'elle peut à la figure. Un groupe de Talibans est en train de débarquer du deuxième véhicule, pour se mettre à l'abri de rochers, de part et d'autre de la route. Quant au troisième 4×4, il fonce en direction du sommet de l'un des mamelons. Il y a trois moudjahidines à l'arrière qui, tant bien que mal, manipulent un objet apparemment assez lourd et encombrant. C'est un…


« Mortier ! Death Star ! »


Death Star et Black Star, les petits noms des deux collines, sur leurs cartes. Ouais, leur patron est un dingue de Star Wars.


Voodoo jure entre ses dents un truc que Fox n'entend pas, tant l'orage de 12.7 est dru. Ils ne ripostent pas, ils ne ripostent pas ! « Il faut riposter ! »


Où sont ces putains d'hélicos ?


Fox commence à bouger pour trouver une meilleure position de tir. Et s'éloigner des bâtiments. Parce que ça risque de chier grave si le tube taleb se met à chanter, avec tous les produits chimiques du labo et les charges de démolition.


Par dessus le chaos, la voix du contrôleur avancé de l'ODA se met à réciter une litanie de mort. « Striker one five, this is Viper two one. Calling in a splash ! We are getting dryhumped here, big time ! »


La réponse de leur couverture aérienne ne se fait pas attendre. Roger Viper two one, Striker one five is listening…


« Viper two one, Oscar one is on Death Star ! I repeat, Oscar one, top of Death Star… »


Le mortier. Prioritaire.


« Danger close… »


Fox frissonne.


Copy that Viper two one. Send in Oscar two !


Suit la litanie des coordonnées de la Doushka, « Oscar two is at whisky charlie… » Identification du carré de Gardez. « Two five niner eight one… » Abscisse et ordonnée à dix mètres. « Three eight degrees… » Azimut. « Three zero zero metres… » Distance entre eux et l'objectif. « Danger close… »


Ils sont en plein dans l'aire d'effet des bombes.


Roger Viper two one, splash in thirty seconds…


Instinctivement, Fox met ses deux mains sur son crâne et colle son nez dans la terre. Il se tend, attend. Le vacarme des détonations est bientôt remplacé par un déchirement, dans le ciel. Les deux F15 sont déjà passés. Très haut. Il n'y a soudain plus aucun bruit et ensuite, à peine un glissement d'air. Fox ouvre la bouche. Premier bang, énorme. La dépression de l'explosion le frappe de plein fouet avec le souffle. Le muret s'effondre sur lui. Tout commence à trembler alentour. Mais il n'a pas le temps de réaliser, la seconde JDAM (1) vient frapper la piste. La mâchoire de Fox s'ouvre et se referme, incontrôlable. Il déglutit. Goût de métal et de sable dans la bouche. L'averse de débris ne s'arrête pas. Ses oreilles sont bouchées, les sons atténués. Quelques longues secondes encore, puis tout cesse. Fox se dégage avec peine des gravats, se redresse, jambes tremblantes.


Il n'est pas seul. Rider, déjà debout, vocalise en sourdine son admiration pour les pilotes de chasse et balance des injures en direction des carcasses calcinées des pickups. Les silhouettes des soldats de l'ODA apparaissent, fantômes de poussière dans la brume marronnasse qui traverse le compound.


Fox décompresse et son audition redevient peu à peu normale. Il entend des guitares, en partie couvertes par les hurlements de rotors, en approche par le sud.



Little soldiers in a row


Falling in and out of love


Something sweet to throw away…



Jedi six et seven arrivent enfin et, fidèles à leurs habitudes, viennent les chercher en musique.



I want something good to die for


To make it beautiful to live…



A côté de Fox, deux mecs de Viper two ont déplié un brancard en plastique sur lequel ils essaient de faire tenir les bouts de leur copain. Au pied des collines, des cadavres brûlent. A l'autre bout du compound aussi. Il voit Ghost jeter le corps du gamin sur le bûcher.



I can go with the flow… I can go… (2)



Fox sourit, il est vivant.







(1) Joint direct attack munition : type de bombe guidée par GPS et centrale inertielle.




(2) © Queen of the Stone Age, Go with the flow.





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Published on November 04, 2010 01:23

November 2, 2010

Who is Mr Fox? Deuxième partie


Le soleil se lève alors que la fouille du site s'achève. Ils avaient espéré trouver une cache d'armes et d'explosifs, ils sont tombés sur un laboratoire de raffinage d'héroïne. Marmites, filtres, foyers de pierre, bonbonnes d'acide, sacs de chaud, plaques d'opium, morphine base, quelques kilos de brown et de N°4, toute la panoplie. La cache devait accueillir hier soir une cible prioritaire, High Value Target dans le jargon, un artificier irakien, et ils n'ont trouvé que deux arabes égarés au milieu des Talebs et des trois quatre connards qui leur filaient un coup de main, de gré ou de force, pour produire leur merde. L'un des deux, un Emirati, a quand même une certaine valeur, il a mené quelques opérations de ce côté de la frontière et cela fait plusieurs mois qu'il fait partie des HVT. Ce n'est juste pas le bon mec. Mauvais renseignement, action précipitée, dépense et risques inutiles.


Fox secoue la tête. Assis sur le muret du compound, avec Rider et Wild Bill, il observe les mecs de Viper one. Comme eux, ils sont habillés à la mode afghane, manteaux de laine, longues tuniques, pakol pour les uns et turban pour les autres, visages tannés et couverts d'une barbe de quelques mois. Seuls leurs pompes, leurs pantalons de combat et leurs gilets tactiques, passés par-dessus leurs fringues, les trahissent. Ils finissent de vérifier et collecter les données biométriques des cadavres des combattants, alignés les uns à côtés des autres à l' extrémité opposée de la cour. Tête bien droite, décollée du sol, fais risette, le petit oiseau va sortir. Maintenant laisse-moi prendre ta mimine, je vais te scanner les doigts. Suivant ! Encore des infos qui iront se perdre dans une base de données US et viendront alimenter la grande machine à paranoïa. Et noyer le système. Trop d'info tue l'info.


Viper two est dispersée un peu partout et s'occupe de récupérer tout ce qui peut l'être, côté docs et pognon, et de piéger les bâtiments en vue de leur démolition.


Quant à Voodoo… « Fox ! » Voodoo est avec Ghost et le seul survivant du carnage, un des deux arabes, très jeune, dix-sept piges à tout casser. Et il a besoin d'un coup de main. « Fox, rapplique ! »


Prévisible. Fox soupire, se lève et se dirige lentement vers son chef d'équipe. « Ouais ?


- Je comprends rien à ce qu'il dit, ce trou du cul. Il refuse de parler anglais.


- Peut-être qu'il sait pas.


- Mais ouais, le monde entier parle anglais sauf les enculés qu'on croise par ici ! Hasard ! Cause lui dans ta langue et demande lui d'où il vient et ce qu'il fout là. »


Fox dévisage Voodoo, un sourire aux lèvres, puis le gamin, assis par terre, mains ligotées au Serflex dans son dos et cagoule sur la tête. Il retire cette dernière en s'accroupissant devant le prisonnier. Visage juvénile, ombré par un duvet qui se voudrait plus viril, creusé par la fatigue et la trouille. Leurs yeux se croisent. Noir contre noir, le vide contre l'angoisse. Ne pas se faire d'illusion cependant, du bon côté d'un AK47, l'histoire serait différente. Fox se met à parler avec douceur, en arabe, pendant une longue minute.


L'adolescent lui répond, avec un débit précipité et force mouvements de tête, comme pour donner plus de poids à son récit.


Dès qu'il a fini, Fox se marre et se relève. « Il vient des Emirats, comme l'autre, qui était son oncle. Il dit qu'il s'est retrouvé embarqué dans l'aventure sans savoir ce qui l'attendait. L'oncle aurait menti à son père.


- Ben voyons.


- Il nous supplie de le renvoyer chez lui. Il prétend qu'il était déjà captif, au Pakistan. Il insiste sur le fait que lui et sa famille se sont fait avoir, et qu'il veut revoir ses parents. »


Voodoo se penche vers le jeune bédouin et lui gueule dessus, en anglais.


Le gamin se recroqueville sur lui-même.


Fox et Ghost laissent pisser. Tension post opération, Voodoo ventile, il fait ça à chaque fois.


Ils sont interrompus par l'officier des forces spéciales, Viper one one, un capitaine, qui vient les prévenir qu'ils sont prêts à remballer.


Ghost baille. « Bon, on en fait quoi, de lui ? » Du menton, il montre la boule de nerfs avachie à leurs pieds.


« Il peut sans doute nous cracher des rens. sur les camps où il a traîné, chez les Pakis. » Fox répond, le regard perdu dans les montagnes, au loin. « Le patron sera content qu'on lui en ramène un, pour une fois qu'on les a pas tous butés.


- Et c'est pas comme si on n'avait pas la place dans les hélicos. » Le 'pite.


Deux Blackhawks, Jedi six et Jedi seven, doivent les exfiltrer. Capacité d'emport totale, vingt-deux combattants.


Voodoo baisse à son tour les yeux vers le prisonnier. « Ouais, ça devrait le faire. Vous les avez appelés ?


- Affirmatif. ETA six minutes. »


Voodoo, d'un signe de tête, montre les cadavres à Wild Bill et Rider. Ils se lèvent, récupèrent les jerrycans d'essence qui servaient au groupe électrogène des talibans et vont asperger les macchabées.


« Ils font quoi, là ?


- Guerre psy, mon capitaine. » Sourire de Voodoo. « La crémation, pour ces mecs, c'est le mal. Matez-le moi, cet imbécile. »


Sur le visage du prisonnier, qui a compris ce qui allait se passer, la terreur a cédé la place au dégoût et à la colère. Il commence à les insulter en arabe.


Fox lui donne un coup de crosse, sec et léger, à l'arrière du crâne.


« C'est notre signature. Les Talebs savent qui est dans le coin et que s'ils se font flinguer, ils vont être cramés. C'est haram, péché…


- Ce qui fait souffrir le vivant fait souffrir le mort, » interrompt Fox.


- Ils prennent peur, ils évitent le combat et libèrent la zone. Même plus besoin… »


Soudain, un morceau de la maison devant laquelle ils se tiennent leur tombe sur la gueule dans un nuage de poussière. Des détonations retentissent en écho et plusieurs impacts viennent percer les murs environnants.


Voodoo gueule « Douchka ! » Et tout le monde se jette au sol sans attendre.





Estimated time of arrival : temps d'arrivée approximatif




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Published on November 02, 2010 02:38

October 26, 2010

Who is Mr Fox?


« Fox is in position. » L'homme a parlé tout bas. Il est allongé sur un gros rocher plat, en hauteur. Il a stabilisé le tube lance-grenades fixé sous le canon de son M4 à l'aide d'un sachet de toile cirée grand comme une main, épais comme le poing, et rempli de sable, qu'il a toujours sur lui quand il part sur le terrain. Au bout de son fusil d'assaut, un silencieux. Au-dessus de lui, le ciel nocturne, sans étoile et sans Lune, mais la nuit est très claire. L'obscurité cèdera la place à la lumière dans une heure.


Dans son oreille, une série d'annonces à voix basse lui confirme que Voodoo, son chef d'équipe, a rejoint son point d'assaut, ainsi que Viper one et Viper two, les deux groupes de l'Operational Detachment Alpha 593 de Fort Campbell qui bosse avec eux sur cette mission.


Viper two six, in position… Le second tireur est prêt.


La lunette de visée émet un sifflement familier et rassurant lorsqu'il la met sous tension. « Fox, going green. » Le paysage lunaire des contreforts montagneux de la frontière afghano-pakistanaise réapparait soudain, paré de mille nuances de vert. Fox laisse son réticule se balader quelques secondes avant de s'arrêter sur ses équipiers, Ghost, Rider, Wild Bill et Voodoo. Ils sont accroupis, serrés les uns derrière les autres, dans un fossé creusé par d'anciens ravinements, à une vingtaine de mètres au sud d'un groupe de quatre maisons de terre, trois petites, une plus longue, encerclé par un muret. Un compound, selon l'expression consacrée. Au centre de ce compound, une cour creusée en dessous du niveau du sol, partiellement recouverte d'un toit de tôle.


Fox balaye rapidement les bâtiments puis cherche plus à l'ouest, à l'endroit où doit se trouver Viper one. Mais il ne voit rien, les gars du 5ème Special Forces Group sont bien cachés, ils connaissent leur taf. Viper two est à l'opposé de lui, masqué par les constructions. Il revient à la première baraque, la plus proche. « Fox has eyes on Tango one. » Sur le toit, un Tango, une Target, un Taleb. Sa cible. L'homme est debout, enroulé dans une couverture, il fait froid, son AK 47 dépasse devant lui, canon vers le bas tel un sexe biscornu, et regarde en l'air. Interroge-t-il son Créateur sur les raisons qui l'ont amené ici ce soir ou est-il juste sensible à la beauté de la voute céleste ? Fox n'en sait rien, Fox s'en fout. Au bout d'un certain temps tous les Tangos se ressemblent, flous fantomatiques émeraude numérotés, traversés de lignes stadimétriques, ils se confondent et cessent d'exister en tant qu'individus.


Viper two six, Tango two in sight…


Il y a une autre sentinelle, assise au-dessus de la quatrième bicoque, la plus éloignée de Fox.


Take them out… Voodoo donne l'ordre. Voodoo dirige l'opération. Un kill or capture de la Special Activities Division de la CIA. Leur bande, Leur opération. Cette nuit, les douze mecs de l'ODA 593 sont à Leur service. Et ils sont contents, ils vont pouvoir allumer tout ce qui bouge, ils ne demandent rien d'autre. Voodoo ne capture que lorsqu'il n'a pas le choix. Et là, le choix, il l'a.


Deux claquements, presque simultanés, perturbent le silence. Deux silhouettes s'affaissent. Fox pense que la sienne est tombée en premier. Le cadavre fait du bruit sur le toit. Ils vont se réveiller, à l'intérieur ?


Pas le temps d'y réfléchir, Voodoo mène les autres à l'intérieur du compound, devant l'entrée de la première baraque. Un type de part et d'autre, contre le mur, un autre prêt à défoncer la porte d'un grand coup de pied. Le quatrième qui couvre la fenêtre de devant.


Et Fox qui veille sur celle de derrière. Et celle de la baraque d'à côté.


Pas besoin de regarder, les deux éléments Viper se sont aussi positionnés devant leur objectifs respectifs.


Voodoo, going in… Now ! Now ! Now !


A la radio, c'est la confusion, du bois craque quand les serrures rudimentaires cèdent, des panneaux butent violemment contre la pierre, des cris. De surprise, d'alerte, de peur. D'avertissement. Fire in the hole ! Répétés. Puis les explosions. Trois bangs. Et l'instant d'après, les coups de feu. En rafales, courtes.


Le silence n'est plus qu'un lointain souvenir.


L'œil de Fox ne quitte pas l'arrière des maisons. De la fumée vert clair s'échappe de l'une des ouvertures vert sombre. Et de l'autre. Une ombre pâle apparaît. A peine vêtue, désarmée. Elle saute et court. Elle s'enfuit. Un pas, trois, cinq, dix. Deux autres claquements, le M4 se cabre, l'ombre s'effondre. Dernier claquement. Une dans la tête, pour être sûr. Le corps tressaute à l'impact puis plus rien.


Clear ! Les annonces se multiplient depuis le complexe, signalant que tout va bien.


Fox parcourt son secteur de tir deux fois puis lâche, « Fox is clear. » Il se lève, récupère son boudin en toile cirée et descend au petit trot rejoindre ses camarades.

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Published on October 26, 2010 10:09

October 23, 2010

La France a peur

Elle a peur pour ses vieux, de ses vieux, pour ses enfants, de ses enfants, de ne plus avoir de travail, d'en avoir trop, de choisir un métier, trop tôt, trop tard, trop intello, pas assez intello, trop dur, trop… non, pas trop facile (sourire). Elle a peur pour l'environnement et de ne pas pouvoir consommer en paix, ou de ne pas avoir assez d'essence pour partir en vacances. Elle a peur des gros mais aussi des maigres, de grossir sans pour autant cesser de s'empiffrer, de ne pas avoir assez à bouffer. Elle a peur de la Culture et de la mort de la culture et des efforts à faire pour se cultiver. Elle a peur de perdre ses acquis et privilèges, mais n'aime pas les privilèges des autres. Elle a peur des autres quand ils sont ici, mais aussi quand ils sont là-bas. Elle a peur de ce qui se passe là-bas, d'ailleurs - quoi que ce soit et où que ce soit, là-bas - elle a peur que tout n'y soit pas comme chez nous - mais c'est devenu quoi, chez nous ? - ou pas comme avant - mais avant quoi ? - ou pas comme elle voudrait que ce soit - mais elle veut quoi, au fait ? La France a peur de ses élites - à raison, en partie - et de suivre ceux qui l'ouvrent contre ces dernières. La France a peur de ses pauvres et elle a peur de ses riches - les uns comme les autres ne sont que des voleurs, non ? - elle a peur de ses immigrés et de ses citoyens qui se sont trop enracinés, moisis, forcément moisis. La France a peur de son Histoire mais aussi, d'en sortir, de son Histoire, de changer et de prendre racine. Elle a peur de l'ouvrir sur certains sujets alors qu'elle devrait au contraire avoir peur de la fermer, elle a peur qu'on lui mente alors qu'elle craint la vérité. La France est en train de devenir un tout petit pays, sa grandeur est derrière elle, pas devant. Pas dans l'immédiat en tout cas. Parce que cela fait quarante ans qu'on la caresse dans le sens du poil et l'enrobe de moraline en lui disant que tout va bien se passer. Et plus on entretient ses peurs plus il devient indispensable de la rassurer, de lui dire qu'elle est la meilleure, que rien ne va changer, qu'elle est encore là, parmi les grands, et qu'elle va continuer comme si de rien n'était, que chez nous, c'est différent, que ce sont les autres qui doivent se caler sur son modèle et pas le contraire. Et c'est quoi, le modèle en question ? Ca fait quarante ans qu'on a réussi la prouesse de lui faire croire que son futur, en fait, c'est son passé, ses acquis. Or la seule grande leçon a retenir de l'histoire, justement, c'est que rien n'est jamais acquis de façon définitive. Ceux qui prétendent être en mesure de la gouverner n'ont pas la moindre vision à moyen et à long terme d'un avenir pour elle, ce qu'elle devrait devenir, dans le grand ordre des choses, comment, avec qui, selon quels principes. Et encore moins de la façon de le concrétiser, cet avenir. Ne parlons même pas du courage que cela nécessiterait. Et quand on ne sait pas où l'on va, on a peur. Nos leaders sont des petits chefs à courte vue, qui ne pensent pas au-delà de leur prochaine échéance, dont la seule préoccupation c'est eux-mêmes et rien d'autre, et la préservation de leurs acquis. Tiens, ça ne vous rappelle rien ? Ils nous ont contaminés, le poisson pourrit par la tête, annonce le funeste dicton chinois. Mais ne faut-il pas également avoir peur des Chinois?

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Published on October 23, 2010 02:38

October 10, 2010

L'honorable société


… Comme je l'ai dit à mademoiselle Fab, rencontrée aujourd'hui à Toulouse, c'est ainsi que Dominique et moi avons décidé d'intituler notre quatre mains. Onorata societa est l'un des nombreux noms de Cosa Nostra. Pourtant, notre roman n'a pas pour sujet la mafia sicilienne. Perdus ? Si j'ajoute que son thème sous-jacent est la recomposition de la filière nucléaire française et qu'il se déroule dans l'entre-deux tours des dernières présidentielles, vous êtes complètement désemparés ? (sourire) Allez, promis, vous aurez aussi droit à des policiers de la brigade criminelle, des agents troubles, des journalistes, des écoterroristes, des grandes dames et des politiques. Rassurés ?


L'intrigue germe dans nos esprits sous une autre forme, à l'été 2007, quand nous proposons à Canal Plus de développer une série politique de 8 x 52 minutes alors intitulée Arcanes. Dominique et moi avons été impressionnés par State of play, diffusé quatre ans plus tôt par la télé anglaise. C'est cette fiction en six épisodes que nous avons en tête quand nous rencontrons les représentants de la chaîne pour leur présenter notre pitch. Ils nous donnent rapidement le feu vert pour avancer et nous nous mettons au travail. Six mois plus tard, nous rendons notre copie. Pour diverses raisons, elle ne convient pas ou plus. Nos interlocuteurs ont d'autres envies et nous comprenons qu'ils veulent nous pousser dans une direction qui n'est pas celle que nous envisagions au départ. Comme nous aimons notre histoire et ses principaux protagonistes, et que la collaboration nous a plu, l'idée du quatre mains s'impose naturellement. Après discussion, nous parvenons à reprendre notre liberté et poursuivons le travail. Et la Série Noire nous suit.


Evidemment, un roman n'est pas une fiction télévisuelle. Il faut remanier, reconstruire, resserrer, revenir à des préoccupations plus littéraires. Un second traitement voit le jour, à la fois proche et différent du premier. Il est découpé en huit chapitres, clin d'œil aux huit épisodes d'origine, seul point commun entre les deux structures. Sur le fond, les bornes chronologiques sont les mêmes, les deux tours des élections. Les personnages principaux aussi. Le déclencheur de l'histoire n'a pas changé non plus.


Cette seconde phase de création est tout aussi agréable que la première. Nos deux réflexions s'accordent plutôt bien et tout est permis. C'est simple. Nous tâtonnerons un peu plus lorsqu'il s'agira de passer à l'écriture proprement dite. Même si notre traitement est précis, nos expériences respectives montrent que la rédaction du texte final implique toujours des évolutions et des changements par rapport à ce que prévoit le plan. Il est indispensable de marcher d'un même pas. Au début, nous envisageons de travailler l'un derrière l'autre, en inversant l'ordre de démarrage de la rédaction à chaque chapitre. Mais la méthode s'avère rapidement laborieuse. Nous optons donc, puisque le roman est polyphonique et suit plusieurs lignes d'intrigue parallèles, de nous répartir les personnages et d'avancer simultanément, chapitre par chapitre, avec des mises au point et des ajustement à la fin de chacun d'entre eux.


Globalement, tout s'est bien passé. Notre principale difficulté a parfois été d'accorder nos deux rythmes de travail. Avons-nous réussi le pari ? Nous sommes mal placés pour juger. Je suis personnellement satisfait du résultat final. Et pour répondre à la question d'un commentateur, notre éditeur a reçu le texte le mardi 28 septembre, comme vous le savez, il s'est mis à le lire le 29 septembre après-midi et, le 30 en fin de matinée, il nous a renvoyé ses remarques. Elles n'étaient pas nombreuses et correspondaient pour partie à certaines de nos propres propositions de corrections. Je vais me risquer à considérer cette réactivité comme un signe encourageant. Rendez-vous en mars 2011 pour savoir si j'ai raison… Ou pas.


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Published on October 10, 2010 13:12

September 28, 2010

Ayé!

Le quatre mains, il part chez l'éditeur.

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Published on September 28, 2010 07:16

September 19, 2010

En Suède, il y a Millenium, les films, et puis…

Morse. Séance de rattrapage cet été, pendant les pauses d'écriture. Je l'avais loupé à sa sortie, il n'est pas resté très longtemps sur les écrans et c'est dommage. Du cinéma intelligent, fin, dans la suggestion et l'inférence, qui cisèle ses personnages et surtout parle aux adolescents mal dans leur peau que nous avons tous été un jour ou l'autre. A noter deux passages extraordinaires, celui où l'on comprend la véritable nature de la relation entre la petite fille et l'homme qui...

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Published on September 19, 2010 08:33

En Suède, il y a Millenium et puis…

Morse. Séance de rattrapage cet été, pendant les pauses d'écriture. Je l'avais loupé à sa sortie, il n'est pas resté très longtemps sur les écrans et c'est dommage. Du cinéma intelligent, fin, dans la suggestion et l'inférence, qui comprend ses personnages et surtout parle aux adolescents que nous avons tous été à un moment où à un autre. A noter deux passages extraordinaires, celui où l'on découvre ce qu'a véritablement été l'homme qui accompagne la petite fille et la scène de la piscine, ...

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Published on September 19, 2010 08:33

September 16, 2010

Hit the Town

the-town


Autant son adaptation de Gone Baby Gone ne m'avait pas convaincu - ceci dit, je ne suis déjà pas amateur du matériau de base. Hou, ça y est, coming out, je ne suis pas fan de mon confrère Dennis Lehane! - autant j'avoue avoir beaucoup aimé le second film de Ben Affleck, The Town. Très honnête série B avec un  cast, en particulier Jeremy Renner (The Hurt Locker) et Jon Hamm (Mad Men) bien senti.

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Published on September 16, 2010 13:08

DOA's Blog

DOA
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