DOA's Blog, page 7

January 26, 2011

Avril / Mai / Juin

7 AVRIL : Signature à la Librairie-Cave Les Gourmands Lisent, à Besançon. 16 - 17 AVRIL : Festival L'Eté du Livre, à Metz. 13-15 MAI : Festival Sang et Noir, à Perpignan. La suite bientôt…

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Published on January 26, 2011 08:18

January 24, 2011

Janvier / Février / Mars - MàJ (24/01/11)

10 MARS : Sortie de L'honorable société. 18 Mars : Rencontre au Salon du livre de Paris, avec entre autres Dominique Manotti, 20h00. 19 MARS : Signature au Salon du Livre de Paris, 14h30. 23 MARS : Signature à la Librairie La Manoeuvre, à Paris. 25 - 27 MARS : Festival Quais du Polar, à Lyon. 29 MARS : Rencontre à la Librairie Bisey, à Mulhouse. Stay tuned for updates… (et pour les mauvaises langues - sourire - jusqu'en mars, je suis évidemment en vacances)

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Published on January 24, 2011 05:00

January 22, 2011

Grand écran


true-grit-movie-poster


Vu récemment, True Grit, en avant-première, le 14 janvier. A la sortie, le critique qui m'y a invité me demande ce que j'en ai pensé. Il me faut quelques minutes pour formaliser ma réponse. Pas un très bon signe. Je n'ai pas passé un mauvais moment, l'image était belle, les décors somptueux, les acteurs plutôt bons mais la seule réflexion qui me vient à l'esprit est : tout ça pour ça? Le scénario oscille en permanence entre des situations tragi-comiques chères aux frères Coen et d'autres plus noires, violentes, à la Unforgiven. Sans être au niveau. Du coup, le film ne choisit jamais vraiment son camp et le résultat est bancal. De nombreuses scènes sont gratuites, n'apportant pas même un peu de poésie surréaliste à l'ensemble. Et puis les personnages entrent et sortent de l'histoire inchangés, laissant l'impression que les épreuves qu'ils viennent de traverser ne les ont pas affectés le moins du monde. Du coup, tout ce qu'ils ont vécu apparaît trivial. Dommage. Subi également, Somewhere, de Sofia Coppola. Bon, ça fera des droits d'auteurs pour Phoenix, dont les ventes ne décollent pas en France. Sinon, la fille de Francis Ford s'emmerde dans la vie, elle ne comprend pas trop pourquoi et ne sait pas comment passer le temps. Donc elle filme depuis quatre longs des gens qui, eux aussi, s'emmerdent dans la vie. Une fois, cela a très bien marché, c'est Lost in Translation. Les autres fois… Somewhere ? Nowhere.


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Published on January 22, 2011 06:41

January 5, 2011

Janvier / Février / Mars - MàJ (21/01/11)

10 MARS : Sortie de L'honorable société. 19 MARS : Signature au Salon du Livre de Paris, 14h30. 23 MARS : Signature à la Librairie La Manoeuvre, à Paris. 25 - 27 MARS : Festival Quais du Polar, à Lyon. 29 MARS : Rencontre à la Librairie Bisey, à Mulhouse. Stay tuned for updates… (et pour les mauvaises langues - sourire - jusqu'en mars, je suis évidemment en vacances)

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Published on January 05, 2011 09:00

Janvier / Février / Mars - MàJ (08/01/11)

10 MARS : Sortie de L'honorable société. 23 MARS : Signature à la Librairie La Manoeuvre, à Paris. 25 - 27 MARS : Festival Quais du Polar, à Lyon. 29 MARS : Rencontre à la Librairie Bisey, à Mulhouse. Stay tuned for updates… (et pour les mauvaises langues - sourire - jusqu'en mars, je suis évidemment en vacances)

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Published on January 05, 2011 09:00

Janvier / Février / Mars

10 MARS : Sortie de L'honorable société. 25 - 27 MARS : Festival Quais du Polar, à Lyon. 29 MARS : Rencontre à la Librairie Bisey, à Mulhouse. Stay tuned for updates… (et pour les mauvaises langues - sourire - jusqu'en mars, je suis évidemment en vacances)

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Published on January 05, 2011 09:00

December 13, 2010

Hum

Il y a deux heures, sur une chaîne d'information. Direct sur la prise d'otages de Besançon où, à ce moment-là, un adolescent armé de deux sabres - au moins - retient encore cinq enfants en bas âge et une institutrice. Le maire de la ville est au téléphone. Question de la journaliste / présentatrice: est-ce que vous êtes inquiet?

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Published on December 13, 2010 04:56

November 24, 2010

Des faits, rien que des faits…

Pendant qu'en France, récemment subjuguée par le storytelling, le commentaire de séquences, la valse des rumeurs et les opinions élevées au rang de faits sont devenus les nouvelles normes de l'information, ailleurs, le quatrième pouvoir bosse (pour ceux qui le peuvent, voir surtout la première vidéo, la plus longue, en haut à droite de la page).

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Published on November 24, 2010 08:52

November 19, 2010

A la conquête du monde…

Version russe de Citoyens clandestins.


doarus

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Published on November 19, 2010 08:45

November 5, 2010

Who is Mr Fox?


cowboybw


« Fox is in position. » L'homme a parlé tout bas. Il est allongé sur un gros rocher plat, en hauteur. Il a stabilisé le tube lance-grenades fixé sous le canon de son M4 à l'aide du sachet de toile cirée grand comme une main, épais comme le poing, et rempli de sable, qu'il a pris l'habitude d'avoir sur lui quand il part sur le terrain. Au bout de son fusil d'assaut, un silencieux. Au-dessus de lui, le ciel nocturne, sans étoile et sans Lune, mais la nuit est très claire. L'obscurité cèdera la place à la lumière dans une heure.


Dans son oreille, une série d'annonces à voix basse lui confirme que Voodoo, son chef d'équipe, a rejoint son point d'assaut, ainsi que Viper one et Viper two, les deux groupes de l'Operational Detachment Alpha 593 de Fort Campbell qui bosse avec eux sur cette mission.


Viper two six, in position…


Le second tireur est prêt.


La lunette de visée émet un sifflement familier et rassurant lorsqu'il la met sous tension. « Fox, going green. » Le paysage lunaire des contreforts montagneux de la frontière afghano-pakistanaise réapparait soudain, paré de mille nuances de vert.


Fox laisse son réticule se balader quelques secondes avant de s'arrêter sur ses équipiers, Ghost, Rider, Wild Bill et Voodoo. Ils sont accroupis, serrés les uns derrière les autres, dans un fossé creusé par d'anciens ravinements, à une vingtaine de mètres au sud d'un groupe de quatre maisons de terre, trois petites, une plus longue, encerclé par un muret. Un compound, selon l'expression consacrée. Au centre de ce compound, une cour creusée en dessous du niveau du sol, partiellement recouverte d'un toit de tôle.


Fox balaye rapidement les bâtiments puis cherche plus à l'ouest, à l'endroit où doit se trouver Viper one. Mais il ne voit rien, les gars du 5ème Special Forces Group sont bien cachés, ils connaissent leur boulot. Viper two est à l'opposé de lui, masqué par les constructions. Il revient à la première baraque, la plus proche. « Fox has eyes on Tango one. »


Sur le toit, un Tango, une Target, un Taleb. Sa cible. L'homme est debout, enroulé dans une couverture, il fait froid, son AK 47 dépasse devant lui, canon vers le bas tel un sexe biscornu, et regarde en l'air. Interroge-t-il son Créateur sur les raisons qui l'ont amené ici ce soir ou est-il juste sensible à la beauté de la voute céleste ?


Fox n'en sait rien, Fox s'en fout. Au bout d'un certain temps tous les Tangos se ressemblent, flous fantomatiques émeraude numérotés, traversés de lignes stadimétriques, ils se confondent et cessent d'exister en tant qu'individus.


Viper two six, Tango two in sight…


Il y a une autre sentinelle, assise au-dessus de la quatrième bicoque, la plus éloignée de Fox.


Take them out…


Voodoo donne l'ordre. Voodoo dirige ce kill or capture. Leur bande, Leur opération. Cette nuit, les douze mecs de l'ODA 593 sont à Leur service. Et ils sont contents, ils vont pouvoir allumer tout ce qui bouge, ils ne demandent rien d'autre. Voodoo ne capture que lorsqu'il n'a pas le choix. Et là, le choix, il l'a.


Deux claquements, presque simultanés, perturbent le silence. Deux silhouettes s'affaissent. Fox pense que la sienne est tombée en premier. Le cadavre fait du bruit sur le toit. Ils vont se réveiller, à l'intérieur ?


Pas le temps d'y réfléchir, Voodoo mène les autres dans l'enceinte du compound, devant l'entrée de la première baraque. Un type de part et d'autre, contre le mur, un autre prêt à défoncer la porte d'un grand coup de pied. Le quatrième qui couvre la fenêtre de devant.


Et Fox qui veille sur celle de derrière. Et celle de la baraque d'à côté.


Pas besoin de regarder, les deux éléments Viper se sont aussi positionnés devant leur objectifs respectifs.


Voodoo, going in… Now ! Now ! Now !


A la radio, c'est la confusion, du bois craque quand les serrures rudimentaires cèdent, des panneaux butent violemment contre la pierre, des cris. De surprise, d'alerte, de peur. D'avertissement. Fire in the hole ! Répétés. Puis les explosions. Trois maisons, trois grenades, trois bangs. Et l'instant d'après, les coups de feu. En rafales, courtes.


Le silence n'est plus qu'un lointain souvenir.


L'œil de Fox ne quitte pas l'arrière du compound. De la fumée vert clair s'échappe d'une ouverture vert sombre. (Et d'une seconde.) Une ombre, pâle, apparaît. A peine vêtue, désarmée. Elle saute et court. Elle s'enfuit. Un pas, trois, cinq, dix. Deux autres claquements, le M4 se cabre, l'ombre s'effondre. Dernier claquement. Une dans la tête, pour être sûr. Le corps tressaute à l'impact puis plus rien.


Clear ! En bas, les annonces se multiplient, signalant que tout va bien.


Fox parcourt son secteur de tir deux fois puis lâche, « Fox is clear. » Il se lève, récupère son boudin en toile cirée et descend au petit trot rejoindre ses camarades.


Le soleil se lève alors que la fouille du site s'achève. Ils avaient espéré trouver une cache d'armes et d'explosifs, ils sont tombés sur un laboratoire de raffinage d'héroïne. Marmites, filtres, foyers de pierre, bonbonnes d'acide, sacs de chaux, plaques d'opium, morphine base, quelques kilos de brown et de N°4, toute la panoplie. La cache devait accueillir hier soir une cible prioritaire, High Value Target dans le jargon, un artificier irakien, et ils n'ont trouvé que deux arabes égarés au milieu des Talebs et des trois quatre connards qui leur filaient un coup de main, de gré ou de force, pour produire leur merde. L'un des deux, un Emirati, a quand même une certaine valeur, il a mené quelques opérations de ce côté de la frontière et cela fait plusieurs mois qu'il fait partie des HVT. Ce n'est juste pas le bon client. Mauvais renseignement, action précipitée, dépense et risques inutiles.


Fox secoue la tête. Assis sur le muret du compound, avec Rider et Wild Bill, il observe les mecs de Viper one. Comme eux, ils sont habillés à la mode afghane, manteaux de laine, longues tuniques, pakol pour les uns et turban pour les autres, visages tannés et couverts d'une barbe de quelques mois. Seuls leurs pompes, leurs pantalons de combat et leurs gilets tactiques, passés par-dessus leurs fringues, les trahissent. Ils finissent de vérifier et collecter les données biométriques des cadavres des combattants, alignés les uns à côtés des autres à l' extrémité opposée de la cour. Tête bien droite, décollée du sol, fais risette, le petit oiseau va sortir. Maintenant donne ta mimine, je vais te scanner les doigts. Suivant ! Encore des infos qui iront se perdre dans une base de données US et viendront alimenter la grande machine à paranoïa. Et noyer le système. Trop d'info tue l'info.


Viper two est dispersée un peu partout et s'occupe de récupérer tout ce qui peut l'être, côté docs et pognon, et de piéger les bâtiments en vue de leur démolition. Pas besoin de charger la mule, avec tous les ingrédients volatils entrant dans la fabrication de l'héroïne, le feu d'artifice va être assez joli.


Quant à Voodoo… « Fox ! » Voodoo est avec Ghost et le seul survivant du carnage, un des deux arabes, très jeune, dix-sept piges à tout casser. Et il a besoin d'un coup de main. « Fox, rapplique ! »


Prévisible. Fox soupire, se lève et se dirige lentement vers son chef d'équipe. « Grand chef ?


- Je comprends rien à ce qu'il dit, ce trou du cul. Il refuse de parler anglais.


- Peut-être qu'il sait pas.


- Mais ouais, le monde entier parle comme nous sauf les enculés qu'on croise par ici ! Cause lui dans ta langue et demande lui d'où il vient et ce qu'il fout là. »


Fox dévisage Voodoo, un sourire aux lèvres, puis le gamin, assis par terre, mains ligotées au Serflex dans son dos et cagoule sur la tête. Il retire cette dernière en s'accroupissant devant le prisonnier. Visage juvénile, ombré par un duvet qui se voudrait plus viril, creusé par la fatigue et la trouille. Leurs yeux se croisent. Noir contre noir, le vide contre la pureté et l'angoisse. Ne pas se faire d'illusion cependant, du bon côté d'un AK47, l'histoire serait différente. Fox se met à parler avec douceur, en arabe, pendant une longue minute.


L'adolescent lui répond, avec un débit précipité et force mouvements de tête, comme pour donner plus de poids à son récit.


Dès qu'il a fini, Fox se marre et se relève. « Il vient des Emirats, comme l'autre, qui était son oncle. Il dit qu'il s'est retrouvé embarqué dans l'aventure sans savoir ce qui l'attendait. L'oncle aurait menti à son père.


- Ben voyons.


- Il supplie de le renvoyer chez lui. Il prétend qu'il était déjà captif, au Pakistan. Il insiste sur le fait que lui et sa famille se sont fait avoir, et qu'il veut revoir ses parents. »


Voodoo se penche vers le jeune bédouin et lui gueule dessus, avec son putain d'accent texan.


Le gamin se recroqueville sur lui-même.


Fox et Ghost laissent pisser. Tension post opération, Voodoo ventile, il fait ça à chaque fois.


Ils sont interrompus par l'officier des forces spéciales, Viper one one, un capitaine, qui vient les prévenir qu'ils sont prêts à remballer.


Ghost baille. « Bon, on en fait quoi, de lui ? » Du menton, il montre la boule de nerfs avachie à leurs pieds.


Fox observe discrètement son chef d'équipe, dont il devine les interrogations, est-ce que j'ai envie de m'emmerder avec ce merdeux, de m'en occuper jusqu'à ce qu'il soit pris en charge par ceux de Bagram, et intervient, l'air détaché, regard volontairement perdu en direction des montagnes, au loin. « Il peut sans doute nous renseigner sur les camps où il a traîné, chez les Pakis. Le patron sera content qu'on lui en ramène un, pour une fois qu'on les a pas tous butés.


- Et c'est pas comme si on n'avait pas la place dans les hélicos. » Le 'pite.


Deux Blackhawks, Jedi six et Jedi seven, doivent les exfiltrer. Capacité d'emport totale, vingt-deux combattants.


Voodoo baisse à son tour les yeux vers le prisonnier. « Ouais, ça devrait le faire. Vous les avez appelés ?


- Affirmatif. ETA (1) six minutes. »


Bruit de jerrycans pleins qu'on déplace. Les quatre hommes tournent la tête en direction des macchabées. Les gars de Viper one sont en train de les asperger avec l'essence du groupe électrogène du labo.


« Ce qui fait souffrir le vivant fait souffrir le mort, » lâche Fox.


Guerre psy. La crémation, c'est haram, péché. Des semaines qu'ils crament systématiquement tous les Talibans qu'ils tuent. Leur signature. Et la méthode porte ses fruits, l'ennemi commence à refuser de les combattre. Il reflue.


Sur le visage du prisonnier, qui a compris ce qui allait se passer, la terreur a cédé la place au dégoût et à la colère. Il commence à les insulter en arabe.


Fox lui donne un coup de crosse, sec et léger, à l'arrière du crâne.


Soudain, un morceau de la maison devant laquelle ils se tiennent leur tombe sur la gueule dans un nuage de poussière. Des détonations retentissent en écho et plusieurs impacts viennent percer les murs environnants.


Voodoo gueule « Doushka ! » Et tout le monde se jette par terre sans attendre.


Fox rampe jusqu'au muret, tête rentrée dans les épaules, visage au sol. Il y a une seconde rafale, des éclats de pierre volent dans tous les sens et retombent en pluie sur son dos. Il perçoit des cris surexcités, des injures… Puis un bruit humide et sourd, ponctué de craquements. Un objet, lourd, s'effondre sur sa droite.


Pause dans les tirs. Fox relève le nez, à peine, fait le point. Voodoo et l'officier de l'ODA sont à côté de lui, en vie, en boucle entre la panique et l'énervement. Ghost, couché dans ses cinq heures, a trouvé refuge contre le foyer du laboratoire, sous les tôles, au centre de la cour. Il entend Wild Bill et Rider jurer. Des injonctions fusent à l'endroit où se trouvait le gros de Viper One.


Jusqu'ici tout va bien.


Fox poursuit son tour d'horizon et tombe sur une main, pleine face, qui tient un fusil d'assaut. Dans le prolongement, un bras relié par un lambeau de tissu rougeâtre à un buste, posé à cheval sur l'enceinte du compound. Un des types des forces spéciales, cueilli au niveau des hanches, tronçonné. Ses jambes s'étirent loin, à angle droit. Entre les deux moitiés du bonhomme, un chapelet de chairs meurtries et d'intestins. Ils brillent dans le soleil du matin.


Quelques claquements, sur l'arrière. On est encerclés ? Merde, merde, merde ! Pas ça, pas ça ! Fox détourne les yeux et essaie de comprendre ce qui se passe.


Le prisonnier s'échappe entre les baraques, mains dans le dos, déséquilibré, à moitié courbé, et le capitaine l'allume au M4 pour le neutraliser, mais il n'a déjà plus de visuel, l'autre s'est faufilé entre deux bâtiments.


Dans trois ou quatre secondes, Fox lui-même ne le verra plus. Noir contre noir. Fox dégaine son pistolet, vise, la ligne des épaules, un poil en dessous. Sa main gantée tremble, l'adrénaline. L'angoisse et la pureté contre le vide, le conditionnement. Deux coups. Le premier tape dans une paroi de torchis. Pas le second. Le jeune Emirati plonge en avant, un spasme et rien. Un temps. Impression de silence. Plus jamais croiser le regard du gamin.


Autour de Fox, la guerre reprend ses droits. Les commandos commencent à tirer, à l'aveugle, de façon désordonnée. Les ordres fusent, confus. Les mouvements sont maladroits, hésitants. Ils se sont fait choper le pantalon sur les chevilles. Sifflements et chocs au-dessus de leurs têtes, terrifiant staccato.


Où sont les hélicos ?


Un interstice dans le muret, Fox y colle son œil. Evaluer l'ennemi.


Trois pickups se trouvent à quelques centaines de mètres à l'ouest de leur position, sur une piste qui sépare deux mouvements de terrain et descend jusqu'à eux. Pourquoi ne les ont-ils pas entendus ? La Doushka est sur le plateau du premier. L'antiquité russe, dont la mise en service remonte à la seconde guerre mondiale, continue à leur cracher tout ce qu'elle peut à la figure. Un groupe de Talibans est en train de débarquer du deuxième véhicule, pour se mettre à l'abri de rochers, de part et d'autre de la route. Quant au troisième 4×4, il fonce en direction du sommet de l'un des mamelons. Il y a trois moudjahidines à l'arrière qui, tant bien que mal, manipulent un objet apparemment assez lourd et encombrant. C'est un…


« Mortier ! Death Star ! »


Death Star et Black Star, les petits noms des deux collines, sur leurs cartes. Ouais, leur patron est un dingue de Star Wars.


Voodoo jure entre ses dents un truc que Fox n'entend pas, tant l'orage de 12.7 est dru. Ils ne ripostent pas, ils ne ripostent pas ! « Il faut riposter ! »


Où sont ces putains d'hélicos ?


Fox commence à bouger pour trouver une meilleure position de tir. Et s'éloigner des bâtiments. Parce que ça risque de chier grave si le tube taleb se met à chanter, avec tous les produits chimiques du labo et les charges de démolition.


Par dessus le chaos, la voix du contrôleur avancé de l'ODA se met à réciter une litanie de mort. « Striker one five, this is Viper two one. Calling in a splash ! We are getting dryhumped here, big time ! »


La réponse de leur couverture aérienne ne se fait pas attendre. Roger Viper two one, Striker one five is listening…


« Viper two one, Oscar one is on Death Star ! I repeat, Oscar one, top of Death Star… »


Le mortier. Prioritaire.


« Danger close… »


Fox frissonne.


Copy that Viper two one. Send in Oscar two !


Suivent les coordonnées de la Doushka, « Oscar two is at whisky charlie… » Identification du carré de Gardez. « Two five niner eight one… » Abscisse et ordonnée à dix mètres. « Three eight degrees… » Azimut. « Three zero zero metres… » Distance entre eux et l'objectif. « Danger close… »


Ils sont en plein dans l'aire d'effet des bombes.


Roger Viper two one, splash in thirty seconds…


Instinctivement, Fox met ses deux mains sur son crâne et colle son nez dans la terre. Il se tend, attend. Le vacarme des détonations est bientôt remplacé par un déchirement, dans le ciel. Les deux F15 sont déjà passés. Très haut. Il n'y a soudain plus aucun bruit et ensuite, à peine un glissement d'air. Fox ouvre la bouche. Premier bang, énorme. La dépression de l'explosion le frappe de plein fouet avec le souffle. Le muret s'effondre sur lui. Tout commence à trembler alentour. Mais il n'a pas le temps de réaliser, la seconde JDAM (2) vient frapper la piste. La mâchoire de Fox s'ouvre et se referme, incontrôlable. Il déglutit. Goût de métal et de sable dans la bouche. L'averse de débris ne s'arrête pas. Ses oreilles sont bouchées, les sons atténués. Quelques longues secondes encore, puis tout cesse. Fox se dégage avec peine des gravats, se redresse, jambes tremblantes.


Il n'est pas seul. Rider, déjà debout, vocalise en sourdine son admiration pour les pilotes de chasse et balance des injures en direction des carcasses calcinées des pickups. Les silhouettes des soldats de l'ODA apparaissent, fantômes de poussière dans la brume marronnasse qui traverse le compound.


Fox décompresse et son audition redevient peu à peu normale. Il entend des guitares, en partie couvertes par les hurlements de rotors, en approche par le sud.



Little soldiers in a row


Falling in and out of love


Something sweet to throw away…



Jedi six et seven arrivent enfin et, fidèles à leurs habitudes, viennent les chercher en musique.



I want something good to die for


To make it beautiful to live…



A côté de Fox, deux mecs de Viper two ont déplié un brancard en plastique sur lequel ils essaient de faire tenir les bouts de leur copain. Au pied des collines, des cadavres brûlent. A l'autre bout du compound aussi. Il voit Ghost jeter le corps du gamin sur le bûcher.



I can go with the flow… I can go… (3)



Fox sourit, il est vivant.




_______________


(1) Estimated time of arrival : temps d'arrivée estimé.




(2) Joint direct attack munition : type de bombe guidée par GPS et centrale inertielle.




(3) © Queen of the Stone Age, Go with the flow.




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Published on November 05, 2010 09:16

DOA's Blog

DOA
DOA isn't a Goodreads Author (yet), but they do have a blog, so here are some recent posts imported from their feed.
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