“Il y eut aussi les viols. Une étude a décompté les viols de guerre commis par les troupes américaines (de toutes couleurs) en Europe en 1944 et 1945. Il y aurait eu près de 17 000 viols commis par des GI américains en Allemagne (et 3 620 en France). Car le viol, on ne le dit pas assez, de tout temps et en tout lieu, a toujours été et demeure une des plaies de la guerre, quelle qu’elle soit2. La libération de l’Europe n’a pas dérogé aux règles barbares selon lesquelles les femmes sont quasi systématiquement les victimes sexuelles des troupes d’invasion et d’occupation. Ainsi, comme dans toutes les guerres, beaucoup d’enfants naquirent de ces rencontres3. On estimait en 1952 à 94 000 le nombre de « bébés de l’occupation » (Besatzungskinder). Plus de 3 000 étaient métis (« enfants de l’occupation illégitimes de couleur ») ; de ces derniers, les deux tiers vivaient chez leurs parents et près de 400 dans la famille, mais 450 dans des familles nourricières et 314 en institutions ; 350 (soit environ 10%) étaient complètement abandonnés, 362 seulement furent reconnus ou aidés par leur père4.”
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Catherine Coquery-Vidrovitch,
Des victimes oubliées du nazisme: Les noirs et l'Allemagne dans la première moitié du XXe siècle (Documents)