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Bien qu’elle ne soit pas recommandable, doit-on pour autant mettre de côté la cruauté ? L’occultation des représentations de la cruauté des femmes n’aurait-elle pas des effets délétères sur les femmes réelles ? Entre autres, celui de leur laisser croire qu’elles en sont dépourvues, et ainsi, leur soutirer une complexité humaine ?
Réhabiliter la cruauté des femmes à travers les récits, c’est témoigner de leur humanité. C’est leur redonner leurs sentiments, leurs vécus, leurs identités. Parce que les femmes sont elles aussi parfois amorales, dangereuses, enragées, non fiables, imprévisibles et menaçantes. Elles aussi savent écraser les chenilles au printemps.
Nous vous appartenons. Nous, notre intégrité et notre hymen avec.
Les pulsions sexuelles que vous voulez réprimer finissent par déborder. Vous avez beau nous encadrer en séparant les cousins des cousines dès le début de l’adolescence ; vous ne le savez pas, mais vous n’avez jamais réussi à éteindre la braise qui consume nos corps.
J’haïs celles qui sont persuadées que la vérité absolue sur la féminité se trouve dans ces dévoilements. Exposer la vie de maman est un sceau sur le statut, une manière d’être approuvée. Elles sont comblées par l’expérience totale. La maternité, dans ses bonheurs et ses revers, les rend plus « femmes ». Elles ne comprennent ni les femmes qui ne veulent pas d’enfants, ni celles qui ne peuvent en avoir. Elles sont aveuglées par leur propre définition du féminin. Ce féminin dont elles sont propriétaires.
L’amour-propre est le point de départ, et il l’est encore à chacune des heures de la nuit durant lesquelles les parents ne dorment pas.
Parce que collectivement, on est incapable de répondre à la question : qui sont les femmes quand elles ne sont pas des mères ?
Elle m’écrit que pour elle, la honte et la joie, c’est ce qui forme la chair de la vie. Je relis sa phrase pour m’en imprégner. Ça me semble très juste. La honte et la joie, c’est ce dont je me souviens le plus viscéralement.
