Kindle Notes & Highlights
Quel long travail d’obstination que le parcours de l’identité...
Comme j’aimais cet univers féminin tout en secrets et pudeurs. Ces bonnes grosses femmes chaleureuses et complices, généreuses jusqu’à l’abnégation, simples et naïves à la limite de la bêtise.
Et j’étais désolée, à l’heure du repas, de voir dévorés en un tour de main des plats qui avaient consumé des heures infinies de patience. Tout le destin absurde des femmes me semblait résumé là, dans ce gaspillage quotidien et indifférent d’une vie de labeur...
la solidarité des femmes n’est instinctive que dans le désespoir ; mais que l’une d’elle surmonte l’impuissance-fatalité où la soumettrait son sexe et voilà la compatissante gente féminine mue en horde vindicative. Unies dans la faiblesse. Ennemies dans le pouvoir.
j’ai cru qu’il suffisait d’être avertie pour être épargnée et j’ai sous-estimé le poids insurmontable de l’habitude et de l’ordinaire.
Papa, maman, je demande pardon, je suis très malade et je n’arrive plus à supporter ma vie...
Qui suis-je ? Tellement disloquée de ne me sentir ni française, ni marocaine... Etrangère en pays étranger, étrangère dans le mien. A la solde de n’importe qui, à la merci de n’importe quoi...
Pourquoi entretenons-nous le mythe de femmes qui n’ont de cesse que d’écarter les jambes dès qu’elles ne sont plus tenues en laisse par un père ou un mari ? J’ai compris maintenant que travailler n’aurait sans doute pas changé grand-chose à mon désarroi d’individu bâillonné, sous surveillance. Toutes ces femmes qui ont ajouté une autre corvée à leurs travaux quotidiens ne sont pas plus libres, plus épanouies ni plus responsables. Leurs obligations se sont alourdies mais leurs droits n’ont pas évolué ni leur statut de citoyen secondaire. Seulement voilà : très prosaïquement, certaines se sont
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Dieu Miséricordieux, si je n’ai pas su T’aimer comme ils y prétendent, si j’ai mal accompli mes devoirs, si mes yeux fatigués se révoltent de l’ombre, si je me suis trompée, si j'erre en vagabonde hors de Ta foi négligée, Oh Dieu de mon enfance, Dieu de ma sérénité, Eclaire mon âme, Guide mes pas vers Ta paix...
Comme si vivre ensemble n’avait pas d’importance et que de toujours, de toute façon, les choses étaient comme ça, les femmes étaient comme ça, les hommes étaient comme ça... Qu’un couple était voué à vieillir dans la négligence, la paresse, le manque d’exigence. Qu’ils étaient tous deux programmés à reproduire ce que d’autres, tacitement, faisaient aussi. Puis dans leurs rencontres communes, “eux” se délecteraient misérablement de propos égrillards et vaniteux sur les petites jeunes femmes fraîches qu’ils échangeraient bien contre leurs vieilles; “elles” mépriseraient, avec lassitude,
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Il était son mari, elle était son épouse, voilà qui était essentiel et immuable. Qui impliquait, pour tous et chacun, un ensemble de certitudes inviolables, de responsabilités très exactement réparties. En fait, le sacré de leur lien primait sur la qualité de leur relation. La fonctionnalité de leur relation transcendait l’expression de leur identité. Encore une fois, le paraître anéantissait l’être, la forme devançait le fond. Et les apparences étaient sauves.
Ils étaient indifférents mais unis, s’acquittant avec plus ou moins de soin de leurs devoirs mais depuis longtemps incapables de s’émouvoir l’un par l’autre.
C’est toujours par amour, d’ailleurs, qu’on nous empoisonne l’existence, qu’on nous piège et nous étouffe. Et depuis que nous existons, c’est pour notre bien qu’on nous fait du mal.
Je me souviens seulement : n’avais-je pas toujours été remplie de colère à la seule évocation de la violence physique ? L’idée qu’il y ait des femmes tolérantes aux agressions de leur partenaire me stupéfiait. Je considérais qu’il devait s’agir d’une espèce soumise, idiote ou misérable, en nécessaire voie de disparition. Que connaissais-je des raffinements de la violence ? Le monde à quinze ans se range simplement : là est le mal, ici est le bien, ceux-là sont les méchants, les autres sont les bons. Mais qu’on soit à la fois bon et méchant, que le mal soit autant mêlé au bien, que ces mots
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Ma fille, ma fille, n’oublie pas ce que je te dis : il faut oser vivre... Saisis le monde qui t’entoure avec ton cœur. Ne te ferme pas à la connaissance, à la culture, à la découverte. Et ne crois jamais que l’amour des autres signifie le mépris de soi. On attendra cela de toi comme preuve de ta tendresse. Ne t’y trompe pas. Ne t’égare pas dans le chantage collectif de la possessivité. Ce type d’amour est la terre la plus infertile qui soit. Il n’y pousse que violence, injustice, et amertume. Ne te donne pas en pâture pour nourrir l’intolérance des autres.
A ton tour, ne te fixe pas comme condition à tes bonheurs de changer les êtres que tu aimes et de leur imposer tes certitudes. Ne les accueille pas avec une calculette pour repère. Ne triche pas. Si tu cherches à être rusée dans tes affections, tu seras la première perdante. En