L’Épreuve de faiblesse : Les conséquences géopolitiques du Coronavirus

by Bruno Tertrais

Des trois futurs possibles pour le monde de 2030 proposés par la communauté du renseignement américaine en 2017, celui des « Archipels » (monde fragmenté) semble plus probable que ceux des « Orbites » (compétition de puissances) ou des « Communautés » (monde hyper-connecté). Le scénario « Archipels » était d’ailleurs issu, entre autres facteurs… de la « grande pandémie de 2023 ».

Les États déjà fragiles risquent d’être fortement déstabilisés et l’opportunisme stratégique va battre son plein : régimes autoritaires profitant de la situation pour accroître leur emprise, organisations radicales cherchant à pallier les déficiences des services publics… Certaines puissances majeures ne sont pas en reste. Pékin redouble d’activité en mer de Chine du sud ; et, à Washington, on s’interroge sur l’opportunité d’agir pour affaiblir encore un peu plus l’Iran. À moyen terme, le recul de l’interdépendance économique pourrait être belligène – c’est un enseignement de l’histoire. Qui nous apprend aussi que l’affaiblissement, voire le déclin ne sont pas toujours gages de prudence à l’extérieur : c’est même souvent le contraire.

Au fond, aucun des modèles politiques contemporains ne s’est révélé particulièrement apte à gérer efficacement cette crise : ni les grandes démocraties ; ni les autocraties ou les dictatures ; et encore moins les populismes.