More on this book
Kindle Notes & Highlights
Il y a les échecs qui induisent une insistance de la volonté, et ceux qui en permettent le relâchement ; les échecs qui nous donnent la force de persévérer dans la même voie, et ceux qui nous donnent l’élan pour en changer. Il y a les échecs qui nous rendent plus combatifs, ceux qui nous rendent plus sages, et puis il y a ceux qui nous rendent simplement disponibles pour autre chose.
Il est implicite dans les écrits existentialistes de Sartre : si, toute notre vie, nous pouvons devenir, si, comme l’écrit Sartre, nous ne sommes pas enfermés dans une essence, c’est que l’échec peut avoir la vertu de nous porter vers cet avenir, de nous aider à nous réinventer.
Dans l’ivresse du succès, nous avons souvent l’impression de flotter. Nous l’affirmons volontiers : nous ne « réalisons » pas. Dans l’échec, au contraire, nous nous heurtons à une réalité que nous ne connaissions pas, et qui nous heurte. Ce qui nous surprend, nous saisit, et que la théorie ne peut circonscrire : n’est-ce pas là une définition de la vie ? Plus vite nous échouons, plus tôt nous la questionnons. C’est la condition de la réussite.
La vérité n’est jamais qu’une erreur rectifiée. »
Une très grande série de succès ne prouve aucune vérité, quand l’échec d’une seule vérification expérimentale prouve que c’est faux
Au fond, ce qui transforme une erreur « normale » en échec douloureux, c’est le fait de mal la vivre : le sentiment de l’échec. La culture de l’erreur protège du sentiment d’échec.
Dans le péril, croît aussi ce qui sauve.
Dans la crise, deux éléments se séparent, créant une ouverture, un espace dans lequel il va devenir possible de lire quelque chose.
Nos crises existentielles nous livrent le même enseignement. Une crise de couple est souvent l’occasion de mieux comprendre ce à quoi l’un et l’autre aspirent, sur quelles bases ils peuvent – ou pas – être heureux ensemble. Et qu’est-ce qu’une dépression sinon une invitation, particulièrement douloureuse, à ouvrir une fenêtre sur ce que nous ne voulons pas voir ? C’est même probablement la fonction de la dépression : nous forcer à nous arrêter pour nous interroger sur nous-mêmes, sur l’écart entre notre existence et ce que nous en attendons, sur nos dénis, nos désirs inconscients. Combien
...more
Ce n’est pas parce que la fenêtre s’ouvre que nous sommes assurés de comprendre ce qu’elle nous montre.
Se laisser amoindrir par la crispation identitaire en sombrant dans la peur, la déploration ou le repli, c’est se laisser contaminer par la tristesse.
faire de son insatisfaction un moteur, une force de proposition humaniste.
Faire l’expérience de l’échec, c’est éprouver son désir et se rendre compte qu’il est parfois plus fort que l’adversité.

