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December 25, 2024 - March 24, 2025
Je me souviens d'avoir éprouvé une certaine gêne, car j'avais lu la remarque d'Einstein : « Pour marcher au pas, le cerveau est superflu, la moelle épinière suffit. »
Il ne pourra cependant avoir accès à ce qui fonde réellement sa singularité, sa capacité à devenir lui-même grâce aux rencontres ; cette performance essentielle ne peut être constatée par l'observateur qui étudierait un individu en l'isolant de sa communauté.
Cette première femme et ce premier homme ne pouvaient pas, par définition, avoir des parents ; fallait-il ou non doter leur image d'un nombril ?
Le déficit de la Sécurité sociale doit-il ou non être réduit, et si oui par quelles mesures ? Ce n'est pas à l'économiste de répondre, mais au citoyen. Il s'agit d'une décision typiquement politique, elle implique le choix de la civilisation vers laquelle tend la société. Les spécialistes peuvent faire de savants calculs pour mesurer le coût et les conséquences pour l'économie d'un programme d'amélioration de la santé publique, de même ils peuvent évaluer l'impact d'un programme d'exploration de la planète Mars, mais c'est au citoyen de définir les priorités entre ces projets.
Le métier de TF1, dit son président, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible ; c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. » Vous avez bien lu. Dans l'esprit de ce patron de télé, son métier consiste à décerveler les téléspectateurs afin de vendre, à des entreprises avides de chiffre d'affaires, cette
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Ce qui donnerait raison à l'adage : « Si tu veux la paix prépare la guerre. » En réalité, cet adage est le sommet de la stupidité et ce raisonnement s'apparente à celui de Gribouille : se jeter dans la rivière pour éviter d'être mouillé par la pluie.
Mais ce fanatisme n'est pas l'apanage de telle culture ou de telle religion. N'oublions pas que c'est un Occidental, un chrétien, le président Harry Truman, qui a osé s'adresser publiquement à Dieu au lendemain de l'explosion d'Hiroshima pour – je cite : « Le remercier de nous avoir donné cette arme. »
Un humain face à un autre. Ce que chacun ressent lui est suggéré par son expérience qui peut l'inciter à des attitudes opposées : craindre, se protéger, préserver sa propre identité en se refermant, ou faire confiance, partager, accepter le risque d'un cheminement commun. À chaque instant, un équilibre provisoire est obtenu entre ces deux positions aussi aventureuses l'une que l'autre. Cet équilibre est géré par chacun selon ses angoisses et ses espoirs personnels, mais il est influencé par les non-dits de la société. Force est de constater que la nôtre privilégie la fermeture. Elle présente
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Songeons à la multiplication des objets inutiles et rappelons-nous la réaction de Socrate qui se serait écrié en entrant dans une boutique : « Que de choses dont je n'aurai jamais besoin ! » Que dirait-il aujourd'hui en entrant dans un supermarché ? Songeons aux dépenses consenties par de grandes entreprises pour « améliorer leur image de marque », admettant cyniquement que la qualité de leurs produits a moins d'importance que la présentation de ces produits telle qu'elle est imposée par la publicité. Songeons aux destructions des ressources naturelles ou des ressources humaines provoquées par
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L'évidence en est donnée par les hymnes à la croissance chantés par tous les économistes : tout s'arrangerait, selon eux, si l'activité économique s'accroissait de trois pour cent l'an. Dans l'immédiat cela peut être vrai, mais la question est : combien de temps ce remède pourra-t-il être utilisé sachant que ce rythme correspond à une multiplication par vingt en un siècle ?
C'est désormais un fait, toute décision importante prise par un chef d'État, que ce soit le président des États-Unis refusant de signer le protocole de Kyoto ou les ayatollahs d'Iran se dotant de l'arme nucléaire, concerne tous les humains. Elle devra donc être l'aboutissement d'un processus démocratique auquel ils seront tous appelés à participer.
Il faut l'affirmer en toute occasion : la fonction du système éducatif n'est pas de fournir à ce Moloch qu'est le système économique les femmes et les hommes compétents dont il prétend avoir besoin. Son objectif est de participer à une tâche autrement décisive : aider chacun à devenir lui-même en rencontrant les autres.
Les éducateurs, dans la famille ou à l'école, doivent s'y résigner : ils n'ont accès qu'à une partie des chemins parcourus par l'enfant à la recherche de lui-même. Leur art est d'être présents sans s'imposer, attentifs sans être indiscrets, disponibles sans être envahissants. Ils doivent lui laisser la liberté de dévoiler des facettes différentes de soi, respecter son jardin secret.
La paix entre les humains ne dépend que d'eux, elle est possible. Mais elle n'est nullement certaine, le pire est lui aussi possible. Entre le pessimisme désespéré et l'optimisme satisfait, la seule attitude raisonnable est le volontarisme. À nous d'agir, pour que tous les humains combattent ensemble leurs ennemis communs : la maladie, l'égoïsme, la faim, la misère, le mépris. Pour qu'ils acceptent enfin l'évidence : chacun peut trouver sa source chez les autres, tous les autres.