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Kindle Notes & Highlights
L'heure d'après, je savais que cette marque d'affection n'avait de sens que dans le moment où elle s'était produite et n'apportait aucune garantie pour l'avenir.
Elle est toujours ce qu'elle a été depuis 52, une chose de folie et de mort, à laquelle j'ai constamment comparé, pour évaluer leur degré de douleur, la plupart des événements de ma vie, sans lui trouver d'équivalent.
, je suis en train de commencer un livre, j'ai pris le risque d'avoir tout révélé d'emblée.
J'étais absente de ce défilé de nuages, soleil avec éclaircies, bourrasque, marquant l'avancée du temps.
Ce qui m'importe, c'est de retrouver les mots avec lesquels je me pensais et pensais le monde autour. Dire ce qu'étaient pour moi le normal et l'inadmissible, l'impensable même.
Et devant elle, l'immensité du temps à vivre. Il n'y a pas de vraie mémoire de soi.
Peut-être s'agit-il encore de cette chose folle et mortelle, insufflée par ces mots d'un missel qui m'est désormais illisible, d'un rituel que ma réflexion place à côté de n'importe quel cérémonial vaudou,
Croyance générale qu'on ne peut aller quelque part sans connaître et admiration profonde pour ceux ou celles qui n'ont pas peur d'aller partout.
il y a une grande douceur partout. J'éprouve un sentiment d'avenir. Le même que j'ai en chantant à pleine
voix dans la chambre Mexico et Voyage à Cuba, celui que donne tout l'inconnu de la vie devant soi.)
Les phrases qui unissent mystérieusement le corps à l'avenir, au reste du monde, fais un vœu tu as un cil sur la joue, j'ai l'oreille gauche qui siffle on dit du bien de moi, et naturellement à la nature, mon cor me fait mal, il va pleuvoir.
me semble que je cherche toujours à écrire dans cette langue matérielle d'alors et non avec des mots et une syntaxe qui ne me sont pas venus, qui ne me seraient pas venus alors. Je ne connaîtrai jamais l'enchantement des métaphores, la jubilation du style.)
comme si le temps ne se comptait qu'en objets.
l'odeur de la première flambée de l'automne,
Le pire dans la honte, c'est qu'on croit être seul à la ressentir.
Il y a ceci dans la honte : l'impression que tout maintenant peut vous arriver, qu'il n'y aura jamais d'arrêt, qu'à la honte il faut plus de honte encore.
(Après chacune des images de cet été, ma tendance naturelle serait d'écrire « alors j'ai découvert que » ou « je me suis aperçue de » mais ces mots supposent une conscience claire des situations vécues. Il y a eu seulement la sensation de honte qui les a fixées hors de toute signification. Mais rien ne peut faire que je n'aie éprouvé cela, cette lourdeur, cette néantisation. Elle est la dernière vérité.
mais comment affirmer qu'un fait survenant après un autre n'est pas vécu dans l'ombre portée du premier, que la succession des choses n'a pas de sens.)
La honte n'est que répétition et accumulation.
J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable.
Tout ceci n'est peut-être qu'une illusion mais je ne puis mettre en doute ce que j'ai ressenti. Le souvenir aussi est une expérience. »

