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Pour l’instant, ils aimaient l’idée d’être deux, seuls au monde, dans le plus parfait cliché de l’aisance sentimentale.
Les années passèrent ainsi, et tout paraissait si simple. Alors que les autres faisaient des efforts. Nathalie ne comprenait pas cette expression : « Un couple, ça se travaille. » Les choses étaient simples ou elles ne l’étaient pas, selon elle.
À vrai dire, il ne pouvait pas nier deux choses : la première était qu’il avait toujours été attiré par elle. La seconde était que son attirance s’était accentuée depuis la mort de son mari. C’était difficile de s’avouer ce genre d’inclination. Était-ce une affinité morbide ? Non, pas forcément. C’était son visage. Il était comme sublimé par son drame. La tristesse de Nathalie aggravait considérablement son potentiel érotique.
— C’est si dur de mettre des mots sur ce que je ressens. — Je le sais Nathalie. — Mais je crois que je peux te répondre : tu ne me plais pas. Et même, je crois que je ne suis pas à l’aise avec ta façon d’essayer de me séduire. Je suis certaine qu’il n’y aura jamais rien entre nous. Peut-être que je ne serai tout simplement plus capable d’aimer quelqu’un, mais si jamais je l’envisageais un jour, je sais que ce ne serait pas toi.
Pourtant, il savait qu’elle ne viendrait pas le voir. Peut-être même qu’elle avait oublié ce moment, qu’il n’avait été pour elle qu’un acte gratuit ? Son intuition était bonne. Il sentait une injustice terrible dans cette possibilité : comment l’acte du baiser pouvait-il être gratuit pour elle alors qu’il avait une valeur inestimable pour lui ? Oui, hors de prix. Ce baiser était là, partout en lui, marchant dans son corps.
Le mieux était peut-être d’annuler. Il était encore temps. Problème de force majeure. Oui, je suis désolé, Nathalie. J’aurais tellement aimé, vous le savez bien, mais bon, c’est juste qu’aujourd’hui maman est morte. Ah non, pas bon ça, trop violent. Et trop Camus, pas bon le Camus pour annuler. Sartre, bien mieux. Je ne peux pas ce soir, vous comprenez, l’enfer c’est les autres. Une petite tonalité existentialiste dans la voix, ça passerait bien.
Markus avait souvent observé Nathalie. Il aimait la voir marcher dans les couloirs avec des tailleurs à tomber sur la moquette. L’idée de son image fantasmée entrait en collision avec son image réelle.
le male gaze en littérature c’est 1 dinguerie et jsp pourquoi ça me choque autant voire plus qu’au cinéma, parce que autant un réalisateur misogyne c’est logique il met juste des meufs à poil mais un écrivain qui masque son objectivation des femmes par des jolis mots c plus vicieux jsp
Alors qu’elle se dirigeait vers l’ascenseur, elle fut frappée par une vision improbable : Markus et Nathalie partaient ensemble. Elle s’approcha d’eux, sans qu’ils puissent la voir. Il lui sembla entendre le mot « théâtre ». Elle ressentit aussitôt quelque chose qu’elle n’arrivait pas à définir. Comme une gêne, un dégoût même.
Le moment, en devenant parfait, l’avait fait fuir.
Étonnant comme parfois on prend des résolutions, on se dit que tout sera ainsi dorénavant, et il suffit d’un mouvement infime des lèvres pour casser l’assurance d’une certitude qui paraissait éternelle.
Voilà à peu près ce qu’il aurait aimé dire. Mais c’est ainsi : on a toujours cinq minutes de retard sur nos conversations amoureuses.
Elle aurait voulu en rire. Mais elle n’aimait pas beaucoup ce qu’elle voyait. Elle se sentait tendue, gênée par l’agitation qui les entourait. Cela la renvoyait à la mesquinerie des gens après l’enterrement de François. Aux encombrantes manifestations de compassion. C’était peut-être une lubie, mais elle y voyait comme des vestiges du temps de la collaboration. En observant certaines réactions, elle se disait : « S’il y avait une nouvelle guerre, tout serait exactement pareil. »
Les grands-mères, peut-être parce qu’elles ont connu la guerre, ont toujours de quoi faire manger les petites filles qui débarquent en pleine soirée avec un Suédois.
ok peut-être que je suis folle mais c’est écrit comme si l’auteur voulait qu’on quote son livre, un peu comme les personnalités connues qui font des poses un peu stylées parce qu’ils voudraient tellement qu’on fasse des édits d’eux sur du benson boone