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C'est l'équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim.
ignorants affolés de science.
il pousserait des hommes, une armée d'hommes qui rétabliraient la justice.
Est-ce que vous avez besoin d'un bon Dieu et de son paradis pour être heureux? est-ce que vous ne pouvez pas vous faire à vous-mêmes le bonheur sur la terre?
Des minutes s'écoulèrent, ni lui ni elle ne remuait, leur souffle s'embarrassait seulement, malgré leur effort pour le retenir.
Non! il fallait s'en mêler, autrement l'injustice serait éternelle, toujours les riches suceraient le sang des pauvres.
le temps venait où les misérables, poussés à bout, feraient justice.
Les yeux brûlaient, on voyait seulement les trous des bouches noires, chantant La Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure.
Le silence bourdonnait à ses oreilles,
Il s'était mis simplement devant la cheminée, car il craignait de les voir se culbuter dans le feu.
Jeanlin se ramassa, se traîna sur les mains, avec le renflement félin de sa maigre échine; et ses larges oreilles, ses yeux verts, ses mâchoires saillantes, frémissaient et flambaient, dans la secousse de son mauvais coup.
C'était sa promenade favorite, un sentier gazonné de deux lieues, filant tout droit, le long de cette eau géométrique, qui se déroulait pareille à un lingot sans fin d'argent fondu.
Mais Souvarine s'emporta, se répandit sur la bêtise des socialistes qui acceptent Darwin, cet apôtre de l'inégalité scientifique, dont la fameuse sélection n'était bonne que pour des philosophes aristocrates.
Et l'on vit alors une effrayante chose, on vit la machine, disloquée sur son massif, les membres écartelés, lutter contre la mort: elle marcha, elle détendit sa bielle, son genou de géante, comme pour se lever; mais elle expirait, broyée, engloutie.
Et, dans cette attente d'un envahissement des barbares, régénérant les vieilles nations caduques, reparaissait sa foi absolue à une révolution prochaine, la vraie, celle des travailleurs, dont l'incendie embraserait la fin du siècle de cette pourpre de soleil levant, qu'il regardait saigner au ciel.
Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre.

