Jul Maroh's Blog
September 29, 2025
La n��gociation de la grenouille
Dans mes rencontres, que ce soit �� une teuf ou un d��placement pro, il arrive parfois que des gens aient une vision boh��me de ma condition d���artiste, projection allant souvent de pair avec la fameuse question �� Et tu en vis ? ��. Ils se rendent compte tr��s vite qu���ils viennent de prononcer le mot de passe qui ouvre le sac de Mary Poppins, d’o�� peuvent sortir les plus gros ��l��phants. Le genre d�����l��phants qui occupent une pi��ce du minist��re de la Culture, o�� des personnes font fi de ne pas les voir. �� Comment ��a, vous n���avez pas de statut, ni de salaire minimum ? Les heures compt��es, non plus ? Pas de cong��s pay��s ? Pas de droit au ch��mage ? Et vos arr��ts maladie…? L���I.A. qui vole vos productions en toute impunit�� et vous remplace dans vos jobs ? ��
�� Donc tu en vis mais COMMENT tu en vis ? ��
Attends darling, Mary Poppins n���a pas fini.
Il y a un autre ��l��phant – particuli��rement volumineux et install�� – dont la pr��sence dans le monde culturel et m��diatique commence �� ��tre discut��e �� b��tons rompus, et que j�����voquais dans ma newsletter du 15 septembre. Je crois que si ce domino-l�� bouge, tous les autres peuvent tomber.
Cet ��l��phant c���est l���empire Bollor��.
On sait que l���empire Bollor�� est un projet politique r��actionnaire, ultra-conservateur, d���extr��me-droite assum��e(1). Et quand un milliardaire a de tels projets, c���est attendu qu���il cherche �� diffuser ses id��es et �� manipuler l���information �� grande ��chelle, donc �� occuper et transformer �� son image le champ m��diatique, culturel, litt��raire.
Bollor�� s���est empar�� de la firme Hachette en 2023. Hachette c���est plus 2,8 milliards d���euros de chiffre d���affaire la m��me ann��e(2). M��me chose en 2024(3). Quasiment 6 milliards d���euros pour alimenter son projet d���extr��me-droite juste en deux ans. Et bien que nous ayons toutes les infos au clair (le mec ne s���en cache pas, il suffit de voir ce qui se passe chez Fayard(4), on assiste �� une forme de dissonance cognitive g��n��ralis��e depuis deux ans : des auteurices continuent de publier au sein du groupe Hachette/Bollor��, des lecteurices qui se disent contre le fascisme continuent d���y d��penser leur argent, les ��diteurices d���y travailler, et les festivals culturels bien que vis��s par les mesures d���aust��rit�� et de formes de censures/pressions continuent d���inviter tout ce monde.
Dans ce contexte, cette ann��e le milieu f��ministe-queer-d��colonial a commenc�� �� poser une question l��gitime en tapant sur sa montre : what the fuck ?!
Ces remous sont arriv��s jusque dans la presse g��n��raliste, notamment via l���article Quand on est auteur de gauche, publier chez Bollor��, est-ce tromper ?(5) de Simon Blin et Adrin Frauque, dans le journal Lib��ration du 20 septembre. Un titre racoleur, et un article qui soul��ve un pan du tapis mais qui �� mon sens ne montre pas tout ce qu���il y a dessous, loin de l��, pr��f��rant plut��t questionner les m��thodes du collectif D��sarmer Bollor�� en y opposant des t��moignages d���auteurices notables (et moi-m��me je suis contre toute forme de dogpilling).
Mary Poppins propose donc d���aller au fond du sac. Rappelons que le monde litt��raire francophone est une industrie. Et les rouages de cette industrie, soumise aux lois du march�� et �� des business models, ne reposent pas QUE sur les auteurices, voire tr��s peu. Le march�� litt��raire fait surtout confiance aux personnalit��s pour rester juteux : des politiques, des influenceurs, youtubeurs, ����stars���� de leur domaine etc. Ici le premier rouage ce n���est pas l���auteur, c���est l���argent. Et par l��, la personne qui le d��pense et alimente cette machine : le lectorat. L���article aurait pu s���intituler �� Quand on est lecteur de gauche, acheter chez Bollor�� est-ce tromper ? �� ou plus g��n��ralement �� Quand on est de gauche, donner son argent �� Bollor��, est-ce tromper ? ��
(Il va de soi que les actionnaires ont leur part dans cette histoire, mais la formule �� actionnaires de gauche �� aurait peu de cr��dibilit�� ici.)
J���ai rappel�� dans mon pr��c��dent article les conditions de vie et de travail des artistes-auteurs en France, et leur d��tresse(6). J���ai aussi rappel�� le nombre d���oppressions q���un.e artiste queer ou f��ministe peut subir : la pr��carit��, l���inconsistance des lois �� son endroit, l���invisibilit�� des minorit��s politiques, voire des violences. D���autant plus si iel est non-blanche et/ou handi. Et j’ai demand�� : qu���en est-il de la responsabilit�� collective envers les artistes ?
Dans cette continuit��, l���autrice Pauline Harmange pose la question d���o�� d��coule tout le reste, dans le papier du 20 septembre de Lib��ration :
�� Dans l�����tat actuel des choses, la majorit�� des livres que vous lisez sont ��crits par des personnes qui ne gagnent pas un smic net par an pour les ��crire. Je suis une grand d��fenseuse de l�����dition ind��pendante, mais o�� est l���argent ? D��j�� pas de ouf dans les grands groupes, mais alors pas du tout dans les petites maisons. ��
L���argent est dans la poche de celleux qui ach��tent nos livres et qui fa��onnent grandement ce march�� ! Fayard est un excellent exemple �� ce sujet : 28% de pertes de son chiffre d���affaires par rapport �� l���ann��e pr��c��dente(7). Un million d���euros en moins, que les lecteurices ont d��pens�� ailleurs.
Ce que les maisons d�����dition non-r��actionnaires (ind��pendantes ou non) peuvent proposer financi��rement et contractuellement aux auteurices va d��pendre de leurs b��n��fices, et des subventions re��ues par des organismes (le CNL, la Sofia, le CNAP etc). C���est pour ��a qu���il est crucial que le lectorat francophone saisisse l���importance de boycotter toute publication Hachette/Bollor��, et de soutenir en contrepartie les maisons d�����ditions qui ne participent pas �� alimenter la machine de l���extr��me-droite. Pour chaque livre vendu, le groupe Bollor�� touche plus du double que ses auteurs(8). Le lectorat PEUT et DOIT renverser l�����conomie en jeu, et les auteurices stars peuvent y aider aussi. Un autre t��moignage dans Lib��ration ��voque qu���il serait inenvisageable pour les travailleurs (��diteurs, autrices etc) de Hachette de �� partir du jour au lendemain ��, de �� d��serter ��. Il ne s���agit pas de d��serter l�����dition, mais bien l�����conomie qui alimente l���extr��me-droite et le fascisme. De la m��me mani��re que des m��dias non-r��actionnaires et garants du cordon sanitaire ont ��t�� mont��s dans le milieu m��diatique(9) lorsque les ultra-riches se sont empar��s des grandes cha��nes (Blast, Basta!, Ballast, Le Diplo, M��diapart, Alternatives Economiques, la D��ferlante, Histoires Cr��pues, la liste est longue).
Je vois la dissonance cognitive de certain.e.s depuis le rachat d���Hachette par Bollor�� comme une tentative de n��gociation de la grenouille dans l���eau chaude. Tout le monde voit sous nos yeux les ultra-riches d���extr��me-droite s���emparer petit �� petit du champ m��diatique, culturel, litt��raire. Ce n���est pas un ph��nom��ne �� du jour au lendemain ��. Les books bans(10) ��tats-uniens sont la prochaine ��tape si l���extr��me-droite l���emporte chez nous. Et avoir publi�� chez Hachette ne prot��gera aucun.e auteurice.
L���initiative du romancier Alexandre Galien est �� saluer. Auteur d���un best-seller paru chez Fayard en 2019, il a d��cid�� ce mois-ci de reverser tous les futurs droits d���auteur du dit-livre au MRAP, le mouvement contre le racisme et pour l���amiti�� entre les peuples(11).
M��me lorsque nous sommes li��.e.s par contrat, il y a donc des moyens de lutter.
En 2016, lors de la r��v��lation des Panama Papers, j���ai d��couvert avec d��go��t que mon ��diteur Jacques Gl��nat ��tait l’un des ��vad��s fiscaux d��nonc��s. Mon troisi��me livre au sein de cette maison devait sortir quelques mois plus tard… Bien qu���il ait ferm�� son offshore aux Seychelles deux ans plus t��t, �� selon le PNF, cette fraude a permis la dissimulation de 9,9 millions d���euros, la perception �� ill��gale �� de 4 millions d���euros de dividendes, qui ont notamment permis �� M. Gl��nat d���acqu��rir sous couvert de ces soci��t��s pour plus de 3,5 millions d���euros d�����uvres d���art. ��(12) C���est aussi ce �� quoi le succ��s de mon livre Le bleu est une couleur chaude a particip�� entre 2011 et 2014, et je m���en sens profond��ment sali. Si j���essaie depuis un moment de monter un refuge en campagne pr��s de Lyon pour les artistes transf��ministes, c���est aussi pour ce genre de raisons, et avec les fonds que ce m��me livre m���a apport��s.
Le boycott reste un outil qui fonctionne, ce que l���on fait de notre thune est le seul langage qu���ils comprennent en face, c���est le premier rouage. Disney, Starbucks, MacDonald���s et Zara sont en train de plier face aux boycotts aux USA(13). Fayard voit le vent tourner.
Des librairies ind��pendantes ont aussi lanc�� un appel de boycott contre Hachette, en en refusant de vendre les publications dans leurs magasins.(14)
La responsabilit�� commune de la mont��e de l���empire Bollor�� engage tout le monde, de qui publie �� qui ach��te, en passant par les festivals et les organismes qui d��cernent des prix litt��raires.
Si vous lecteurices continuez d���acheter des livres publi��s par l���empire Bollor��, les personnes d��cisionnaires du milieu litt��raire continueront �� n��gocier. Jusqu’�� ce qu’elles se rendent compte, comme au journal Capital cette semaine, que personne ne sera ��pargn�� dans ce projet(15). L�����dition fran��aise, qu���elle publie des talents francophones ou traduise des ��uvres ��trang��res, regorge de maisons d�����ditions et de coop��ratives d���auteurices qui non seulement n���ont pas de projet de destruction de nos diversit��s humaines, mais ont aussi des clauses de contrat d���auteur plus respectueux des cr��ateurices. Il suffit de lire la charte du Syndicat des Editeurs Alternatifs par exemple(16). Et dans mon cas, mon dernier contrat sign�� stipulait que je c��dais mes droits �� la maison d�����dition pour deux ans, renouvelables ou non, pas �� jusqu����� 70 ans apr��s la mort de l���auteur. ��
Le monde m��diatique et artistique a besoin du m��me grand mouvement citoyen que les autres champs ��conomiques et politiques de nos vies. Mais tout faire reposer sur les ��paules des auteurices c���est fantasmer une autonomie boh��me ou bourgeoise de l���artiste, loin de notre r��alit��. Aidez les artistes-auteurices �� obtenir une continuit�� de revenus. Interpellez vos ��lu.e.s en ce sens ! La proposition de loi va enfin ��tre discut��e au parlement.
Vous d��tenez ��norm��ment de pouvoir dans votre mani��re d���acheter des livres et de soutenir les artistes �� leur origine. Aidez-nous �� sortir de la pr��carit��.
Mary Poppins ne trouve plus grand chose au fond du sac l�� tout de suite. ��a fait d��j�� pas mal d�����l��phants dans la pi��ce.
�� Donc tu en vis mais COMMENT tu en vis ? �� J���en vis mal, avec beaucoup d���angoisse et beaucoup d���espoir �� la fois. Je voudrais que demain des milliers de personnes se d��tournent�� de tous les m��dias et produits culturels Bollor��(17), pour soutenir activement les droits r��clam��s par les artistes et les initiatives culturelles ind��pendantes. Qu���on ach��te des livres qui ne financent pas l���extr��me-droite, que l�����conomie de cette industrie se renverse pour que les artistes puissent vivre sans les �� grands groupes ��, avec des droits sociaux �� la cl��, et non plus survivre. Il en va aussi de la survie des histoires que vous aimez lire, dans leur grande diversit�� et dans le champ des possibles qu���elles ouvrent.
N.B. : Dans le milieu, nous ne sommes pas toustes d’accord sur les m��thodes de lutte (plusieurs peuvent se compl��ter toutefois, sans se hi��rarchiser) contre la bollorisation. Nos r��flexions doivent pouvoir s’articuler sans pointer des boucs-��missaires dans notre communaut��. C’est ce que tente l’initiative D��border Bollor��, lecture accessible gratuitement. ����D��border Bollor�� est le fruit d���une discussion entre tout��es ces acteurices qui pensent n��cessaire de trouver une forme d���intervention �� la mesure de la menace que repr��sentent Vincent Bollor�� et consorts. De sorte qu����� la mise en comp��tition qui est le r��gime g��n��ral de gouvernement, se substitue quelque chose de l���ordre de l���entraide, de la confiance et des liens. Finalement, peut-��tre est-ce cela �������tre ind��pendant��e��������: se donner la capacit�� de choisir les d��pendances qui nous font exister et de combattre celles qui nous tuent.����
��
Sources :1. https://www.mediapart.fr/journal/cult.... https://www.hachette.com/espace-presse/hachette-livre-publie-son-rapport-rse-2023/3. https://actualitte.com/article/122004/economie/hachette-2-873-milliards-d-euros-de-chiffre-d-affaires-en-20244. https://www.liberation.fr/economie/medias/derriere-le-premier-livre-de-jordan-bardella-ce-que-je-cherche-chez-fayard-la-machine-bollore-en-action-20241016_OWDNWPIUKZENXE3T2WOEG4NOLQ/5. https://www.liberation.fr/idees-et-debats/sorj-chalandon-virginie-despentes-david-dufresne-quand-on-est-auteur-de-gauche-publier-chez-bollore-cest-tromper-20250920_NN2NAP65VZB5ZB3YIOCBIKBICY/6. https://julmaroh.com/nous-les-couteaux-suisses/7. https://www.linforme.com/medias-culture/article/jordan-bardella-et-philippe-de-villiers-n-ont-pas-sauve-l-editeur-fayard_3121.html8. https://www.librinova.com/blog/quelle-est-la-repartition-du-prix-de-vente-dun-livre/https://actualitte.com/article/115541/economie/calculatrice-en-main-le-syndicat-des-editeurs-compte-trop-bien9. https://www.nouvelobs.com/medias/20240306.OBS85322/en-belgique-il-existe-un-cordon-sanitaire-dans-les-medias-pour-contrer-les-discours-d-extreme-droite.html10. https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/censure-record-16-000-livres-interdits-dans-les-ecoles-americaines-28995313.html11. https://mrap.fr/fayard-aux-mains-de-l-extreme-droite-alexandre-galien-verse-ses-droits-d-auteur-au-mrap.html12. https://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2021/09/07/evasion-fiscale-dix-huit-mois-de-prison-avec-sursis-pour-le-fondateur-des-editions-glenat_6093754_4862750.html13. https://www.huffpost.com/entry/cancel-disney-jimmy-kimmel_l_68d16fb8e4b03c190c215fc8https://thecradle.co/articles/starbucks-to-shut-down-hundreds-of-stores-amid-global-boycotthttps://www.huffpost.com/entry/cancel-disney-jimmy-kimmel_l_68d16fb8e4b03c190c215fc814. https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/191124/ne-laissons-pas-bollore-et-ses-idees-prendre-le-pouvoir-sur-nos-librairies15. https://www.liberation.fr/economie/medias/bollore-les-journalistes-de-capital-interpellent-leur-proprietaire-refusant-de-devenir-un-media-dopinion-20250925_7O5RV6FLBZH2XDG2BZMHL5OOOE/?at_creation=NL_Libe_Matin_26-09-2025&at_campaign=NL_Lib%25C3%25A9_Matin&at_email_type=acquisition&at_medium=email&actId=~a86iheIezXwjGvLnmf5qYikDn-ksgPIuuEtX2UkY8nQdn68p7UNxKfAfc-UpkUISV_tTpPVD1eNP96Y0MZUa0e-61NXAJE9uhvlAUliXMLbnfjqqvwImuCWE%3D&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=54969516. https://www.lesea.fr17. https://desarmerbollore.net/news/carte-des-maisons-d-editions-et-medias-de-l-empire-bollore
La négociation de la grenouille
Dans mes rencontres, que ce soit à une teuf ou un déplacement pro, il arrive parfois que des gens aient une vision bohème de ma condition d’artiste, projection allant souvent de pair avec la fameuse question « Et tu en vis ? ». Ils se rendent compte très vite qu’ils viennent de prononcer le mot de passe qui ouvre le sac de Mary Poppins, d’où peuvent sortir les plus gros éléphants. Le genre d’éléphants qui occupent une pièce du ministère de la Culture, où des personnes font fi de ne pas les voir. « Comment ça, vous n’avez pas de statut, ni de salaire minimum ? Les heures comptées, non plus ? Pas de congés payés ? Pas de droit au chômage ? Et vos arrêts maladie…? L’I.A. qui vole vos productions en toute impunité et vous remplace dans vos jobs ? »
« Donc tu en vis mais COMMENT tu en vis ? »
Attends darling, Mary Poppins n’a pas fini.
Il y a un autre éléphant – particulièrement volumineux et installé – dont la présence dans le monde culturel et médiatique commence à être discutée à bâtons rompus, et que j’évoquais dans ma newsletter du 15 septembre. Je crois que si ce domino-là bouge, tous les autres peuvent tomber.
Cet éléphant c’est l’empire Bolloré.
On sait que l’empire Bolloré est un projet politique réactionnaire, ultra-conservateur, d’extrême-droite assumée(1). Et quand un milliardaire a de tels projets, c’est attendu qu’il cherche à diffuser ses idées et à manipuler l’information à grande échelle, donc à occuper et transformer à son image le champ médiatique, culturel, littéraire.
Bolloré s’est emparé de la firme Hachette en 2023. Hachette c’est plus 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaire la même année(2). Même chose en 2024(3). Quasiment 6 milliards d’euros pour alimenter son projet d’extrême-droite juste en deux ans. Et bien que nous ayons toutes les infos au clair (le mec ne s’en cache pas, il suffit de voir ce qui se passe chez Fayard(4), on assiste à une forme de dissonance cognitive généralisée depuis deux ans : des auteurices continuent de publier au sein du groupe Hachette/Bolloré, des lecteurices qui se disent contre le fascisme continuent d’y dépenser leur argent, les éditeurices d’y travailler, et les festivals culturels bien que visés par les mesures d’austérité et de formes de censures/pressions continuent d’inviter tout ce monde.
Dans ce contexte, cette année le milieu féministe-queer-décolonial a commencé à poser une question légitime en tapant sur sa montre : what the fuck ?!
Ces remous sont arrivés jusque dans la presse généraliste, notamment via l’article Quand on est auteur de gauche, publier chez Bolloré, est-ce tromper ?(5) de Simon Blin et Adrin Frauque, dans le journal Libération du 20 septembre. Un titre racoleur, et un article qui soulève un pan du tapis mais qui à mon sens ne montre pas tout ce qu’il y a dessous, loin de là, préférant plutôt questionner les méthodes du collectif Désarmer Bolloré en y opposant des témoignages d’auteurices notables (et moi-même je suis contre toute forme de dogpilling).
Mary Poppins propose donc d’aller au fond du sac. Rappelons que le monde littéraire francophone est une industrie. Et les rouages de cette industrie, soumise aux lois du marché et à des business models, ne reposent pas QUE sur les auteurices, voire très peu. Le marché littéraire fait surtout confiance aux personnalités pour rester juteux : des politiques, des influenceurs, youtubeurs, « stars » de leur domaine etc. Ici le premier rouage ce n’est pas l’auteur, c’est l’argent. Et par là, la personne qui le dépense et alimente cette machine : le lectorat. L’article aurait pu s’intituler « Quand on est lecteur de gauche, acheter chez Bolloré est-ce tromper ? » ou plus généralement « Quand on est de gauche, donner son argent à Bolloré, est-ce tromper ? »
(Il va de soi que les actionnaires ont leur part dans cette histoire, mais la formule « actionnaires de gauche » aurait peu de crédibilité ici.)
J’ai rappelé dans mon précédent article les conditions de vie et de travail des artistes-auteurs en France, et leur détresse(6). J’ai aussi rappelé le nombre d’oppressions q’un.e artiste queer ou féministe peut subir : la précarité, l’inconsistance des lois à son endroit, l’invisibilité des minorités politiques, voire des violences. D’autant plus si iel est non-blanche et/ou handi. Et j’ai demandé : qu’en est-il de la responsabilité collective envers les artistes ?
Dans cette continuité, l’autrice Pauline Harmange pose la question d’où découle tout le reste, dans le papier du 20 septembre de Libération :
« Dans l’état actuel des choses, la majorité des livres que vous lisez sont écrits par des personnes qui ne gagnent pas un smic net par an pour les écrire. Je suis une grand défenseuse de l’édition indépendante, mais où est l’argent ? Déjà pas de ouf dans les grands groupes, mais alors pas du tout dans les petites maisons. »
L’argent est dans la poche de celleux qui achètent nos livres et qui façonnent grandement ce marché ! Fayard est un excellent exemple à ce sujet : 28% de pertes de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente(7). Un million d’euros en moins, que les lecteurices ont dépensé ailleurs.
Ce que les maisons d’édition non-réactionnaires (indépendantes ou non) peuvent proposer financièrement et contractuellement aux auteurices va dépendre de leurs bénéfices, et des subventions reçues par des organismes (le CNL, la Sofia, le CNAP etc). C’est pour ça qu’il est crucial que le lectorat francophone saisisse l’importance de boycotter toute publication Hachette/Bolloré, et de soutenir en contrepartie les maisons d’éditions qui ne participent pas à alimenter la machine de l’extrême-droite. Pour chaque livre vendu, le groupe Bolloré touche plus du double que ses auteurs(8). Le lectorat PEUT et DOIT renverser l’économie en jeu, et les auteurices stars peuvent y aider aussi. Un autre témoignage dans Libération évoque qu’il serait inenvisageable pour les travailleurs (éditeurs, autrices etc) de Hachette de « partir du jour au lendemain », de « déserter ». Il ne s’agit pas de déserter l’édition, mais bien l’économie qui alimente l’extrême-droite et le fascisme. De la même manière que des médias non-réactionnaires et garants du cordon sanitaire ont été montés dans le milieu médiatique(9) lorsque les ultra-riches se sont emparés des grandes chaînes (Blast, Basta!, Ballast, Le Diplo, Médiapart, Alternatives Economiques, la Déferlante, Histoires Crépues, la liste est longue).
Je vois la dissonance cognitive de certain.e.s depuis le rachat d’Hachette par Bolloré comme une tentative de négociation de la grenouille dans l’eau chaude. Tout le monde voit sous nos yeux les ultra-riches d’extrême-droite s’emparer petit à petit du champ médiatique, culturel, littéraire. Ce n’est pas un phénomène « du jour au lendemain ». Les books bans(10) états-uniens sont la prochaine étape si l’extrême-droite l’emporte chez nous. Et avoir publié chez Hachette ne protègera aucun.e auteurice.
L’initiative du romancier Alexandre Galien est à saluer. Auteur d’un best-seller paru chez Fayard en 2019, il a décidé ce mois-ci de reverser tous les futurs droits d’auteur du dit-livre au MRAP, le mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples(11).
Même lorsque nous sommes lié.e.s par contrat, il y a donc des moyens de lutter.
En 2016, lors de la révélation des Panama Papers, j’ai découvert avec dégoût que mon éditeur Jacques Glénat était l’un des évadés fiscaux dénoncés. Mon troisième livre au sein de cette maison devait sortir quelques mois plus tard… Bien qu’il ait fermé son offshore aux Seychelles deux ans plus tôt, « selon le PNF, cette fraude a permis la dissimulation de 9,9 millions d’euros, la perception « illégale » de 4 millions d’euros de dividendes, qui ont notamment permis à M. Glénat d’acquérir sous couvert de ces sociétés pour plus de 3,5 millions d’euros d’œuvres d’art. »(12) C’est aussi ce à quoi le succès de mon livre Le bleu est une couleur chaude a participé entre 2011 et 2014, et je m’en sens profondément sali. Si j’essaie depuis un moment de monter un refuge en campagne près de Lyon pour les artistes transféministes, c’est aussi pour ce genre de raisons, et avec les fonds que ce même livre m’a apportés.
Le boycott reste un outil qui fonctionne, ce que l’on fait de notre thune est le seul langage qu’ils comprennent en face, c’est le premier rouage. Disney, Starbucks, MacDonald’s et Zara sont en train de plier face aux boycotts aux USA(13). Fayard voit le vent tourner.
Des librairies indépendantes ont aussi lancé un appel de boycott contre Hachette, en en refusant de vendre les publications dans leurs magasins.(14)
La responsabilité commune de la montée de l’empire Bolloré engage tout le monde, de qui publie à qui achète, en passant par les festivals et les organismes qui décernent des prix littéraires.
Si vous lecteurices continuez d’acheter des livres publiés par l’empire Bolloré, les personnes décisionnaires du milieu littéraire continueront à négocier. Jusqu’à ce qu’elles se rendent compte, comme au journal Capital cette semaine, que personne ne sera épargné dans ce projet(15). L’édition française, qu’elle publie des talents francophones ou traduise des œuvres étrangères, regorge de maisons d’éditions et de coopératives d’auteurices qui non seulement n’ont pas de projet de destruction de nos diversités humaines, mais ont aussi des clauses de contrat d’auteur plus respectueux des créateurices. Il suffit de lire la charte du Syndicat des Editeurs Alternatifs par exemple(16). Et dans mon cas, mon dernier contrat signé stipulait que je cédais mes droits à la maison d’édition pour deux ans, renouvelables ou non, pas « jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur. »
Le monde médiatique et artistique a besoin du même grand mouvement citoyen que les autres champs économiques et politiques de nos vies. Mais tout faire reposer sur les épaules des auteurices c’est fantasmer une autonomie bohème ou bourgeoise de l’artiste, loin de notre réalité. Aidez les artistes-auteurices à obtenir une continuité de revenus. Interpellez vos élu.e.s en ce sens ! La proposition de loi va enfin être discutée au parlement.
Vous détenez énormément de pouvoir dans votre manière d’acheter des livres et de soutenir les artistes à leur origine. Aidez-nous à sortir de la précarité.
Mary Poppins ne trouve plus grand chose au fond du sac là tout de suite. Ça fait déjà pas mal d’éléphants dans la pièce.
« Donc tu en vis mais COMMENT tu en vis ? » J’en vis mal, avec beaucoup d’angoisse et beaucoup d’espoir à la fois. Je voudrais que demain des milliers de personnes se détournent de tous les médias et produits culturels Bolloré(17), pour soutenir activement les droits réclamés par les artistes et les initiatives culturelles indépendantes. Qu’on achète des livres qui ne financent pas l’extrême-droite, que l’économie de cette industrie se renverse pour que les artistes puissent vivre sans les « grands groupes », avec des droits sociaux à la clé, et non plus survivre. Il en va aussi de la survie des histoires que vous aimez lire, dans leur grande diversité et dans le champ des possibles qu’elles ouvrent.
N.B. : Dans le milieu, nous ne sommes pas toustes d’accord sur les méthodes de lutte (plusieurs peuvent se compléter toutefois, sans se hiérarchiser) contre la bollorisation. Nos réflexions doivent pouvoir s’articuler sans pointer des boucs-émissaires dans notre communauté. C’est ce que tente l’initiative Déborder Bolloré, lecture accessible gratuitement. « Déborder Bolloré est le fruit d’une discussion entre tout·es ces acteurices qui pensent nécessaire de trouver une forme d’intervention à la mesure de la menace que représentent Vincent Bolloré et consorts. De sorte qu’à la mise en compétition qui est le régime général de gouvernement, se substitue quelque chose de l’ordre de l’entraide, de la confiance et des liens. Finalement, peut-être est-ce cela « être indépendant·e » : se donner la capacité de choisir les dépendances qui nous font exister et de combattre celles qui nous tuent. »
Sources :1. https://www.mediapart.fr/journal/cult.... https://www.hachette.com/espace-presse/hachette-livre-publie-son-rapport-rse-2023/3. https://actualitte.com/article/122004/economie/hachette-2-873-milliards-d-euros-de-chiffre-d-affaires-en-20244. https://www.liberation.fr/economie/medias/derriere-le-premier-livre-de-jordan-bardella-ce-que-je-cherche-chez-fayard-la-machine-bollore-en-action-20241016_OWDNWPIUKZENXE3T2WOEG4NOLQ/5. https://www.liberation.fr/idees-et-debats/sorj-chalandon-virginie-despentes-david-dufresne-quand-on-est-auteur-de-gauche-publier-chez-bollore-cest-tromper-20250920_NN2NAP65VZB5ZB3YIOCBIKBICY/6. https://julmaroh.com/nous-les-couteaux-suisses/7. https://www.linforme.com/medias-culture/article/jordan-bardella-et-philippe-de-villiers-n-ont-pas-sauve-l-editeur-fayard_3121.html8. https://www.librinova.com/blog/quelle-est-la-repartition-du-prix-de-vente-dun-livre/https://actualitte.com/article/115541/economie/calculatrice-en-main-le-syndicat-des-editeurs-compte-trop-bien9. https://www.nouvelobs.com/medias/20240306.OBS85322/en-belgique-il-existe-un-cordon-sanitaire-dans-les-medias-pour-contrer-les-discours-d-extreme-droite.html10. https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/censure-record-16-000-livres-interdits-dans-les-ecoles-americaines-28995313.html11. https://mrap.fr/fayard-aux-mains-de-l-extreme-droite-alexandre-galien-verse-ses-droits-d-auteur-au-mrap.html12. https://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2021/09/07/evasion-fiscale-dix-huit-mois-de-prison-avec-sursis-pour-le-fondateur-des-editions-glenat_6093754_4862750.html13. https://www.huffpost.com/entry/cancel-disney-jimmy-kimmel_l_68d16fb8e4b03c190c215fc8https://thecradle.co/articles/starbucks-to-shut-down-hundreds-of-stores-amid-global-boycotthttps://www.huffpost.com/entry/cancel-disney-jimmy-kimmel_l_68d16fb8e4b03c190c215fc814. https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/191124/ne-laissons-pas-bollore-et-ses-idees-prendre-le-pouvoir-sur-nos-librairies15. https://www.liberation.fr/economie/medias/bollore-les-journalistes-de-capital-interpellent-leur-proprietaire-refusant-de-devenir-un-media-dopinion-20250925_7O5RV6FLBZH2XDG2BZMHL5OOOE/?at_creation=NL_Libe_Matin_26-09-2025&at_campaign=NL_Lib%25C3%25A9_Matin&at_email_type=acquisition&at_medium=email&actId=~a86iheIezXwjGvLnmf5qYikDn-ksgPIuuEtX2UkY8nQdn68p7UNxKfAfc-UpkUISV_tTpPVD1eNP96Y0MZUa0e-61NXAJE9uhvlAUliXMLbnfjqqvwImuCWE%3D&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=54969516. https://www.lesea.fr17. https://desarmerbollore.net/news/carte-des-maisons-d-editions-et-medias-de-l-empire-bollore
September 16, 2025
Nous, les couteaux suisses
Ce texte est un extrait de ma newsletter du 16 septembre 2025. Pour ne rater aucun billet, il suffit de s’abonner à ce lien.
L’onde de déversement de la rentrée littéraire venant s’entrechoquer contre celle d’un mouvement social grandissant (en France d’où je parle), je voulais évoquer ici une problématique que j’ai d’abord observé être soulevée dans les milieux transféministes, et être reprise ce mois-ci dans des médias disons mainstream. Cette problématique des auteurices féministes/queer/publiquement engagé.e.s contre l’extrême-droite, et qui pourtant se font publier par des maisons d’édition appartenant à des groupes de l’ultraconservatisme.
En réalité je trouve ça très bien que ce sujet soit mis sur la table, un peu partout ; ça démontre que l’artiste a toujours un poids dans cette société.
Tout d’abord certains faits : l’État n’est pas – ou plus – mécène des artistes. On est livré à nous-même avec nos putains de rêves pour ce monde, dans un système qui – ne sachant pas comment nous mâcher pour nous digérer dans son capitalisme grossier – préfère nous passer au casse-noix. Donc : aucun statut + oublions les droits sociaux + bonjour les milieux élitistes subordonnés au marché. Il faut savoir que 3,4% des artistes auteurs concentrent 48% des revenus artistiques (merci Jimmy Cintero du SNAP pour l’info). Pour te donner une échelle si ce chiffre ne te semble pas déjà hallucinant, c’est le même déséquilibre que dans la propriété immobilière. Bref, l’Art et le capital, toute une histoire.
Ceci crée une sensation intime majoritairement répandue dans ce milieu : « vivre » de son métier d’artiste, c’est une grande chance, et une réussite sociale. La plupart d’entre nous n’avons pas d’autres cordes à notre arc, et nous vivons dans la peur de devoir renoncer à notre métier (et à nos cercles sociaux car nous évoluons dans ces milieux souvent depuis l’adolescence) « si ça ne marche pas pour nous ». Inutile de te l’apprendre, la peur peut convertir des foules à à peu près tout. Multiplie cette peur par le nombre d’oppressions subies par une personne, dans ce cas un.e artiste queer ou féministe alliée qui a connu la précarité, l’inconsistance des lois à son endroit, l’invisibilité des minorités politiques voire des violences.
À mon sens, cette réalité peut expliquer ce que j’ai lu dans le portrait de Libé du 10 septembre, celui de Rebeka Warrior, pour la sortie de son livre Toutes les vies chez Stock :
À ceux qui voient une contradiction entre les engagements féministes et queer d’une personnalité estampillée punk, anticapitaliste et sa maison d’édition passée sous la houlette du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, elle rétorque être «une artiste avant tout», jouant avec «les cartes du monde sous sa forme actuelle». Fataliste : «A la tête de presque toutes les grandes entreprises aujourd’hui, il y a des gens que je ne peux pas blairer…» Rebeka Warrior se figure en «intrus dans la maison, luttant de l’intérieur. Mon récit est queer. Plus les gens le lisent, plus je fais avancer mes idées».
Sauf que pour chaque livre de Rebeka Warrior qui sera vendu, le groupe Bolloré touchera plus du double qu’elle.
Je suis d’accord avec Rebeka Warrior sur son constat : le patriarcat impérialiste a la main mise sur les grandes entreprises, éditoriales et médiatiques. Je ne suis pas d’accord avec ses conclusions pour autant.
Face à nos peurs et nos agitations d’auteurices dans le paysage décrit plus haut, la voix d’Audre Lorde martèle, prophétique : Les outils du maître ne démantèleront jamais la maison du maître.
Je trouve cela attendu et justifié que notre communauté nous demande des comptes face à nos contradictions. Moi aussi je flippe hein. L’argent est une angoisse constante, et je me bats en permanence avec mes propres discordances. Le nombre de discussions que j’ai eues avec Sabrina Calvo et des camarades avant de signer Hacker la peau au Lombard… Sans évoquer que je viens d’avoir 40 ans… le monde éditorial que j’ai connu à mes débuts est en train de changer à toute vitesse.
Personnellement je suis très attaché au fait que l’artiste a une responsabilité morale, car iel est celui et celle qui ouvre le champ de l’imaginaire et des possibles. Mais lorsque l’artiste est queer ou féministe alliée, ayant connu la précarité, l’inconsistance des lois à son endroit, l’invisibilité des minorités politiques et les violences, et que cette artiste est délaissé.e par l’Etat, comment ne pas céder à la peur ? Qu’en est-il de la responsabilité collective envers les artistes ? Passeriez-vous une vie sans art ? Sans musique, sans image, sans film ou série, sans lire, sans vêtement ou objet de créateurices, sans festival, etc. Personne ne voudrait vivre sans art, mais trop peu de gens se battent à nos côtés pour nos droits. Je peux comprendre que dans ces conditions, des artistes queers/féministes choisissent de prendre la thune où elle se présente. Après tout, l’intégrité se manifeste en nous plus comme une relation en miroir qu’une individualité. Qui s’est senti trahi par l’autre en premier dans cette histoire ? Vraie question.
Bref, c’est complexe, mais aussi… simple.
Le monde éditorial et médiatique change, c’est indéniable. Il nous reste des alternatives, certes imparfaites (l’édition dite indépendante et les coopératives d’auteurices ont leur lot de casseroles et de difficultés) mais qui sont les seules voies possibles vers la chute de l’empire normatif qui broie nos diversités et nos amours. C’est bien parce qu’on est usé.e jusqu’à l’échine par nos vieux traumas et par les lacrymos qu’on a créé NOS espaces, nos maisons, nos cultures. Y’a suffisamment de butchs couteaux suisses (♡) parmi nous pour faire pareil avec le monde éditorial et médiatique.
C’est pour ça que je dis que ça peut être simple. Parce qu’on a les gouines, nous.
Sérieusement, le pouvoir du boycott… Ils le savent bien en face.
Boycotte Hachette, camarade.
Photo faite lors de mon dernier voyage à Bologna, non libre de droits.
March 20, 2025
Exposition chez Violette & Co
Rendez-vous ce 26 mars à 19h30 pour le vernissage de l’exposition Boutonné en Jalousie qui se déroulera du 26 mars au 26 mai chez Violette and Co !
L’exposition sera composée d’une sélection de planches originales du livre Boutonné en jalousie, mises en relation avec des pages publiées de l’ouvrage. Vous pourrez aussi découvrir en avant-première une série d’illustrations inédites qui seront exposées et vendues sous forme de posters, ainsi que d’autres goodies.
Info pratiques :
Du 26 mars au 26 mai 2025
du mardi au samedi de 10h30 à 19h30
Chez Violette and Co
(accès PMR)
January 24, 2025
Boutonn�� en jalousie
Mon nouveau livre sort chez Le Lombard ce 24 janvier 2025 ! Je n’avais pas eu l’occasion de cr��er un long r��cit de la sorte et en solo depuis… 2017.
La description au dos de couverture :
Depuis son coming out, Khalil cherche un ��quilibre entre les cours, le skatepark et sa passion pour les d��cors de th����tre. Bien qu’il soit entour�� par une bande d’amis bienveillants, la vie au lyc��e reste agit��e, et le voyage scolaire du club th����tre s’annonce intense en ��motions et en rebondissements. Il faut dire que Khalil pense un peu beaucoup �� Isa��l, ce Terminale de la troupe aussi m��lancolique que provocateur, dont les intimidations cachent d’autres secrets���
�� retrouver dans votre librairie pr��f��r��e ou �� commander directement �� ce lien.
Boutonné en jalousie
Mon nouveau livre sort chez Le Lombard ce 24 janvier 2025 ! Je n’avais pas eu l’occasion de créer un long récit de la sorte et en solo depuis… 2017.
La description au dos de couverture :
Depuis son coming out, Khalil cherche un équilibre entre les cours, le skatepark et sa passion pour les décors de théâtre. Bien qu’il soit entouré par une bande d’amis bienveillants, la vie au lycée reste agitée, et le voyage scolaire du club théâtre s’annonce intense en émotions et en rebondissements. Il faut dire que Khalil pense un peu beaucoup à Isaël, ce Terminale de la troupe aussi mélancolique que provocateur, dont les intimidations cachent d’autres secrets…
À retrouver dans votre librairie préférée ou à commander directement à ce lien.
October 25, 2024
Cet automne au festival Gender Bender
Mon projet Résilience Trans fait l’objet de sa première exposition !
Cette série de portraits à la feuille d’or sera présentée au DAS (Dispositivo Arti Sperimentali) de Bologna, lors des festivals Gender Bender et Ad Occhi Aperti.
Le journal italien La Repubblica a déjà publié un article en prévision de l’exposition.
Pour en savoir plus sur l’exposition, rendez-vous sur https://genderbender.it/
October 6, 2023
Hacker la peau
Le voici, enfin disponible en librairies et sur internet, notre livre Hacker la peau, réalisé avec Sabrina Calvo, aux éditions du Lombard ! Je ressens une très grande fierté avec cet ouvrage, et j’espère que vous vous laisserez guider par le lapin blanc.
Descriptif du dos du livre :
Prin est une poétesse, Molly une couturière et Axl un hacker en déconstruction. Au cœur de Lyon, ielles forment ensemble une relation amoureuse plus ou moins fonctionnelle. Jusqu’à cette nuit qui les ébranlera au plus profond : une attaque coordonnée partout dans la ville de groupuscules d’extrême droite appuyés par le pouvoir en place. Il faut fuir ! Fuir pour trouver un ailleurs, un refuge. Fuir pour se retrouver et continuer d’exister.
Aux frontières du merveilleux et de l’anticipation, Hacker la peau est un récit choral, abordant des thématiques queers et politiques contemporaines qu’il est urgent de mettre au-devant de la scène littéraire.
April 3, 2023
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