S.N. Liska's Blog, page 100

June 15, 2015

Powerful, extrait gratuit n°3

                                   CHAPITRE
5 : Le potager

                                           [Chapitre non complet]


                                                            ***


      Chellis se rendit au potager sud. Elle portait une coiffe blanche et un collet écru sur les épaules. Elle avait croisé la route de quelques Gardiens - plus nombreux qu'à leur habitude - près de la porte sud.

     Étonnamment, ils n'eurent pas l'air de partir en inspection dans les quartiers. Ils demeurèrent tournés vers l'extérieur. Un vieil homme binait la terre plutôt par dépit. Depuis quelques années, les légumes poussaient laborieusement. Le froid persistait et les rayons du soleil perçaient trop rarement la nuée pour stimuler la germination. Seules les variétés les plus résistantes subsistaient comme les navets, topinambours et poireaux.

     Soudain, Ty apparut. Il entrevit Chellis et la rejoignit. Pour être méconnaissables, ils avaient décidé de se vêtir différemment en ressortant de vieux habits : d'où sa coiffe, sa pèlerine et sa tunique déteinte. Quant à Ty, il avait opté pour un vieux chapeau de paille et des vêtements encore plus usés et troués que ceux qu'il portait habituellement.

     « Comment fais-tu ?, lui demanda-t-il.

     - Bien et toi ?, répondit-elle en souriant avec les yeux.

     - Je suis exténué, et je suis censé aller acheter de la farine.

     - Très bien, nous ferons vite. Nous ne devons pas nous faire remarquer »

     Loya entra dans le jardinet également, suivie de Cil. Ils s'assirent tous en cercle, derrière une rangée de hautes fleurs d'aulx fanées, sous les yeux intrigués de l'homme âgé qui continuait à biner. C'était le lieu idéal pour se cacher. Les feuilles mortes des plantations suspendues en faisaient l'un des seuls endroits de la ville où l'on ne voyait pas distinctement ce qu'il s'y passait. En outre, comme plus rien ne croissait, peu d'habitants venaient y perdre leur temps.

     « Avez-vous déjà entendu parler de la Cheffe des Gardiens ?, demanda Cil.

      - Oui, j'aurais tellement souhaité vivre à cette époque, lors de la souveraineté du roi Geldir, confessa Chellis.

     - Sans Gardiens pour nous épier à chacun de nos gestes, lança Loya.

     - Pouvoir sortir de la ville comme bon nous semble, découvrir le continent, ajouta Chellis.

     - Ne pas travailler aussi dur, ni aussi tôt », soupira Ty.

     Les leçons de Cyr lui permettaient d'avoir un peu de répit, en secret. Car il travaillait tous les jours au réfectoire des Gardiens. Il devait préparer les chaudrons de soupe, ou encore veiller près du feux alors que ses yeux lui piquaient et brûlaient. Il prétendait aller chercher des ingrédients dans la ville, qu'il achetait bien mais en prenant son temps, puis revenait allégé pour tenir le reste de sa journée.

     « J'ai tout essayé : penser au feu, tenter de faire bouger des objets, faire mouvoir l'eau… rien n'y fait, exposa Ty.

     - Il paraît qu'il y a plusieurs façons d'utiliser les pouvoirs. Certaines personnes possédant l'Inflammation vont penser au feu et à sa source là où d'autres vont penser aux flammes crépitantes, précisa Loya.

     - Il faut parfois écouter son corps et son cœur », dit Chellis en fermant les paupières et en se concentrant.

     Les autres firent de même, sans vraiment savoir ce qu'ils devaient entreprendre, ni à quoi penser. Cil joignit ses mains en espérant y sentir une énergie, mais rien ne vint. Tout en gardant les yeux fermés, il aplatit ses paumes sur le sol pour sonder la terre.

     Tout à coup, il sentit une force vibrer autour de ses mains. Il fronça les sourcils. L'énergie semblait se rapprocher mais il n'avait aucune idée de ce que cela pourrait produire. Il releva les bras aussitôt :

     « J'ai senti quelque chose !

     - Chut ! lui fit Chellis, tu vas nous faire remarquer.

     - Désolé, j'ai eu peur. J'ai senti quelque chose mais je ne sais pas ce que ça aurait provoqué, dit-il, agité.

     - Qu'as-tu ressenti exactement ? l'interrogea Ty.

     - Une énergie dans la terre qui entourait mes mains, mais je ne savais pas dans quel but, ni quoi en faire.

     - Nous allons nous éloigner, et tu peux, par exemple, penser à l'éjecter. Peut-être que tu as le pouvoir de contrôler la terre ?, exposa Chellis en regardant les autres.

     - Oui, ça me paraît une bonne idée, tu vas rester ici tout seul et tenter de diriger cette force. Mais fais attention, tâche de garder la maîtrise de tes émotions et tes gestes, compléta Ty.

     - Ça pourrait être dangereux, ajouta Loya.

     - Non, restez ici, je vais m'éloigner », dit-il en se levant.

     +Il alla s'asseoir à quelques mesures plus loin, dans la terre, sa tunique grise en serait salie. Les autres restèrent à leurs places et l'observaient, prêts à s'abriter en cas de danger. Cil se concentra à nouveau. Il posa ses mains paume contre terre. La force se remit à vibrer dans le sol. Il faisait le vide dans son esprit pour tenter de canaliser cette énergie, de voir son étendue et d'en comprendre son utilité.

     La force s'intensifiait, la terre vibrait même sous son poids. Ceci dit, il ne se laissa pas impressionné. Il prolongea la contiguïté avec cette puissance latente. Il esquissa un mouvement vers les profondeurs du sol mais rien ne survint. Puis il tenta un geste vers la surface, et là, la terre jusque sous Chellis, Ty et Loya trembla légèrement.

     « Que se passe-t-il ?!, s'exclama Loya. Ils commencèrent à se lever.

     - Je n'en ai aucune idée, nous devrions peut-être nous éloigner !, s'exclama Chellis.

     - Cil, que se passe-t-il ? », demanda Ty.

     Soudain, sur toute la surface autour de Cil jusqu'aux pieds de ses amis jaillirent de l'herbe et des pousses. Le sol nu et gris était à présent recouvert de germes jaunes et verdoyants. Il avait fait accélérer et bonifier la pousse de toutes les graines contenues dans la terre. Le vieil homme s'approcha pour constater le miracle.

     « C'est ton pouvoir, petit ? demanda-t-il.

     - Je crois, répondit Cil en revenant vers ses amis.

     - C'est incroyable, tu peux faire pousser les plantes !, s'enthousiasma Chellis.

     - Tu peux revenir ici quand tu le souhaites !, dit le vieil homme.

     Un sourire se dégagea d'entre ses joues flétries, et ses yeux, enfouis sous ses paupières plissées et tombantes, pétillaient de malice. Il cligna des yeux de gratitude, agitant ses épais sourcils broussailleux, avant de repartir chez lui d'une mine réjouie.

     - Ce n'est pas le pouvoir dont je rêvais… confessa Cil.

     - Idiot, c'est un très bon pouvoir ! Grâce à toi nous allons pouvoir mieux nous nourrir !, le sermonna Loya.

     - Oui, mais il ne faut en parler à personne pour l'instant, ça pourrait être dangereux pour toi Cil, conseilla Chellis.

     - D'accord. Je vais en parler à maître Cyr.

     - Oui, nous verrons cela avec lui. Bon, je pense que nous devrions repartir, nous risquons de nous faire remarquer. C'en est assez pour aujourd'hui », rétorqua Ty.

     Ils repartirent tous dans des directions opposées. Chellis jeta un dernier regard au parterre recouvert d'herbe fraîche et de plantules. Un sourire discret s'afficha sur son visage, puis elle tourna les talons.

                                                             ***


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Published on June 15, 2015 05:53

June 14, 2015

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Published on June 14, 2015 11:37

June 9, 2015

Extrait gratuit n°2

POWERFUL

CHAPITRE 10 : Kelumistaa

   
Quelques semaines après le renversement de Geldir, Selna et son père
s'installèrent dans la forêt de Kelumistaa, à l'est. Il s'agissait de
l'une des plus vastes du royaume, et l'une des plus vallonnées
également. C'était le lieu idéal pour échapper à la Garde.

   
Pour devenir méconnaissable, Pars s'était laissé poussé la barbe et les
cheveux. Les deux étaient devenus hirsutes, parsemés de blanc, ce qui ne
se voyait pas tout à fait lorsque sa pilosité était encore courte. Il
ne changeait plus de vêtements : ils étaient tâchés et déchirés par les
travaux du quotidien, comme la coupe de bois, et leurs couleurs ternies.
Lui qui était de nature plutôt potelée s'était déjà clairement aminci.

   
Selna, quant à elle, portait une coiffe et les cheveux longs noués en
tresse. Elle revêtait des habits et des chaussures de moindre qualité
également.

    Le père et la fille établirent une tente à l'aide
d'étoffes et de planches en bois de pin que celui-ciavait achetées au
cœur d'un village. La douleur se voyait sur son visage. Elle l'avait
fait vieillir soudainement, il était encore plus difficile de le
reconnaître.

    Selna, elle, paraissait plus triste qu'à son
habitude tout en parvenant à supporter leur sort. Elle faisait tout pour
surmonter cette affliction, car elle voyait comme son père avait
beaucoup de mal à supporter la mort de Kolin.

    Qu'allaient-ils
devenir ? Comment allaient-ils s'en sortir ? Comment serait leur vie
sans sa mère ? Elle songeait à toutes ces questions, et s'efforçait de
les chasser le plus vite possible de ses pensées. Si elle se hasardait à
y penser, alors elle ne pourrait plus s'arrêter. Cela l'entraînerait
dans une spirale infernale.

    Elle choisit de garder à l'esprit
que sa mère n'était peut-être pas vraiment partie. Qu'elle reviendrait
un jour, après tout, elle n'était pas sur place au moment des faits. On
lui avait seulement conté que la Cheffe des Gardiens avait été vaincue.

   
Cela lui permettrait de garder espoir, de préserver ses forces afin de
s'occuper de son père, lui remonter le moral. Elle ne voulait pas perdre
ses deux parents. Elle le voyait assis là, le regard vide. Il ne
mangeait presque rien. L'enfant devait le forcer à avaler ses potages.
Désormais, ses seules préoccupations étaient de prendre soin de son père
et de développer ses pouvoirs : ils pourraient être utiles pour leur
avenir.

    Afin de lui faire penser à autre chose, elle
expérimentait ses capacités devant lui. Alors qu'ils se trouvaient dans
la tente, elle occupait le milieu de la pièce :

    « Me vois-tu ?, lui demanda-t-elle.

    — Oui, je te vois, soupira-t-il.

   
La petite fille se demandait à quoi pouvait-elle penser pour devenir
invisible. Elle songeait à son corps qui se mouvait, sans être vu. Elle
tentait d'y penser de manière élémentaire, puis de manière plus élaborée
: elle discernait chaque partie de son corps, tentant de ressentir
quelque chose.

    — Quand je songe à être invisible rien ne se produit, répondit l'enfant, déçue.

    — Ce doit être autre chose. Comme le vent ou l'air ?

   
Cette idée ne lui avait pas encore parcouru l'esprit. Cette fois-ci,
elle s'imagina légère comme le vent, que tout pouvait la traverser, puis
agita les bras.

    — Et là, me vois-tu ?, l'interrogea-t-elle.

    — Oui », répondit-il laconiquement.

    Que fallait-il bien faire ?

   
Elle se tourna, puis scruta ce qui se trouvait derrière : la toile de
la tente, des bûches entassées et des réserves de légumes.

   
Elle se tourna de nouveau face à son père, qui avait l'air toujours
absent, puis ferma les yeux. Dans son esprit, elle se remémora les
images de ce qu'elle avait vu derrière elle.

    L'enfant devint soudainement invisible. Pars en resta bouche bée.

    « Et maintenant, me vois-tu papa ?

    — Non ! Tu es enfin invisible !, s'exclama-t-il.

    — C'est vrai ?

    Elle réapparut et abaissa le regard vers ses pieds.

    — Mais moi je me vois, répondit l'enfant.

    — À présent oui, mais tu as été invisible un instant. Par quoi as-tu été inspirée ?

   
— Je pensais au décor, tel de la peinture me recouvrant de haut en bas.
J'imaginais les formes et les couleurs sur moi, comme si j'en faisais
partie !

    — C'est cela alors. Veux-tu essayer une fois de plus ?

    — Oui ! Je dois m'entraîner pour le maîtriser ! », s'engoua-t-elle.

    Les paupières closes, elle disparut à nouveau.

***

Retrouvez le roman sur Kindle (application gratuite) : http://www.amazon.com/dp/B00YSRINFA

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Published on June 09, 2015 12:31