Ce poème s'appelle "Roman" : c'est qu'il est un roman, au sens ancien du mot, au sens des romans médiévaux ; et surtout parce que, malgré le caractère autobiographique, ce poème est plus que le récit - journal ou mémoires - de la vie de l'auteur, un roman qui en est tiré.Il faut le lire dans le contexte de l'oeuvre d'Aragon. Il s'agissait ici d'éviter les redites : on n'y trouvera pas le côté politique des Yeux et la Mémoire ou les heures de la Résistance de La Diane française ou du Musée Grévin. Le domaine privé, cette fois, l'emporte sur le domaine public. Même si nous traversons deux guerres, et le surréalisme, et bien des pays étrangers.Poème au sens des Yeux et la Mémoire, ce Roman inachevé ne pouvait être achevé justement en raison de ces redites que cela eût comporté pour l'auteur. Peut-être la nouveauté de ce livre tient-elle d'abord à la diversité des formes poétiques employées. Diversité des mètres employés qui viendra contredire une idée courante qu'on se fait de la poésie d'Aragon.Il semble que, plus que le pas donné à telle ou telle méthode d'écriture, Aragon ait voulu marquer que la poésie est d'abord langage, et que le langage, sous toutes ses formes, a droit de cité dans ce royaume sans frontières qu'on appelle la poésie.Plus que jamais, ici, l'amour tient la première place.
French writer Louis Aragon founded literary surrealism.
Louis Aragon, a major figure in the avant-garde movements, shaped visual culture in the 20th century. His long career as a poet, novelist, Communist polemicist and bona fide war hero secured his place in the pantheon of greats.
With André Breton and Phillipe Soupault, Aragon launched the movement and through Paysan de Paris (Paris Peasant), his novel of 1926, produced the considered defining text of the movement.
Aragon parted company with the movement in the early 1930s, devoted his energies to the Communist party, and went to produce a vast body that combined elements of the social avant-garde.
Aragon, a leading influence on the shaping of the novel in the early to mid-20th century, gave voice and images to the art. He, also a critic, edited as a member of the Académie Goncourt. After 1959, people frequent nominated him for the Nobel Prize.
aragon régale trop 🙏🏻😩 même si 90% du contenu du livre c'est grosso modo « je suis en train de crever donc je raconte des souvenirs random de ma vie » c'est du aragon donc forcément c'est beau et agréable à lire
Qu'importe si la nuit à la fin se déchire Et si l'aube en surgit qui la verra blanchir Au plus noir de mon malheur j'entends le coq chanter Je porte la victoire au coeur de mon désastre Auriez-vous crevé les yeux de tous les astres Je porte le soleil dans mon obscurité
There are perhaps ten poems in here that I love to reread. One or two are justly famous as songs. I'm glad he found Elsa Triolet, but it is a pity that his family tried to expunge the gentleman who was Aragon's last love and final consort.
Je ne suis jamais déçue d’un livre d’Aragon, et ce fut un véritable plaisir de lire celui-ci. J’ai pris mon temps, poèmes après poèmes, j’en ai apprécié la plupart, adoré certains et je reviendrai à ce livre de temps en temps j’en suis sûre pour en relire quelques passages. Ce n’est pas mon préféré mais il m’a quand même plu, baladée entre les souvenirs, les regards en arrière mélancoliques ou constatés, entre les voyages, les pays et horizons découverts, entre les guerres aussi et les pertes, la célébration de ceux qui se sont battus pour que les autres vivent (la Résistance) et, toujours, la poésie romantique qui vient tout emporter : Aragon qui nous raconte Elsa, comme il l’a toujours fait, parfois l’Elsa de toujours, celle qu’on retrouve dans chacun de ses pas et de ses mots, et parfois celle des premiers jours au hasard d’une rencontre. C’est un recueil teinté de tristesse et de mélancolie, d’hommages et de comptes rendus sur les choses : il fait le point, le bilan, il voit sa vie, la regarde et la décortique, en sort les souvenirs, et il nous raconte. Ce recueil contient des poèmes dont je me souviendrai longtemps, et que je reviendrai chercher.
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"Strophes pour se souvenir
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servi simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Nul ne semblait vous voir français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre À la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. "
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"Je te supplie amour au nom de nous ensemble De ma suppliciante et folle jalousie Ne t’en va pas trop loin sur la pente choisie Je suis auprès de toi comme un saule qui tremble J’ai peur éperdument du sommeil de tes yeux Je me ronge le cœur de ce cœur que j’écoute Amour arrête-toi dans ton rêve et ta route Rends-moi ta conscience et mon mal merveilleux "
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"Pour la première fois ta bouche Pour la première fois ta voix D'une aile à la cime des bois L'arbre frémit jusqu'à la souche C'est toujours la première fois Quand ta robe en passant me touche "
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"Déchirez ma chair partagez mon corps Qu'y verrez-vous sinon le paradis Elsa ma lumière Vous l'y trouverez comme un chant d'aurore Comme un jeune monde encore au lundi Sa douceur première (...)
Vous y trouverez le bonheur du jour Le parfum nouveau des premiers lilas La source et la rive Vous y trouverez Elsa mon amour Vous y trouverez son air et son pas Elsa mon eau vive "
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"Et le roman s'achève de lui-même J'ai déchiré ma vie et mon poème
Plus tard plus tard on dira qui je fus
J'ai déchiré des pages et des pages Dans le miroir j'ai brisé mon visage
Le grand soleil ne me reconnaît plus
J'ai déchiré mon livre et ma mémoire Il y avait dedans trop d'heures noires
Déchiré l'azur pour chasser les nues
Déchiré mon chant pour masquer les larmes Dissipé le bruit que faisaient les armes
Souri dans la pluie après qu'il a plu
Déchiré mon cœur déchiré mes rêves Que de leurs débris une aube se lève
Qui n'ait jamais vu ce que moi j'ai vu "
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"Tu vins au coeur du désarroi Pour chasser les mauvaises fièvres Et j'ai flambé comme un genièvre A la Noël entre tes doigts Je suis né vraiment de ta lèvre Ma vie est à partir de toi "
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"Tout ce qui fut sera pour peu qu'on s'en souvienne"
Simplement : beau ! Pas seulement beau : profond, humain, sincère, fraternel... D'abord la structure : on a l'habitude de lire la poésie à petites doses, en picorant dans les recueils ; ici, il convient de lire comme un roman - le titre est parfaitement approprié. On passe d'un poème à l'autre en suivant la trame chronologique - la 1ère guerre mondiale, le surréalisme, la guerre d'Espagne, le Front populaire, la 2e guerre mondiale, ainsi de suite jusqu'en 1956. Quelques allusions à mai 68 et à la désillusion qui a suivi la révélation des crimes staliniens. Les femmes, l'amour fou (Elsa). Trois parties correspondant aux grandes époques et introduites par un poème rappelant l'intention autobiographique (en italique). Une tonalité générale enrobe le récit : une certaine distance par rapport au passé vécu, aux illusions de la jeunesse ("Je traîne après moi trop d'échecs et de mécomptes / J'ai la méchanceté d'un homme qui se noie / Toute l'amertume de la mer me remonte"). Mais elle se dissipe régulièrement quand apparaît l'amour ou que la place est faite à la commémoration des héros. La forme : très variée (quintils à la construction quelque peu déstabilisatrice, sixains formant unités closes sur elles-mêmes, etc.), mètre également variable où dominent l'octosyllabe et le ver à 16 pieds. Ce dernier particulièrement approprié à l'exercice de la narration (et le poète ne se refuse pas les rimes intérieures). Absence complète de ponctuation qui oblige, parfois, à un effort de recomposition amenant quelques surprises et gratifications. Jeu sur le rythme (cadence, découpage mêlant régularité et rupture, faux alexandrins, etc.). On aimerait apprendre des poèmes par coeur, au moins des citations (chacun a ses préférences, en fonction de son vécu ou de ses attentes). Mais en relisant, on s'aperçoit que ce qui, de prime abord, nous avait moins parlé est tout aussi beau et nécessaire que le reste. Bref, un sommet de la poésie ! Dommage que l'édition Poésie/Gallimard ne rende pas mieux justice au texte : police de caractères minuscule (pour laisser la page à moitié blanche !), peu de notes en fin de livre (sans appel de note dans le texte !).
Un recueil magnifique dans lequel Aragon évoque différents moments de sa vie d’une façon toujours poétique — d’où le titre.
On y retrouve forcément des vers amoureux adressés à la fameuse Elsa Triolet, mais ce sont aussi des introspections, des souvenirs de guerre et de villes qui transparaissent.
Nombreux sont les poèmes que j’ai annoté et marqué d’un post-it pour y revenir plus tard tant je les ai appréciés.
De fait, à travers cette entreprise poétique de la forme historique du roman, Aragon rend sensible les différents événements marquants de sa vie ainsi que son regard rétrospectif sur sa vie d’alors. Les mots sont justes, évocateurs, les poèmes sont beaux. Que demander de plus ?
De beaux passages mais je n’ai pas tout aimé car je n’ai pas ressenti partout la musicalité et le rythme de la poésie. Les passages satiriques sur divers cibles et sujets notamment m’ont lassée et ont quelque peu déçu mon attente de poésie
3.5 ⭐️ j’ai eu du mal à me plonger dans ce recueil, mais il y a avait de très belles choses et aussi très fortes. cependant tout ne m’a pas embarquée et la longueur des poèmes m’a sûrement freinée :(
⭐️ 3,25/5 Un recueil de poèmes qui parle de la guerre, de l’amour, de la vie et de pleins d’autres choses. Quelques jolis poèmes. Mais je n’ai pas réussis à apprécier réellement la prose d’Aragon.
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« Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce cœur débile et blême Quand on est l'ombre de soi-même Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment »
Pas une mauvaise lecture, j’ai beaucoup apprécié la première partie. La seconde et la troisième mon un peu moins plus mais dans la totalité il y avait de bons poèmes !