Cette nouvelle édition reprend fidèlement, pour la première fois, le texte et la mise en pages de l'édition originale de 1937, à quoi s'ajoutent une postface, une chronologie et une bibliographie préparées par Réjean Beaudoin.
After being enticed by Czarny's intriguing review on this, this morning, I thought I'd employ a shot-in-the-dark-method to see if I couldn't find it today. It turns out there's an easily accessible copy online. I knew, then, that the reading gods were with me, and that this would be a gift from heaven. I wasn't wrong.
Pause, and consider:
C'est là sans appui
Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise Et mon pire malaise est un fauteuil où l'on reste Immanquablement je m'endors et j'y meurs.
Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches Par bonds quitter cette chose pour celle-là Je trouve l'équilibre impondérable entre les deux C'est là sans appui que je me repose.
I heard again the sounds of my childhood as I skipped through these 58 pages -- the sounds that came tumbling out of the heart of French Canada and I couldn't take my breath in deeply, for some time. When your past hits you in the solar plexus, you are forced to pause and take note of what you are being given.
I've felt, in the last year, and more especially in the last few months, that I'd lost my literary direction, my language of the heart: just wandering around like a ghost, picking up this and that from bookshelves and not feeling the connection I once had with my books. There seemed no purpose, at times, to my eyes being glued to the page: words followed words, but they were merely a blanc-mange, as dull and pasty as the worst cook could muster.
Then I awoke to a dream of my past. When Garneau took freely to his words, this new form of poetry was deemed a sort of disorder of the soul, for he was one of the first to break free from traditional, metered rhyme, and offer the song that Québecois, that Canadians, could hear, in their own language of the heart. No more the stiff crinolines, and stodgy lines, but the free-flowing rhythms of nature, the free-flow of natural speech.
This "disorder of the soul" suited me just fine in my present state because of course, it turns out, the snarling language that others interpreted, sounded more like brooks running over rocks, children's voices resounding in forests of play, silence whispering in the leaves, nature whispering to the soul.
This much I learned long ago, and remembered, as it all came tumbling back to me while I read his lines. I'd read it more than 30 years ago, and now here they are, new-born on the page, with all the freshness that I experienced the first time I read them; and yet, with acquired wisdom, I hope I can see even deeper beauty, and understand more completely: we can easily build our own universes, when we see again through our children's eyes.
Ne me dérangez pas, je suis profondément occupé
Un enfant est en train de bâtir un village C'est un ville, un comté Et qui sait
J’encourage tous les anglophones canadiens à lire ce petit volume qui depuis sa publication en 1937 est une grande source d’inspiration aux écrivains québécois qui témoigne de leur capacité d’écrire des œuvres d’une grande qualité et d’une portée internationale. La trentaine de poèmes que l’on y trouve sont limpides et efficaces. Quelqu’un qui commence à apprendre le français pourra comprendre sans trop de difficulté le sens littéral des vers. « Regards et jeux dans l’espace » a lancé la littérature québécoise dans la modernité. Les récompenses sont grandes pour tout lecteur de « Regards et jeux dans l’espace. »
Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise Et mon pire malaise est un fauteuil où l'on reste Immanquablement je m'endors et j'y meurs
Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches Par bonds quittes cette chose pour celle-là Je trouve l'équilibre impondérable entre les deux C'est là sans appui que je me repose
Malgré mes longues études de lettres, je n'entends rien à la poésie. Autant je peux m'émerveiller devant la rythmique d'une phrase ou la force d'une image dans un roman, autant je me sens démunie face à un poème, comme si le sens m'échappait sans cesse et que j'étais constamment renvoyée à mon ignorance.
Mais peut-être est-ce là une des possibilités de leurs lectures?
Cela dit, j'ai, depuis de nombreuses années - depuis la seule évocation de son nom - un faible pour Saint-Denys Garneau; son mystère, sa figure, son refus, sa revendication de la pauvreté, sa pratique du journal. Je ne peux pas traverser la rivière Jacques-Cartier à Sainte-Catherine sans penser à sa mort, à son tour de canot qui lui a été fatal et à son ombre qui pour moi survit à la rivière et s'accroche aux saules qui tendent leurs branches.
Je crois que, au bacc, j'avais lu sa poésie, mais cette fois j'avais envie de la comprendre davantage et, bientôt, de l'enseigner à mon tour, si j'arrive à me l'approprier. Je reste néanmoins sans mot, incapable de bien comprendre, de savoir la valeur à accorder à ses vers que le poète lui-même a désavoué.
Il y a là quelque chose d'âpre qui nous prend à la gorge; des sons, des images, des mains tendus, des os qui s'entrechoquent, des oiseaux qui se heurtent à la cage thoracique, une difficulté à respirer. Et la solitude, la solitude infinie. C'est lui et ce n'est pas lui.
Thèmes : - La lucidité - La poésie / l'enfant - Le sens de la vie - La solitude - L'émerveillement
Écrit dans un style libre qui crée une rupture avec la manière rigide d'écrire de la poésie à l'époque. Probablement le poète québécois le plus connu, avec Émile Nelligan.
[Lu dans le cours de littérature de Jean Désy, automne 2018, Université Laval]
Relecture en 2025 et j'ai autant aimé qu'à ma première lecture en 2023. Très heureuse d'avoir découvert Hector de Saint-Denys Garneau à l'université, mieux vaut tard que jamais.
Ce recueil comporte pour moi à la fois des poèmes très cryptiques qui ne m'ont pas du tout parlé et d'autre magnifiques qui m'ont touché (notamment les poèmes sylvestres). Il me faut dans tous les cas saluer la maîtrise lexicale du poète même quand il aborde un sujet dont je me sens éloigné. Une bonne découverte.
J'ai goûté à la fin du monde et ton visage a paru périr devant ce silence de quatre colombes devant la mort de ces quatre mains Tombées en rang côte à côte
"L'avenir nous met en retard Demain c'est comme hier on n'y peut pas toucher On a la vie devant soi comme un boulet lourd aux talons Le vent dans le dos nous écrase le front contre l'air"
Poèmes classiques au Québec. Ce recueil est plein de bijoux poétique. Le rapport au corps, à l’enfance et à la maladie sont des thèmes explorés de manières subtiles et imagées.
J'ai beaucoup aimé l'exploration des thèmes de mouvement et d'immobilité qui sont en contraste l'un avec l'autre dans tous les poèmes du recueil grâce aux images de nature, de jour et de nuit. L'auteur a un style d'écriture particulier qui se lit facilement et qui rend son oeuvre encore plus intéressante à lire. Un classique de la poésie québécoise à ne pas manquer.
uma leitura agradável e leve mas com muitos jogos (pun intended) bastante interessantes. repetições desnecessárias, inocência forjada. achei muito divertida. tradução serviçal. acho que o Diogo Paiva agora traduz com muito mais ferramentas que aqui.
J’ai fait l’erreur de mettre de côté ce recueil de poésie pendant des années sans jamais le lire avant aujourd’hui. Une belle erreur qui tombe à point.
Agréablement surprise! Saint-Denys Garneau a une plume si simple et pourtant remplie de complexité. Contente qu'il soit mon premier recueil de poésie lu au complet :)
J'étais très perplexe au début de ma lecture et je n'arrivais pas à accrocher. Ce n'est clairement pas une lecture accessible - je m'explique - il faut être dans un endroit calme et propice à la concentration pour se laisser emporter dans l'univers de De Saint-Denys Garneau. Ce n'est pas une lecture de métro à l'heure de pointe!
''Je marche à côté d’une joie D’une joie qui n’est pas à moi D’une joie à moi que je ne puis pas prendre
Je marche à côté de moi en joie J’entends mon pas en joie qui marche à côté de moi Mais je ne puis changer de place sur le trottoir Je ne puis pas mettre mes pieds dans ces pas-là et dire voilà c’est moi''
Les poèmes traitent souvent de la division intérieure du poète et de son malaise. Il dépeint également les sensations qu’il éprouve face à la nature (l’harmonie de la nature entre en contraste avec son conflit personnel).
Mais, décidément, la poésie, ce n’est vraiment pas mon truc.
Étrangement, écrire une dissertation très éprouvante sur ce recueil ne m'a fait que l'apprécier plus. C'est du jamais vu. Merci mille fois Hector, reste à voir si j'aurai une bonne note.