Faysal, Palestinien trentenaire, reçoit un mystérieux faire-part de décès. Mais qui est donc cette tante Rita ? Intrigué, il abandonne son amant et sa vie en Europe pour retourner à Jabalayn, son village natal. Dans le palais déserté de son enfance, il erre. Le passé resurgit, fastueux et lourd de secrets. Alors que plane la menace d'une annexion imminente, qu'une famille et un pays sont au crépuscule, l'esprit de Faysal bascule. Karim Kattan nous donne à lire un premier roman troublant, à la fois tendre et violent, qui explore les contradictions de l'engagement politique et de la mémoire. A l'ombre des amandiers en fleurs, se dévoile une Palestine devenue lieu de l'imaginaire, intime et insoumise.
Je comprends et salue l'intention mais j'ai du mal avec l'exécution. Décidemment son écriture n'arrive pas à me cueillir. Il me manque des ancrages dans la plume et ses histoires. C'est une très belle fresque familiale, une belle flambée sur la colonisation des terres Cisjordaniennes, un beau texte sur la transmission, mais je suis sûr que j'aurai pu bien plus apprécier le texte et l'histoire s'ils m'étaient contés différemment.
Un livre trouvé par le hasard des choses, en passant dans une librairie. C'est un roman fort, beau, intense qui va me hanter (comme c'est approprié) pendant un long moment je pense.
C'est un roman sur la transmission familiale, les racines, les histoires de familles et leurs secrets qui sont déformés ou oubliés avec le temps. Les non-dits sont tout aussi importants que les mots, il y a tant de chose dans les silences de Karim Kattan.
Il y a une volonté assumée d'adopter un style vaporeux, onirique et métaphorique à la fois. L'histoire se découvre par vague, en posant pierre par pierre les éléments qui la composent. Un personnage principal perdu dans les limbes des souvenirs, dans une patrie abandonnée mais pas oubliée. Une quête de sens qui devient obsessionnelle, une réalité devenue optionnelle.
Il y a une belle complexité des émotions et des personnages qui sont imparfaits de la plus belle des manières. Malgré cela le roman n'oublie pas d'être profondément politique et de parler de la colonisation israélienne sans demi-mots.
Ce n'est pas un livre qui va plaire à tout le monde, on tombe presque dans le réalisme magique par moment mais c'est un livre à lire, absolument.
Je ne peux que recommander ce livre qui parle de la mémoire et de l’identité quand tout disparaît autour de soi ; le palais des deux collines est la métaphore de toute la Palestine, une demeure familiale somptueuse à l’abandon, envahit par les plantes grimpantes et visitée par des pillards. La plume de Karim Kattan est sensible, acérée et profondément politique et l’ombre de Naguib Mahfouz n’est jamais loin.
A magnificent book and the writing was exquisite. The book begins strongly evoking Camus’s The Stranger as we meet a narrator who is struggling to explain why he has just killed a man. Faysal has such a strong presence in the narration and his voice was so unique and really carried the book forward all the way to the end.
Faysal has returned to his family home following a letter detailing an unknown aunts death. At the house he is haunted by the ghosts of his family and we learn the story of not just them but their place in Palestinian history. The family was absolutely fascinating and coupled with the gothic aspect of the abandoned house and the lost voices, it was such a stunning read.
I loved how Faysal constantly referred to the reader and that there was a really big existential aspect to the book. I would really recommend for fans of Camus or Kafka or if you enjoy introspective, existential stories with a really intense narrative voice.
C’est un livre précieux. On se sent comme tributaire de vies, de souvenirs. Comme si, à travers nous, l’auteur était parvenu à sauvegarder une part de la mémoire palestinienne. On n’est plus seulement lecteur, on se sent comme chargé d’une histoire qu’il nous faut nous aussi transmettre et faire vivre.
Ce n'est pas mauvais mais j'ai l'impression d'être restée quasiment tout le long à côté de l'histoire que veut nous raconter Karim Kattan, j'avais hâte d'en terminer.
An own-voices novel, Kattan brings to life Faysal, who has recently learned that his aunt – whom he can’t remember – has passed away. He travels from his exile in Europe back home to the titular ‘palace on the higher hill’ – their now-crumbling family home on the West Bank – recounting ghosts of his and his family’s past and, all the while, learning of his people’s story. There’s a sense of push and pull, urgency and disillusionment, exile and home, throughout the story, and Kattan explores identity and a truly unique, lived perspective of Palestine in this offbeat family saga. Kattan’s turns of phrase are gorgeously translated into a trailing first-person perspective that magnetises you from the first page. The way that it’s told solely in Faysal’s voice adds a surreal, solitary layer to the story which really emphasises how Palestinians feel – alone, displaced, unbelieving. I completely loved this book.
Fayçal, dernier de sa famille, retourne dans sa maison familiale en Palestine et se remémore ses souvenirs d'enfance pendant que les colons se rapprochent de son village. Assez lent et émouvant, beau malgré les difficultés de compréhension
Récit très beau, lent et émouvant. On se perd un peu entre les timelines et les narrateurs cependant
Très beau livre, il pose un voile de tendresse et de poésie sur une histoire insoutenable. Particulièrement douloureux à lire dans la conjecture actuelle. From the river, to the sea 🇵🇸
Quel livre fabuleux... j'ai tellement aimé le style du début un peu à la Camus, le travail sur la structure, le narrateur non fiable de toute la première partie, sa confusion qui va de pair avec les sauts dans le temps, son désespoir et sa nostalgie qui donnent tellement à ressentir le sort à plus grande échelle de la Palestine... C'était si beau et ça m'a très très fort donné envie de lire ses autres livres et de redonner une chance à Hortus conclusus qui m'avait un peu perdue vers le milieu ; juste gros bémol sur les longs passages du passé de Nawal et Ibrahim, j'ai trouvé ça moins virtuose et plus ennuyant par rapport au point de vue de Faysal au présent.
Je ne peux pas nier la beauté de la plume de l’auteur ainsi que la beauté du récit ! En revanche, je n’ai pas du tout réussi à rentrer dans l’histoire. C’est dommage. Mais je pense que c’est très personnel !
Ce livre m’a tellement marqué, j’ai eu des frissons à la dernière page. Des histoires parallèles et entrelacées sur plusieurs générations d’une famille palestinienne, des fantômes qui deviennent narrateur.rices, des personnages qui luttent avec le queerness ou l’ignore entièrement, une chronologie pas forcément cohérente qui te force à lire activement et entre les lignes - bref, un livre à relire absolument.
Un texte spectral, plein de murmures et de fantômes, qui evoque une fresque familiale palestinienne et le retour impossible de Faysal au palais des deux collines, hanté par sa grand mère Nawal.
Un roman délicieux qui parle de la Palestine, de son passé, présent et future. L'histoire est pleine d'émotions, elle très bouleversante et, même, choquante. On découvre l'amour, le chagrin, la guerre, la vengeance et la trahison sur cette terre sainte et immortelle. Malgré les sentiments du culpabilité et d'impuissance, l'écriture est très apaisante. On se trouve dans un monde d'étincelles et des rêves. On aime encore cette terre grandiose et ce peuple résistant. On l'aime infiniment et inconditionnellement.
Mon passage préféré, et qui me rappelle ma chère Tunisie :
"Elle a raison. Ce pays est comme un chagrin d'amour. On guette la guérison. On se dit que c'est très bête, que ce n'est rien, ce n'es qu'un homme ou qu'un morceau de terre, des choses inutiles, comment aussi des choses inutiles peuvent-elles faire si mal? On se le répète. Certains jours de printemps, on se reveille, il y a un peu de soleil sur les draps du lit, on se tire et on se dit c'est une belle journée. Le douceur de ce réveil nous fait croire quela guérisonest survenue, au cours de la nuit, dans le cerveau désarmé. Désormais, c'estla convalescence. Désormais, ce pays là est fini pour nous. Mais ilsuffit, le soir même, d'un reflet dans le miroir, d'une personne croisée à qui l'on a envie de dire << Toi ! Toi tu étais bien avec moi, là-bas, il y a silongtemps, n'est-ce pas ? >> et c'est fini. D'autres jours, d'automne, dans un pays bien plus beau que celui-ci, où les forêts noires et profondes vivent à l'orange et les ruisseaux bleus et légers chantent des berceuses, c'est un vent qui se lève dans l'âme, on se dit, ça y est, c'est la guérison. Mais la nuit nous ramène à cette soirée, ce rossignol, cet arbre, cette blessure ouverte qui creuse le pays."
Le grand poète Mahmoud Darwich confirme cette image en disant : Sur cette terre, il y a ce qui merite vie.
Alors, comment guérir de l'amour de la Palestine ?
Ce que j'essaye de te dire maintenant, c'est qu'il ne s'est rien passé. Je te raconte du rien. Peut-être trouveras-tu cela ennuyeux, et tu aurais bien raison, je ne t'en voudrai pas le moins du monde, je te raconte une disparition.
C'est une histoire de fantômes, d'héritage perdu, d'obsession. Première fois que je lis Karim Kattan et j'ai été attrapé dès le début par son style. Le palais des deux collines est un récit onirique, parfois un peu difficile à déchiffrer, mais j'avais l'impression d'être un enfant, comme lui lorsqu'il se souvient, et ça m'a rappelé à quel point c'était facile et difficile de décrypter le monde des adultes. C'est plein de non-dits, d'aveux à moitié confessés, de demi-vérités.
Non, ce n'est pas vrai, toutes ces histoires de racines, c'est des conneries. Quelles racines ? Ce que j'ai, ce sont des crochets, plantés dans mon cou, pour me maintenir en place. Dès que j'essaye de bouger, ils tirent de plus en plus fort et me vident de mon sang.
Puis évidemment, c'est l'histoire de la Palestine, de la disparition d'un pays et d'un peuple, d'une terre qui se vide. La petite histoire de soi, la petite haine de soi qu'on insère dans l'Histoire qui nous entoure. C'est vraiment un très beau livre, qui aurait pu facilement devenir une caricature de lui-même, ou trop cryptique, mais c'est superbement bien ficelé et bien écrit.
Un roman puissant qui m'a beaucoup touchée. Les thèmes du devoir de transmission familiale, des secrets de famille, du chagrin, de la vengeance sont mis en parallèle avec la portée éminemment politique du roman qui dénonce la colonisation israélienne. Le palais des deux collines devient alors une métaphore de toute la Palestine.
Le style, onirique et tout en sensibilité mais aussi parfois brutal m'a totalement embarqué. On oscille entre passé et présent tout comme Faysal semble le faire. On est parfois un peu paumés mais les pièces du puzzle s'assemblent petit à petit, j'ai beaucoup aimé tout ça.
Une lecture que je garderai en tête un bon moment.
Une mémoire sur une famille, une peuple et un pays dominé, blessé, oublié et cassé. Un récit de douleur et impuissance. Capitale de le lire dans ce moment où la Palestine souffre encore les conséquences de la colonisation et le génocide.
Un roman onirique émouvant qui rend hommage à la mémoire collective et à l'importance de sauvegarder son identité propre face à l'injustice. Marquant !
Il m'a fallut un peu de temps pour rentrer dans l'histoire, mais une fois que j'y étais, impossible de le lâcher. C'est une plume assez particulière, très poétique, joueuse un peu, mais qui parfois peu perdre. C'est là tout le jeu de l'auteur aussi de nous laisser suivre le personnage principal, Faysal, mais pourtant réussir à nous faire douter que c'est uniquement de sa voix qu'il s'agit.
Une lecture qui peut s'amener être déroutante, notamment au niveau de la chronologie qui à un moment est dans le passé, puis d'autre au présent, peut-être même futur ? De la même façon si la vision principale est celle de Faysal, parfois, on a aussi l'impression d'entendre les voix de sa famille. sa tante Rita, son oncle Ayoub, Joséphine et encore d'autres. Est-ce lui qui fait cela ? est-ce qui lui vit ? Est-ce que ceux qui l'entourent sont même encore vraiment là ?
Il y a aussi une dimension un peu fantastique avec ce vase rouge, les voix qui peuvent peut-être s'en échapper, mais aussi tous les non-dits de la famille, tous les secrets. Quelle est véritablement la symbolique ? Qu'en est-il de tout cela ? Il est difficile d'avoir un avis finale.
Quoi qu'il en soit, j'ai adoré ma lecture et je remercie vraiment le "The Watermelon Bookclub" pour m'avoir fait découvrir à la fois l'auteur et le livre. C'était une lecture incroyable.
I really felt that this book represented such a secondary perspective on what it really is to be Palestinian - so surrounded by such brutal images of violent suffering, it’s easy to forget the more subtle, pervasive forms that the Palestinian people have been enduring for generations. But this book so exquisitely captured this turmoil, this inner conflict between acting for oneself vs one’s people, the inescapable trapping of existing within the context that has come before you. One of the most strongest themes I got from this book is the entanglement of a land and its people - through Nawar, held from rest to defend her territory even beyond the grave, the pristine detail in which the territory was described, the intimacy between all the characters and the agriculture. I felt that the strength of Faysal’s narrative voice, growing the longer he spent in that Palace on the Higher Hill, was testament to this, as he found his feet, once again, where his roots have always been. In this way - I found some victory in the ending. With the extinction of these people, comes a sense that they possess something that the their assasinators never will, and will never be able to access.
That being said. This is a horrifying recount, and my heart is tearing in the knowledge of how much worse the situation has become in the time since. Thousands of villages like Jabalaya have now been destroyed, in a thousand times more flames, more suffering. I feel so very helpless and hopeless.
el momento en el que Karim kattan escribe lo siguiente me dejó sin poder decir nada más que: cuanta razón y que triste... (Igual os da ganas de leerlo, ojalá) :)
Adjunto texto:
"En el aeropuerto, mientras medio dormía sobre la cinta transportadora, un cartel largo de varios metros que pasaba a mi lado atrajo mi atención: próximamente, en Haifa, un museo de conmemoración de la cultura palestina. Un gran proyecto de memoria, anunciaba el cartel con una estética sobria. Entendí en ese momento exacto que todo había terminado, que uno hubiera sido vendedor de calzoncillos o de fusiles. Si nos conmemoran, es que han ganado; es que, a través de ese trabajo de memoria prospectiva, ya presidían nuestro aniquilamiento. La impresión de que la cinta me llevaba hacia la catástrofe. Antes, nos acusaban de ser ficticios. Se levantaban en sus parlamentos y ante los extranjeros decían: no, ¡Son seres de ficción! ¡No existen! ¡Nunca han existido! Nos asesinan y somos peligrosos y nunca hemos existido. Ahora construyen un museo: nos han colocado detrás de vitrinas con vestidos bordados y una prensa de aceitunas. Han logrado su truco de magia: realmente nos hemos convertido en seres de ficción."
"À l'aéroport, alors que je somnolais à moitié sur le tapis roulant, une affiche longue de plusieurs mètres qui défilait à mes côtés a attiré mon attention: coming soon, à Haïfa, un musée de commémoration de la culture palestinienne. Un grand projet de mémoire, annonce l'affiche à l'esthétique sobre. J'ai compris à ce moment précis que c'était fini, qu'on ait été vendeur de slips ou de fusils. S'ils nous mémorialisent, c'est qu'ils ont gagné; c'est que, par ce travail de mémoire prospectif, ils présidaient déjà à notre anéantissement. L'impression que le tapis roulant m'emmène vers la catastrophe. Avant, ils nous accusaient d'être fictifs. Ils se levaient dans leurs parlements et face aux étrangers et ils disaient, non, ce sont des êtres de fiction! Ils n'existent pas! Ils n'ont jamais existé! Ils nous assassinent et ils sont dangereux et ils n'ont jamais existé ! Maintenant ils construisent un musée: ils nous ont posés derrière des vitres avec des robes brodées et un pressoir à olives. Ils ont réussi leur tour de magie: nous sommes vraiment devenus des êtres de fiction."
Après "Eden à l'aube", dernier livre de Karim Kattan qui m'a prise aux entrailles, j'ai voulu découvrir ses précédents livres. "Le palais des deux collines" nous fait entrer au cœur de la Palestine, dans un village désert oublié par les Colons avec son palais au sommet d'une colline. Fayçal laisse sa vie en Europe et vient auprès de sa grand-mère Nawal, pour résister auprès d'elle, entendre les voix des esprits et les histoires de ce bout de terre, défendre la tradition. Ce livre m'a paru plus complexe, plus confus, avec des voix du passé et du présent qui se mêlent. Je sens une puissance dans cette écriture. Toutefois je considère que Eden à l'aube est plus abouti.