Comment se noue la domination masculine dans les fantasmes ? Et par quels moyens cette domination pourrait-elle se dénouer ? À partir d’entretiens approfondis avec des hommes, Florian Vörös explore les imaginaires sexuels masculins à l’aune d’une pratique très courante, mais peu étudiée par les sciences sociales : le visionnage de pornographie. En mêlant conversations entre hommes sur le plaisir sexuel et réflexion d’inspiration féministe sur les normes, les hiérarchies et les violences de genre, cet ouvrage décrit avec minutie la fabrique sexuelle de la masculinité blanche. La comparaison des cultures sexuelles gay et hétéro permet aussi d’aborder un large éventail d’images, de discours, de pratiques et de sociabilités qui alimentent le désir. Qu’est-ce qu’être un homme, un « vrai » ? Être actif, puissant et pénétrant ? Se contrôler et se montrer invulnérable ? Se prétendre adulte et responsable ? Au plus près des paroles et des affects des participants à l’enquête – des hommes âgés de vingt à soixante ans, blancs et issus des classes moyenne et supérieure –, le sociologue interroge leur adhésion à un modèle hégémonique de masculinité, fondé sur une conception de la virilité comme force « naturelle » à « civiliser ».
Docteur de l'EHESS, Florian Vörös est enseignant-chercheur à l'université de Lille, où il est membre du Groupe d'études et de recherche interdisciplinaire en information et communication. Il a dirigé la publication de Cultures pornographiques. Anthologie des Porn Studies.
Ça m'embête de juger si durement ce livre qui a le mérite d'exister (on a besoin que les hommes se prennent en charge et se questionnent sur eux-mêmes), mais plusieurs choses m'ont vraiment dérangée : - le titre est trompeur : l'essai se concentre exclusivement sur la consommation du porno par les hommes, et pas sur le désir et les fantasmes. Certes le porno peut en être un aspect, mais j'ai trouvé ça réducteur de ne se concentrer que sur ça. - je n'ai pas compris à qui s'adresse ce livre. En tant que femme, j'en suis juste ressortie plus misandre qu'avant, et cela manque d'analyse et de recul, à mon avis, pour être utile aux hommes qui ressembleraient à ceux qui sont interrogés. - justement, le manque d'analyse m'a posé problème. On nous livre la parole des hommes interrogés telle quelle, elle est souvent brutale et dérangeante et... c'est tout. La vraie analyse et l'ouverture vers des solutions n'arrive qu'à la conclusion, et c'est vraiment dommage. - il n'y a aucune remise en perspective historique. Les attributs de la masculinité ont évolué au fil du temps. Là on nous offre juste les considérations sur la masculinité d'hommes un peu limités, et jamais l'auteur n'explique que ces caractéristiques n'ont rien de naturel et ont évoluées en fonction des époques. Pourquoi ? Bref, on est pas sortis du sable.
Une lecture particulièrement intéressante et qui questionne les dynamiques de domination. Cette lecture pousse à la réflexion concernant les normes établies en prenant comme départ la pornographie, vue sous un prisme masculin et blanc.
L’enquête est bien menée et sa restitution est bien pensée. Or, les concepts sociologiques sur lesquels s’appuient sa problématique sont très peu interrogés et définis, la conclusion du livre est donc plate et interroge que très peu sur l’imbrication de l’autosexualite pornographique et son incidence sur les pratiques sexuelles en couple. Globalement, je trouve que la recherche reste assez superficielle par rapport à l’ampleur du sujet.
Analyse complexe des rapports à la virilité et à la domination masculine dans le visionnement de contenus pornographiques des hommes blancs de classes moyennes à supérieures (hétéros ou homos) qui éclaire un sexisme et un racisme ambivalent dans les fantasmes qui devient problématique dès lors que ces croyances essentialistes dépassent le domaine de l'imaginaire. Plaide pour une pédagogie critique de la pornographie pour soulever les contradictions que la domination masculine perpétuent et pour un détournement des codes pornographiques par une "curiosité queer" afin de réinventer une sexualité plus épanouie et féministe plutôt que la totale interdiction de "la" pornographie.
Super livre, j'avoue avoir pendant longtemps (jusque récemment encore) sous estimé la normalisation de mes propres désirs sexuels par la société patriarcale. La pornographie mainstream où de nombreux clichés racistes et sexistes sont joués n'est pas une cause mais bien un symptôme d'un discours bien plus profond et ancré, mais c'est un média qui présente le caractère pénétrant pour bousculer au moins en partie ce discours normatif patriarcal. Bravo.
Vraiment très intéressant ! Je fais un petit reproche à la structure, je trouve que parfois les articulations ne sont pas très claires, que les témoignages encadrés tombent un peu comme un cheveu sur la soupe au milieu du développement. Néanmoins l'essai soulève de très bonnes questions sur la sexualité, la masculinité et les dynamiques de la domination masculine. Une bonne lecture !!
Je ne comprends pas les avis qui remettent en cause l’utilisation des concepts sociologiques par l’auteur. Pourtant, il les définit, les complète grâce à la convocation d’autres auteur.e.s., les relie habilement aux enquêtes menées pour les analyser (de longs encadrés des entretiens conduits). Concernant l’autosexualité, il ne s’agit que d’une piste permettant de se reconnecter à sa propre sexualité et de mettre à distance les fantasmes construits. Pour ma part, j’ai adoré l’ouvrage. J’ai ri, j’ai grincé des dents et j’ai beaucoup réfléchi sur ma propre sexualité et sur mes fantasmes. Le livre permet de déconstruire les fantasmes masculins, et je pense que tout homme devrait le lire. Il montre qu’une éducation à la sexualité avec des moyens est urgente et nécessaire.
Un livre capital dans la compréhension de la sexualité masculine. La structure et la forme sont parfois pas super claires mais c'est largement rattrapé par le fond qui est vraiment de haute qualité. Un vrai plaisir à lire auquel j'ai souvent repensé.