Frédéric Martel holds a PhD in social sciences and several graduate degrees in philosophy, political science and law. After being project manager for the French Embassy in Romania (1990–1992) and the French ministry of culture (1992); and being advisor to the former Prime Minister Michel Rocard (1993–1994), he served the Minister of Labor and Social Affairs, deputy-Prime minister Martine Aubry, as one of her political senior advisors (1997–2000). From 2001 to 2005 he was cultural attaché for the French embassy in the US. He has been a visiting scholar at Harvard University and New York University (2004–2006). He wrote, or currently writes, for numerous publications (including Magazine Littéraire, L'Express, Dissent, The Nation and Slate) and produces its own radio show, "Soft Power", a weekly live talk show on the entertainment, the medias and "the internets" for the French national public radio station France Culture. He is also editor in chief of the Internet-based cultural magazine nonfiction.fr and a columnist at Slate.
Additionally, he has had high-level academic activities by giving conferences in major American universities (such as Harvard, Stanford, Yale, Princeton, Berkeley and the MIT), universities in Mexico, Argentina, Brazil, Hong Kong, China, Japan, India, Egypt (and dozens others countries) and by teaching, from 2005 to 2014, at the Institut d'Études Politiques de Paris (also known as Sciences Po Paris) and at the Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Paris (also known as HEC Paris). In 2008–2010 he was a researcher for the French Foreign Affairs' Analysis and Forecasting Centre and he founded the research web site of the Institut National de l'Audiovisuel concerning creative industries and medias around the world.
From 2012 to 2013, he was a senior researcher at IRIS, Institut de Relations Internationales & Stratégiques. Since 2014, he is a senior researcher on culture and the internet at ZHdK University in Zurich (Switzerland).
L’ouvrage de Frédéric Martel intimide : plus de 600 pages d’une écriture serrée pour rendre compte d’une immense enquête menée pendant quatre années « à partir d’archives et de 700 interviews dans 35 Etats et 110 villes américaines » (p. 575). Pourtant cet essai sur la politique culturelle américaine, qui fourmille de portraits et d’anecdotes et qui est servi par une plume alerte, se lit d’une traite. Son plan est d’une remarquable limpidité. Dans une première partie, Frédéric Martel narre l’histoire de la politique culturelle américaine décrivant tour à tour la naissance, l’épopée et le déclin du National Endowment for the Arts (NEA), en insistant sur ce qui le différencie des administrations culturelles européennes. Dans la seconde, il décrit les acteurs étonnamment divers de la vie culturelle aux Etats-Unis : fondations, associations à but non lucratif, universités, etc.
Menée sans a priori par un « intellectuel de gauche » qui ne parvient pourtant pas à dissimuler la séduction qu’opère sur lui une vie intellectuelle organisée si différemment de la nôtre, cette enquête foisonnante a eu un grand retentissement à sa sortie en France à l’automne 2006. Car éclairant un vieux débat franco-français, elle montre qu’une vie culturelle intense est possible sans que l’Etat s’en mêle. Rien n’est plus contraire en effet aux mentalités américaines que l’interventionnisme d’Etat exercé par la rue de Valois que les Américains considèrent comme une menace inquiétante sur la liberté d’expression. Cela ne signifie pas pour autant que l’Etat ne fasse rien pour la culture. Il préfère à l’imposition d’une norme artistique une action moins directe, qui prend la forme notamment d’invitations fiscales. Ces exonérations bénéficient à une myriade d’associations à but non lucratif et reconnues d’utilité publiques, les associations « 501 c 3 » du nom de l’article du code des impôts qui les exempte de la plupart des taxes et qui offre à leur donateurs des exonérations fiscales importantes. Les universités, qui sont des acteurs de premier plan de la vie culturelle, bénéficient d’un régime similaire. Ce système encourage les donateurs qui, dans un élan philanthropique inconnu en Europe dont Frédéric Martel analyse les ressorts sociologiques et psychologiques, financent l’essentiel de la vie culturelle.
La spécificité américaine est là, où on ne l’attendait pas. Contrairement aux idées reçues, la culture aux Etats-Unis n’est pas abandonnée aux seules forces du marché. Pas plus aux Etats-Unis qu’en Europe, les œuvres d’art ne constituent un produit comme un autre. Cette réalité méconnue révèle l’hypocrisie du débat transatlantique sur « l’exception culturelle ». L’art est subventionné aux Etats-Unis ; l’Etat intervient mais sans dicter des normes. « Il n’y a pas de « pilote » dans l’avion (…). Il y a mieux : des milliers d’acteurs » (p.523) dont l’activisme désordonné garantit paradoxalement la diversité de la vie culturelle. Ce « civisme culturel » est l’aspect le plus éloigné et le plus fascinant de la culture américaine, loin des clichés auxquels elle est souvent réduite.
Ce livre est très intéressant pour comprendre les subtilités de la culture aux USA, car, oui, scoop, il y en a bien une, et même plusieurs. J'avais un peu du style "pointu" des éditions Champs mais la lecture reste accessible même s'il faut sans doute connaître déjà l'histoire des USA en amont.