« Ceci est une adresse. Aux femmes en général, autant qu’à leurs alliés. Je vous écris d’où je peux. Le privé est politique, l’intime littérature. »
En France, la quatrième vague féministe a fait son entrée : non plus des militantes, mais des femmes ordinaires. Qui remettent en cause les us et les coutumes du pays de la gaudriole, où une femme sur dix est violée au cours de sa vie, et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint.
Dans ce court texte incisif qui prône la sororité comme outil de puissance virale, Chloé Delaume aborde la question du renouvellement du féminisme, de l’extinction en cours du patriarcat, de ce qu’il se passe, et peut se passer, depuis le mouvement #metoo.
Chloé Delaume, de son vrai nom Nathalie Dalain, née à Versailles le 10 mars 1973, est une écrivaine et éditrice française. Elle est également performeuse, musicienne, chanteuse, de manière plus anecdotique. Son œuvre littéraire, pour l'essentiel autobiographique, est centrée sur la pratique de la littérature expérimentale et la problématique de l'autofiction.
Un style proche de Despentes et Delorme mais avec beaucoup de listes, d'idées écrites les unes à la suite des autres.
Comme le dit une autre personne dans les commentaires : pour les personnes novices, les explications manquent. Le texte est assertif et pas pédagogique du coup a moins d'être déjà convaincu.e, il y a des risques de s'y perdre. Point de vue très blanc : à peine de mention de racisme alors que le thème même de sororité est fortement impacté par le racsime et le fait que les meufs blanches ne remttent pas leur privilège en question. De plus, la question des transidentités y est aussi à peine esquissé (voire pas du tout). (Pour mentionner seulement deux luttes absentes de l'essai.) Bref le bouquin m'a déçu.e parce que je le range dans ces bouquins de feministes blanches qui ne challengent pas leur privilèges et qui estiment que juste mentionner des oppressions les absout de se deconstruire. J'en ai lu beaucoup des comme ca et j'en suis lassé.e...
Un texte qui se lit comme un cri. Un longue poème qui s'élève contre le patriarcat et prône la sororité.
Par contre, je crains qu'elle ne parle qu'à des déjà convaincu.es avec ce livre : beaucoup de références qui auraient méritées d'être explicitées pour inclure celles et ceux qui n'y connaissent pas encore grand chose mais qui aimeraient rejoindre la danse.
Honnêtement j'ai vraiment du mal avec les bouquins de Delaume depuis MeToo (entre celui-ci et Phallers...) y a deux trois réfs qui nous font sourire certes mais les propos sont pas "révolutionnaires" et en même temps, c'est pas un bouquin qui s'adresse à des primo-militant.es. Le style me convainc pas de ouf (les 3000 mentions au "mâle alpha" m'ont saoulée mdr) et la réflexion sur la sororité reste hyper blanche et aisée ? Genre aucune mention à bell hooks, aux féministes noires qui ont bcp apporté à la question et soulevé les angles morts justement, aucune réflexion sur comment croiser la notion avec les luttes antiracistes et même queer ? Bref, une conception de la sororité assez restrictive au final
Poétique et puissant, ce livre-manifeste bouleversant autant que formateur a pour but de rétablir la sororité. Parce-que les mots ont le pouvoir de transformer le réel, lisez le et partagez comme une arme avec vos bien chères soeurs
Un chapitre = un thème, un format qui lui sont propres. Du coup pour noter c’est compliqué. Il y a des chapitres qui m’ont mise mal à l’aise parce qu’ils me faisaient réfléchir. Il y a des chapitres qui m’ont mise mal à l’aise parce que je les trouvais simplement gênants. Et puis il y a aussi eu ces chapitres qui m’ont donné une nouvelle volonté de trouver mes sœurs et de les soutenir. La sororité nous attend ; c’est à nous de nous en emparer.
L'écriture est un peu pompeuse mais on s'y fait. Beaucoup de jeux de mots et références culturelles à faire sourire, rire jaune parfois. J'ai plus de mal avec cette version du féminisme qui me dit ce que je dois faire ou penser, et surtout ce que je dois dire ou pas. Soit on exige une égalité et une liberté totale pour toutes et tous, soit le combat est hypocrite, et voué à l'échec. Une lecture qui reste intéressante.
"Sororidad es la palabra clave, el final de la relaciones verticales, pensarse como hermanas lo modifica todo. Para ello cambiar de perspectiva sin temer las miradas lanzadas a nuestros asaltos. Brujas y jaurías: sin duda, su nombre es Legión. Sororidad, nada quedará a salvo porque las mujeres viven, en todas partes, resueltas y numerosas, peligrosas porque están unidas."
Je mets un 3/5 qui équivaut plutôt à un 3,5/5. Très court essai, très bien écrit, mais qui ne m'a pas plus emballée que ça... Je ne sais pas si c'est parce que je ne lis pas assez d'essai ou parce que cet essai m'a laissé un goût de trop peu. Ça m'a beaucoup fait penser à du Despentes, mais plus poétique et moins énervé, plus dans la conciliation. C'était quand même un bon moment de lecture et une bonne réactivation de mes convictions féministes, je crois cependant que c'est un texte qui s'adresse plutôt à celles et ceux qui se découvrent des affinités avec le féminisme.
Je préfère Delaume dans la fiction, ou alors il faudrait que je lise des textes plus autobiographiques...
"La sororité est le mot clef, la fin des rapports verticaux, se penser sœurs modifie tout. Pour cela changer l'angle d'approche sans redouter les regards portés sur nos assauts. Des sorcières et des meutes : bien sûr, pour nom Légion. Par la sororité, rien ne sera épargné car les femmes vivent, partout, résolues et nombreuses, dangereuses puisque unies."
"Mes bien chères sœurs", le titre de ce livre m’a fait penser au départ à la chanson d’Eddy Mitchell. Mais, l'humour mis à part, la comparaison s’arrête là. Ici, badaboum, la messe est dite avec un tout autre sermon. Car, comme l’écrit avec verve Chloé Delaume, "le patriarcat bande mou". Le féminisme 2.0, suite du mouvement MeToo, est le sujet de ce livre hybride, très court et très fort. Comme un cri, personnel et politique, culottée et très drôle. C’est un essai qui mêle histoire, politique, autobiographie et même musique avec le chant des partisanes. L’autrice y aborde la question du renouvellement du féminisme et de l’extinction en court du patriarcat. On y croise Buffy, la chasseuse de vampire, Donald Trump et son lamentable "Grab them by the pussy" et même l’ancienne émission de télé Cocoricocoboy, gaudriole française avec sa vulgarité sexiste et ses plaisanteries graveleuses. Actuellement dans l’ère post-Weinstein, le féminisme est devenu plus performant grâce aux réseaux sociaux, c’est ce que l’autrice appelle la quatrième vague. Après les suffragettes, après le MLF, après les questions de genre, voici venu le temps des hashtags. Chloé Delaume nous parle dans une langue qui claque avec des formules percutantes. Elle reprend des éléments de Virginie Despentes, mais de façon plus poétique et conciliante en s’adressant à tous les courants du féminisme avec le rêve d’un mouvement unifié et bienveillant, un féminisme de sœurs et pas de rivales. Pour y parvenir, elle creuse la langue qui a toujours été une chasse gardée masculine, elle réfléchit aux mots, à leurs histoires, à leurs usages actuels, anciens ou disparus. Car ce qui n’est pas nommé n’existe pas. Elle propose le mot sororité pour appeler ce nouveau féminisme, un mot jeté aux orties depuis des lustres, le pendant de fraternité. Un mot pour rompre avec les comportements individuels de rivalité féminine, pour en finir avec les logiques hiérarchiques verticales du patriarcat, un mot pour aller vers plus d’horizontalité, d’apaisement, pour définir d’autres formes de rapports sociaux. Car pour "sœur" Chloé, la révolution des mœurs est amorcée. Et un jour, peut-être, fraternité et sororité disparaitront de l’usage au profit d’humanité, tout simplement.
Un livre d'une puissance rarement égalée, une dénonciation forte, colossale et mordante du patriarcat, un jeu d'intertexte féministe presque sans fin (tout particulièrement adoré celui avec le King Kong Théorie "j'écris de chez les", une réappropriation des textes masculins canoniques en les subvertissant sans retenu (la réécriture p.18 du Nuit Rhénane de Guillaume Apollinaire est un chef d'oeuvre en soi! "Tout l'or des coups de reins devient le chant d'un batelier, au creux des tables de nuit, le tiroir aux petites morts").
À la fois poétique, essayistique, fictionnalisation de la pire dystopie imaginable pour les personnes friandes du bon vieux temps de la culture du viol ; un hommage aux plus jeunes générations, à cette quatrième vague de l'Internet à la parole et à l'écrit qui ne peut être réduit au silence malgré l'acharnement d'un backlash qui voit sa fin arriver.
Un ouvrage comme il est difficile d'en écrire et qui fonce droit vers ce qu'il a à dire avec une pluralité de style d'écriture, de figures de style et de force. J'ai eu l'impression de revivre les premières page de King Kong pendant toute ma lecture et de hurler ces mots dans le métro tellement ils sont beaux, énergiques et fermes. Un vrai cri du cœur.
Un récit court et percutant, aux racines du féminisme et à celles de Chloé. L'entremêlement de la cause des femmes à son parcours singulier qui dirige son fil rouge d'autrice, ses valeurs et sa vision du monde. Un récit horizontal où je suis devenue le temps de ces quelques pages la "soeur" de Chloé, et j'espère bien au-delà du récit, continuer, comme un mantra à me rappeler tous les passages savoureux, non-censurés, criants de vérité sur la condition féminine bien trop souvent avilie, désincarnée pour avoir été asservie à l'homme et ce depuis fort longtemps. Un vent d'émancipation (légitime) se lève, faisons partie des bourrasques ! Changeons comme il y eut les prémices durant la Rome trajane, où les femmes devenaient plus indépendantes déjà à cette époque (merci Alberto Angela). Un récit riche, pour finir, qui me donne envie de poursuivre les lectures de Chloé, dont l'écriture s'est ralentie au niveau du rythme des blessures légèrement pansées. Je recommande, et n'oublions pas que nous sommes toutes unies ! Réveillez la sorcière qui est en vous !
Ce livre est un coup de cœur ! J'ai adoré ce livre, il est violent et criant de vérité, mais aussi de rancœur face au traitement des femmes et des féministes. Mais en même temps, c'est un livre qui met en avant la sororité, le partage et le soutien entre femme.
On nous fait un état des lieux à la fois historique avec la révolution française, les différentes vagues du féministe. On a le témoignage personnel de l'autrice avec les mots de sa tante, son parcourt comme prostitué, son enfance avec une culture qui banalise le traitement déplacer envers les femmes. On a aussi des éléments culturels ou encore des faits d'actualité (en tout cas très actuel à la sortie du livre donc en 2019).
Franchement ce livre pour moi, il explique tellement bien la colère des féministes : violence envers les femmes et le traitement dénigrant envers les féministe. Le fait que notre société repose sur des valeurs problématiques.
J'aime aussi la construction du livre, on avance dans un cheminement de penser, on commence avec la colère puis à un message fédérateur pour les femmes.
D’une plume acérée, Chloé Delaume nous transmet son ressenti, son histoire et son analyse sur le quotidien des femmes et l’importance de la quatrième vague féministe en cours, celle du virtuel, celle qui libère enfin publiquement la parole des femmes à grande échelle. Piquante, la plume de Chloé Delaume est brillante comme une lame. Elle affute les mots comme les armes tranchantes qu’ils sont et ponctue son texte de punchlines aussi savoureuses que cinglantes qui marquent les esprits telles que: « Internet a libéré la femme là où Moulinex a échoué ». Engagé, le texte est [...]
À propos de la sororité. Le livre part des différentes vagues féministes, dresse un tableau des acquis tout en se concentrant sur ce qu’il reste à accomplir, le tout en partant de l’expérience intime de l’autrice. La langue est tranchante et poétique. Et surtout, il analyse simplement comment les femmes entre elles peuvent répéter bêtement les rapports de domination, comment elles peuvent s’entretuer en mettant de côté les responsables. Et autant dire qu’on l’a toutes fait, d’une manière ou d’une autre. Oublier la rivalité, pratiquer la bienveillance, « sans être mémé ». Je signe. C’est chouette de se laisser remettre en question par un livre. Merci Chloé Delaume.
D’un côté, une personne ayant déjà lu des ouvrages féministes n’apprendra pas grand-chose avec ce livre. De l’autre, de par l’écriture, les références etc, une personne « novice » pourrait se sentir perdue.
Plusieurs choses m'ont dérangée, notamment son approche du féminisme, et sa théorie selon laquelle le patriarcat est presque derrière nous. On a avancé, mais l’actualité nous montre à quel point il est essentiel de ne pas prendre les victoires pour acquises (Backlash, l’enquête de Susan Faludi, souligne d’ailleurs très bien à quel point la descente des marches peut être rapide)
Cependant, des réflexions intéressantes, comme celles sur la sororité
Il y a la rage, et à raison ! Un livre résolument féministe 4G (quatrième génération), qui appelle à l’union des femmes au travers de la sororité.
Un livre auquel je n’adhère pas inconditionnellement et auquel il ne m’est justement pas demandé d’adhérer car celui-ci ne s’adresse pas aux hommes. Doux rêveur, j’aurais préféré un projet incluant.
Reste un très bon livre militant, affirmé dans ses constats et revendications. Parfois drôle, souvent révolté avec un projet pour lequel Chloé Delaume appelle à continuer à se battre !
Dans ce bref essai, Chloé Delaume fait la synthèse de sa vision du féminisme, à la lumière des dernières décennies. Analyse de la quatrième vague et surtout propositions d'actions concrètes.
Le texte est fort, mais ne permet pas de faire l'économie du reste de l’œuvre de l'autrice, si l'on s'intéresse à sa vision du féminisme, et d'autres thématiques : il s'agit à mon sens d'une porte dérobée, dans l'une des tours du château de verre et de métal qu'elle a construit à travers son travail littéraire.
“La sororité est une attitude. Ne jamais nuire volontairement à une femme. Ne jamais critiquer publiquement une femme, ne jamais provoquer le mépris envers une femme. La sororité est incluante, sans hiérarchie ni droit d’aînesse. Cercle protecteur horizontal.”
Un bel appel à la “sororisation générale” - parce que les rivalités, les exclusions des femmes “qui se maquillent trop”, les refus d’entraide “parce que nous on s’en est sortie toute seule”, les bitchages de l’une et de l’autre - ça ne fait qu’affaiblir notre communauté de femme et renforcer le pouvoir du patriarcat.
Une parfaite introduction à la sonorité et au féminisme... qui sonne comme un cri. C’est adroitement ponctué de clins d’œil à des artistes vivants ou morts, écrivains ou chanteurs populaires... Ça mérite amplement les 2 heures de votre journée que vous auriez passé dans un espace autrement moins bienveillant. Bonne lecture mes soeurs.
« Depuis que les réseaux existent, la quatrième vague féministe derrière les écrans se préparait. Internet a libéré la femme là où Moulinex a échoué.»
D'un début fort mais un peu (trop) foisonnant tant il en serait presque fourre-tout, on arrive au fur et à mesure à une sorte d'appel, de manifeste ouvert, de proposition franche et motivante. L'habituée des écrits de Delaume sera ravi d'y retrouver des éléments lus ci et là sous sa plume... Bien joué !
This entire review has been hidden because of spoilers.
Je découvre l'écriture de Delaume. Ses mots crachent comme du Artaud, en plus féministe. Point de vue situé, pas totalement déconstruit mais à la subjectivité comprise et assumée. Une invitation à la douceur, ma soeur, d'aller là bas causer ensemble, comme ce serait doux, de crier ensemble des badaboum et de bannir le mot connasse de notre vocabulaire. J'adhère.
J'ai trouvé souvent l'écriture maladroite, artificielle, en faisant trop. Mais il y a de bons moments et surtout la fin et les réflexions sur la sororité, je ne regrette pas du tout de l'avoir fini (c'est un petit livre qui se lit vite !).
Une collection d'essais sur la sororité, très intéressante et à la langue maîtrisée. Un peu trop parfois, le premier essai flirtant avec la poésie, genre avec lequel j'ai quelques difficultés. Note : si le recueil n'est pas exclusif et ne s'adresse pas qu'aux personnes s'identifiant femmes.
Vachement intéressant, un vrai appel à la communauté et à la révolution. Pour autant, c'est accessible, court et même un peu drôle. Je pense que cet ouvrage pourrait même servir d'introduction au féminisme. Je songe à le faire lire à ma mère, d'ailleurs. J'ai apprécié cette petite lecture.