After, c'est le récit autofictionnel d'une passion qui se brûle à la vitesse d'un glissement de doigt sur l'écran d'un téléphone, d'une rupture arrivée trop tard et d'une relation polyamoureuse qui s'efface doucement. Les rencontres s'entremêlent à travers des partys redondants du Mile-End. Les intimités trébuchent, deviennent des «je t'aime», peu importe la langue, sans jamais vraiment parvenir à se fixer. L'écriture devient le refuge pour s'expliquer à soi-même, encore plus qu'aux autres, ce qui fait réellement mal lorsque l'on peut dire que l'on se situe «après» quelque chose. Présenté comme une série de souvenirs épars, After élève une voix disloquée en résistance face à ces relations dont on ne se remet jamais vraiment; il ne s'agit pas d'un deuil, mais de s'accepter fragile entre les blackouts et les amours qui disparaissent en cassant tout. Jean-Guy Forget est né à Montréal la journée du mariage de Michael Jackson et Lisa Marie Presley. Il passe son temps à saccager des micros-ouverts de poésie avec ses Goonies et à brailler quelque chose comme un mémoire de maîtrise. After est son premier roman.
Jean-Guy Forget est né à Montréal la journée du mariage de Michael Jackson et Lisa Marie Presley. Il passe son temps à saccager des micros-ouverts de poésie avec ses Goonies et à brailler quelque chose comme un mémoire de maîtrise. After est son premier roman.
Je trouve somme toute assez incroyable qu'on ose parler 《 d'écriture inclusive 》comme d'un fardeau pour le lecteur et qu'on puisse se permettre de critiquer le livre sur cet aspect, alors que, bien qu'After en utilise effectivement les codes (de la manière la plus organique possible), le livre le fait généralement pour définir des personnes qui utilisent elleux-mêmes ces pronoms quand vient le temps de s'autodéfinir (ou alors, les pronoms utilisés en français sont des traductions imprécises de la neutralité anglaise, et accompagnées de méta-commentaires plus souvent qu'autrement). Ne serait-ce pas plutôt alors la plus élémentaire décence humaine pour le je autofictionnel de respecter les personnages cotoyés et de les nommer selon leur propre identification de genre?
Quant au style, After propose une écriture très actuelle et touchante, parfois dure, parfois douce, et qui travaille autant l'identité que la solitude, autant le rapport à l'autre que la langue commune et ce qui se perd dans le changement d'une langue à l'autre. Le livre pourrait cependant rebuter certain-es lecteurices moins préparé-es à ces considérations esthétiques.
Thématiquenent, le polyamour, bien présent à travers l'intrigue, permet au je romanesque d'explorer en profondeur une multitude de sujets, son intériorité, la manière qu'il dévoile celle-ci, l'altérité et sa manière d'interagir avec l'Autre, l'amour, la trahison et le pardon, la solitude et la maladie mentale, les coping mecanisms qui l'accompagnent et dans lesquels le je plonge tête première.
Bref, un premier roman qui m'apparait très réussi. Dire de son auteur que sa langue menace la survie du français en Amérique ou que l'écriture inclusive amène une difficulté de lecture démontre un manque de volonté dans sa lecture, et un biais idéologique préalable (qu'on ne me lise pas comme aveuglé, je suis parfaitement conscient qu'il est très probable ou possible de ne pas aimer l'écriture de l'auteur, l'histoire proposée, le ton, etc. - mais le mélange des langues (qui appuie l'intrigue et amènent des questions théoriques quand à l'échange linguistique, à la diglossie caractéristique de la métropole, et à la traduction) et l'écriture inclusive (qui participe au réalisme de l'oeuvre, qui permet le respect des personnages entre elleux), me semblent des problématiques réactionnaires qui passent complètement à côté du projet littéraire de Forget.
L'écriture inclusive ne m'a pas du tout perturbée, mais les anglicismes à répétition pour ponctuer le propos m'ont vraiment dérangée, surtout que c'était souvent superflu. L'écriture inclusive n'est pas du tout désagréable, par contre les analogies à toutes les sauces techno pour représenter ses émotions c'est aussi très lourd, prétentieux et très très lassant. Par contre, le roman n'a pas vraiment d'essence ni de substance. On ne comprend pas vraiment pourquoi l'auteur nous raconte cette histoire (est-ce vraiment une histoire?), et si on a plus de 35 ans, on a l'impression de faire face à un "millénial", un "special snowflake" qui croit que la moindre de toutes ses émotions concernant ses aventures amoureuses puisse intéresser le lecteur. Le premier tiers du roman est simplement: je t'ai vu au cégep, je me suis approché de toi, tu m'intéressais, gnangnangnan. C'est très lourd et absolument dénué de tout intérêt. J'aurais aimé en savoir plus sur la maladie mentale de l'auteur, sur l'automédication, sans donner toute la place à un récit vraiment insipide sur ses états d'âme. Après le dernier tiers, j'ai été franchement lassée et je me suis prise d'une véritable antipathie pour cet auteur. Vers les derniers chapitres, il évoque le fait que certains le considèrent comme un "génie" de la poésie, en protestant mollement: on a l'impression qu'il veut vraiment nous rappeler que quelqu'un a dit ça de lui, et après avoir lu de réelles élucubrations vides de sens, de beauté, d'élégance ou de réel propos, on peut vraiment commencer à y voir une certaine prétention, qui ne m'a pas du tout semblée justifiée, ni méritée. Vers la fin, on commence aussi à en avoir assez qu'il remette son histoire de "ces DJs qui vivent chez leurs parents", de tous les autres qui ont réussi dans la vie, bien sûr sans l'avoir mérité parce que papa/maman paient pour eux. Ce sont des jugements superficiels qui reviennent tout au long du "roman" (tout ce que j'ai compris c'est qu'il a des relations ouvertes avec quelques femmes et que ça le perturbe énormément: ce n'est pas très clair ni intéressant). Peu de temps après, j'ai lu Homo Sapienne, qui partage beaucoup de points communs avec After. Dans les deux livres, des personnages écorchés, des frontières brouillées entre les genres et des vies sexuelles situées à l'extérieur de l'hétéronormativité, un récit à la première personne, certains passages "stream of consciousness", l'intrusion de l'anglais, l'intoxication, les fêtes. Mais Dans Homo Sapienne, on fait face à un réel récit, à un auteur qui nous rallie, qui nous séduit, et qui nous surprend, peut être pas par la beauté de l'écriture, mais par une histoire étonnante, un point de bascule astucieux, des personnages émouvants, et une vérité limpide. After aurait pu faire tellement plus.
Il y avait tellement d'éléments qui auraient dû me rendre plus critique, qui auraient pu faire en sorte que je ne sois pas là à écrire qu'il y avait ces éléments. Pourtant, je voudrais que ce livre passe entre certaines mains, au moins, si ce n'est pas entre les mains. J'ai été happée et ça faisait longtemps que je n'avais pas sentie l'urgence de retourner entre des pages lorsque je n'avais pas le choix de poser ma lecture (il faut bien manger et dormir et s'occuper de quelques trucs triviaux dans la vie...). Je le relirais là tout de suite et je le barbouillerais de notes et de surlignage si ce n'était pas l'exemplaire de la bibliothèque. N'empêche, il y a l'urgence d'y retourner et d'y laisser des marques (visibles, après celles que le livre a laissées en moi) qui me démange et je ne résisterai pas longtemps. J'écris plus pour moi, désolée. C'était vraiment galvanisant, c'était étourdissant, c'était juste génial. Merci pour ce livre. Je ne sais plus trop ce qui me rendait sceptique. J'ai bien fait d'attendre, d'avoir de l'espace dans la tête pour l'accueillir. J'espère ne pas oublier certains passages d'ici la relecture, j'espère pouvoir communiquer autour de moi le plaisir de lecture qu'apporte ce livre. Je ne sais même pas pourquoi j'ai autant aimé le lire. Mais qu'est-ce que j'ai aimé le lire!
« J'ai de la misère à accepter qu'on puisse juste crasher sans aucun happy ending, sans vraie résolution que notre histoire ait sa fin d'annoncée et qu'on puisse rien y faire. »
Si je donne 3/5, c’est que ca m’apparaît trop long et répétitif, j’ai un peu l’impression que l’écriture est cyclique et tourne en rond. C’est certes un bel hommage à la MDMA, le déni, la consommation continue, les partys, l’amour, le sexe et son lot de relations fucked up. Sauf que bon, pas complètement convaincue. Par contre, 5/5 à l’auteur pour l’écriture inclusive (illes, celleux, point mendian) et l’écriture franglais. Queer et inclusif. Un moyenne de 4/5.
« Cette errance que je répète dans mon écriture pas toujours claire, déconstruite, en promenade pas toujours syntaxique dans ma mémoire inégale, floue qui brouille les visages pour n’en former qu’un, un peu toujours le même, un peu toujours le mien, parce qu’au fond, à travers les noms, les pseudonymes, les drogues, les langues, je ne parle que de moi. » p. 131
En dépit du fait que j’ai beaucoup aimé la plume de Jean-Guy Forget, sa poésie et sa fluidité, il me manquait un petit je-ne-sais-quoi pour accrocher davantage.
« J'ai appris à swallow up toute ma vie, à survivre, à m'enfuir du rejet à venir. Gemini love, câlice. Chaque jour me demande de m'adapter plus à ce qui ne me ressemble pas, à ce qui ne me convient pas, même si ma tête est incapable de se fixer, que je n'ai jamais connu la stabilité émotionnelle, que chaque jour se ponctue de highs et de lows à ne plus en finir jusqu'à l'essoufflement, un test navette perpétuel qui se passe entre mes tempes. » (p. 31)
J’ai eu de la difficulté à terminer ce livre. Bien que je me le suis fait présenter comme un roman actuel, inclusif et poignant, je n’ai pas réussi à embarquer. Le narrateur tente d’exprimer la profondeur de l’être, la solitude, les relations poly amoureuses. Toutefois, je n’ai pas du tout ‘relate’ à l’histoire et aux personnages. De plus, la surutilisation des termes anglais me faisait décrocher à chaque fois. Ça faisait perdre de la crédibilité au narrateur. Bref, je peux comprendre pourquoi certains ont bien aimé, cependant ce n’était pas un coup de cœur pour moi.
J’ai adoré l’écriture inclusive, le mélange de l’anglais au français, une écriture très campée le Montréal de 2018. Une écriture musicale et poétique qui m’a beaucoup rejoint.
C’était agréable de lire des histoires polyamoureuses.
Toutefois, j’avoue avoir été un peu mélangé entre les histoires et j’avais un peu l’impression que cela tournait en rond. Reste que je l’ai lu presque d’une traite et que c’était agréable à lire. J’ai hâte de lire d’autres livres de Jean-Guy Forget.
Beaucoup de poésie dans un roman. Des fois un peu trop ... Ou du moins, c'est tellement inovant que ça choque. Je préfère vraiment être troublé par la forme et devoir m'adapter à une oeuvre que de lire des histoires passionnantes dans un style qui me fait lire en mode automatique.
J'en relirais demain matin, et peut-être, qu'avec le temps, j'y trouverais mon aise. Vivement plus de Jean-Guy Forget!
Il y avait beaucoup trop de phrases en anglais à mon goût (mais je crois comprendre que c’était en clin d’œil à ses deux partenaires anglophones) qui me faisait penser à l’ère Tumblr et jai eu de la misère à suivre la chronologie de l’histoire. Mais à part ca il y a beaucoup de phrases poignantes, de belles images et j’ai aimé ce regard sur un amour impossible. Je me suis reconnue à plusieurs moments et c’était réconfortant bien que je ne baigne pas du tout dans ce lifestyle. Ça se lit vite.
a twisted labyrinth of substance abuse and chaotic love affairs reminiscent of my early twenties. throughout the novel, clever wordplays and cultural references particularly evocative to nineties kids heighten the experience. a tragically beautiful and hazy portrayal of the mtl night life that defined the coming of age of so many of us older millennials!
Je crois que l’intention de l’auteur était de raconter une histoire sans tout dévoiler. C’est réellement bien fait. On comprend l’essence du récit sans capter totalement de qui on parle à quel moment. Avant-gardiste de la part d’un jeune auteur québécois, selon moi. J’ai adoré!
« Je déjouais la mort à répétition en transformant mon quotidien en une série d’anecdotes si réalistes qui présageaient le désastre. »
« J’ai une bonne relation avec l’autodestruction. [...] c’est sûrement une réponse à la surprotection de ma jeunesse. Elle aura créé chez moi une sorte d’idée irrationnelle que rien de pourrait m’arriver. Jamais »
Je n’ai rien contre l’écriture inclusive, mais avec un pronom à troisième personne du singulier (on) ça brise trop ma lecture.
Je vais surement y revenir pour tenter d’en venir à bout, mais pour l’instant je ne suis vraiment pas capable et la rentrée littéraire est si prometteuse.