Mary, Monelle, Julien et Sami sont étudiants en arts plastiques et découvrent, en même temps que leur corps et leurs désirs, l’art de représenter un corps nu. Au fusain ou à la sanguine, tous s’appliquent à rendre au mieux les traits de Joos, le modèle qui pose pour la classe, avant de se retrouver pour une partie de flipper au café.
Lors d’une escapade à Saint-Malo, Monelle et Julien échangent leur premier baiser et Sami et Joos confient à Mary qu’eux aussi s’aiment. L’été sépare le quintet et, à la rentrée, Sami apprend à Mary que Joos est séropositif. Affrontant enfin la colère de son père, Mary décide de s’engager auprès d’Act Up, une association qui milite pour la reconnaissance des droits des malades du sida.
Cathy Ytak was born in France in 1962. Both of her parents were teachers. She grew up in Paris but spent her vacations in the Jura Mountains, near Switzerland. Later on, she lived for a few months in Brazil, then in Barcelona, Spain.
She began writing stories as soon as she knew how to read and write. She has always loved books. When she was 15, she quit high school to attend a technical college where she studied book production and earned a diploma in bookbinding. By the time she was 18, she was working at various jobs such as sorting mail, housecleaning, bookbinding, etc. She worked for seven years as a sales assistant in a photo shop, which she enjoyed very much.
At the age of 27, she went back to school to study Catalan and to become a translator. At the same time, she was working as a journalist, which was bringing her closer to writing stories. During this period, she never stopped writing, even though none of her books were published. Her first novel was released in 1999.
Writing is part of Cathy’s life, even though it is not a full-time career. Until recently, she worked full-time as a translator of Catalan. Now she divides her time between writing and translating. She also likes to cook, and has published several recipe books on making bread and yogurt. She finds that cooking and writing have a lot in common: you start with practically nothing (flour, words), you add spices and flavoring, stir it with love, and it becomes a book or a dish to share or give as a gift. She finds it all very magical.
For Cathy, a writer is like a musician who uses words instead of notes. In order to become a composer of words, all you have to do is open your eyes, listen to the sounds around you, whether they be harmonious or dissonant, and be patient, very patient …
Gosse des années 90, j'ai grandi avec le Sidaction. J'ai entendu des têtes connues parler du VIH sur toutes les chaînes, j'ai assisté aux cours de SVT, tu sais le fameux cours où on t'apprend à enfiler une capote sur une banane. Je me souviens des rougissements, des rires nerveux, de ce que je ressentais dans mon ventre à ce moment là. Ce mélange de honte et de curiosité. Quand les gens parlaient de maladies sexuellement transmissibles, je ne comprenais pas ce que c'était. Parce que chez moi, on parlait pas de ça. J'ai pas eu le droit au moment gênant de la discussion avec les parents, au « tu sais le préservatif c'est important. »
En 2005, j'ai fait mon coming-out. Après des semaines difficiles et compliquées, ma mère m'a demandé si j'avais déjà fait « des trucs. » Je lui ai répondu à l'affirmative. Elle m'a ensuite demandé si je m'étais protégé. Réponse affirmative aussi. Et toute ma vie, toute ma vie je garderais en tête la phrase qui a suivi. « Il va falloir que les choses changent maintenant que tu as la maladie des homosexuels. »
Il est passé minuit au moment où j'écris ceci. Dès l'ouverture des cinémas, aujourd'hui 23 août 2017, « 120 battements par minute » de Robin Campillo sera sur nos écrans. L'histoire d'Act Up et de ses membres, du combat, de l'espoir et des poings levés. Alors il me semblait important d'écrire cette humble « critique » aujourd'hui. Parce que « D'un trait de fusain » de Cathy Ytak va te parler d'Act Up aussi, et tu n'as pas envie de passer à côté.
Comme pour beaucoup de mes chroniques, tu dois probablement te demander pourquoi je parle de mes expériences personnelles en tant qu'introduction. Je fais partie de ces lecteurs, encore peut-être pas assez matures, qui ont du mal à se détacher de leurs lectures. En finissant « D'un trait de fusain » mon premier réflexe a été d'écrire « ça m'aurait fait du bien d'avoir un livre comme ça, quand j'avais douze ou treize ans. » Ça m'aurait fait du bien d'avoir ce livre quand je me posais des questions, quand j'avais peur que ma mère ait raison, et si j'étais vraiment malade, et si tout était fini ? Alors je pense à tous ces gamins, là, dehors, qui vont peut-être entendre parler du livre, entrer dans une librairie, et se dire la même chose que moi. Ne laissons jamais de côté l'adolescent qu'on a été. Ça fait de nous de meilleurs humains. Et de meilleurs libraires, je crois.
Bref. Ma vie, c'est pas l'important. L'important, ici, c'est le bouquin. T'es en 92, tu suis quatre étudiants en arts plastiques qui kiffent le flipper, le café, et qui sont un peu bouleversés quand un modèle de nu, Joos, entre dans leur vie. Durant un été, les liens se font, se défont, on envoie pas forcément de cartes postales, la vie continue. Monelle et Julien commencent à se faire des bisous en cachette, Sami tombe fou amoureux de Joos. On pourrait penser à de belles romances adolescentes, de celles qui sentent la crème solaire. Jusqu'au moment où Sami annonce à Mary que Joos est séropositif. Bim. Coucou l'âge adulte, un peu d'innocence toute cassée à tes pieds.
C'est l'annonce de la séropositivité de Joos qui transforme le récit, l'épaissit, le rend encore plus palpable. Mary, encore trop enfermée dans un cocon familial de silence, étend ses ailes, joue des poings, et rejoint Act Up. Elle y rencontre des gens de tous bords, des révoltés, des rêveurs, des combattants. Elle se lance à corps perdu dans cette mission à laquelle elle croit, cette mission contre la mort et POUR LA VIE. Sous tes yeux ébahis, Mary éclate la gueule de la chenille et aux côtés de Sami et Joss devient un papillon immortel dans le grand champ de la littérature jeunesse. Un sacré putain de champ, si tu veux mon avis. Mais sous tes mêmes yeux ébahis, tu observes aussi l'histoire d'amour entre Sami et Joos, l'incroyable force de ce lien presque féroce contre ce que la vie veut leur dicter.
En moins de 300 pages, Cathy Ytak te parle d'amitié, de sexualité (et pas seulement masculine, oh non, loin de là : big up aux mentions de masturbation féminine, un grand OUI pour ça, parce que devine quoi, c'est normal, tout le monde le fait, et ça ne devrait pas être totalement invisibilisé, merci) et surtout de persévérance et d'AMOUR. « D'un trait de fusain » t'apprendra que les temps et les drames te permettent de connaître tes vrais amis. Que les gens changent, que les mentalités évoluent, pas forcément dans le sens que tu voudrais. Que l'amour, qu'il soit à 15 ou 20 ans, peut te secouer, te pousser à faire des choses folles, à rester jusqu'au bout, à tout supporter. Ça va aussi te plonger dans les années 90, l'époque où le VIH était appelé « le cancer gay » et où la psychose était de mise. J'avais rarement été aussi immergé au cœur d'une époque, au centre même d'un monde qui voulait grandir et s'étendre malgré les cris et les brimades. Dès la première page, les mots m'ont marqué, j'ai foutu du Stabilo partout, sur mes doigts et sur les pages, parce que j'étais face à des phrases qui disaient la vérité, à bas la pommade, finies les caresses dans le sens du poil, Cathy Ytak est honnête, Cathy Ytak est parfois brutale. Et comme lors de la première fois où j'ai lu « Tout contre Léo » de Christophe Honoré, je me suis surpris à relire des passages entiers avec les larmes aux yeux, parce que bon dieu que c'était bon d'avoir de la représentation, de la visibilité, que c'était bon de pouvoir me dire qu'un jour peut-être, je pourrais conseiller ce livre à un.e ado en quête identitaire qui veut juste se reconnaître quelque part.
Je vais conclure avec une anecdote : il y a une semaine ou deux, à ma pause déjeuner, j'ai entendu une jeune femme dire « non mais c'est bon, plus personne meurs du sida aujourd'hui ça va. » Et tu sais quoi, mon p'tit chat ? Je crois que rien que pour ça, juste pour cette phrase, ce roman est d'une IMPORTANCE FOLLE. Faisons comprendre à une nouvelle génération l'importance des moyens de contraception, parlons du Sida, des MST, de la PREP. Parlons d'Act Up, parlons du Refuge, parlons de tous ces combats qu'ils n'ont pas vu, et de ceux à venir. Et quoi de mieux que de le faire en poussant les portes d'une librairie ?
Cathy Ytak, merci pour cette merveilleuse aventure, ce moment d'immense émotion, et pour ton talent, ton talent de toutes les couleurs.
« D'un trait de fusain » sort le 21 septembre dans la collection Les Héroïques de Talents Hauts Éditions, et la couverture est signée Julia Wauters.
J’ai acheté ce livre au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil. Sur les tables, il est un ovni. Un livre jeunesse qui parle du VIH ? Pas joyeux, et pourtant essentiel. J’aurais aimé lire ce livre à 14 ou 16 ans. Ce livre fait mieux le travail que les interminables cessions d’éducations sexuelles, inutiles et risibles. J’ai presque envie de lui dire merci. On suit une adolescente, Mary, durant son année de première et de terminale. Elle qui n’est pas touchée directement par la maladie, qui subsiste en toile de fond, qui dévore ses amis et qui constitue rapidement le « nerf de la guerre » pour celle qui s’engage, encore mineure, chez Act Up Paris, dans le dos de ses parents. Une héroïne courageuse, pas infaillible, qui se débat et tente de mettre de l’ordre dans son désir, son corps, son futur. Le livre aborde de surcroit les violences intrafamiliales, la précarité, le rapport à l’art qui sauve et donne espoir, qui fixe les instants et les amitiés. J’aurais deux réserves, il y a au début de l’usage répété du « je suis pas une pute » par l’un des personnages (slutshaming bonjour), et le rapport à la bisexualité/au lesbianisme est décevant (voire inexistant) : les seuls touchés par le VIH dans cette histoire, et ceux qui en meurent, sont encore des hommes, laissant une place très minoritaire aux femmes malades. Tout de même, un livre qui éduque, attendrit puis dévaste.
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In a way it should have been rated higher because it made me cry and usually that's a sign of a good book, but during the entirety of the story I couldn't help but feel that this should never have been told from the main character's point of view. She never added anything to the story. I get wanting to talk about AIDS without repeating the same story as everyone else, but the thing is: it is the same story. Two men in a relationship, one dying from AIDS, the other throwing himself into activism. And Mary is just... There. You could have told a story from the viewpoint of the bestfriend if you added something : a real character ark for her, a focus on her feelings (there was no talk of guilt for not being seropositive when people around her were, no talk of throwing yourself so much in activism you start to represent yourself as being sick as well...). But she seemed more like a screen you had to go through to get to the real story. Too bad.
Je souhaitais lire ce livre depuis très longtemps après avoir lu un grand nombre d'avis positifs. Alors que je le commençais enfin, mon premier ressenti fut de la déception. Le début me paraissait trop. Trop d'exagérations, trop fade, je ne sais pas.. mais c'était trop différent de ce à quoi je m'attendais. Puis quelques pages plus tard (il n'a pas fallut attendre longtemps) j'avais changé d'avis et étais happé dans l'histoire. Tout du long je suis passé du rire aux larmes, un peu comme nos personnages qu'on suit au fil des pages. Personnages divers et variés, qui évoluent au fil de l'histoire et qui m'ont frappés par leur réalisme. Je me suis très souvent retrouvé dans les actes ou les pensées de tel ou tel personnage et j'adore quand une oeuvre parvient à me faire ressentir ça. Je n'arrive pas très bien à exprimer ce que je ressens après avoir fini ce livre, mais je sais que je l'ai dévoré d'une traite et qu'il m'a beaucoup plu.
Un roman jeunesse qui aborde un thème très important qui amène également des réflexions féministes (mais pas que) pertinentes et hélas toujours actuelles bien que l'histoire se déroule il y a 25 ans. Malheureusement j'ai eu du mal avec la plume de l'autrice assez particulière, et un peu trop jeunesse à mon goût, qui m'a empêché de m'investir totalement dans l'histoire de cette bande d'amis. Je m'attendais à m'immiscer davantage dans les mouvements ActUp et suis pour cette raison un peu restée sur ma faim également. Une bonne lecture tout de même, Joos et Sami sont des personnages très attachants. Sur le même thème j'ai tout de même préféré le film 120 battements par minutes ou encore le livre Les Immortalistes qui traite vaguement de l'apparition du VIH, sûrement car je corresponds davantage à la tranche d'âge visée
Très très bon livre, très important. Les larmes ont été présentes évidemment. Une belle histoire avec aussi bien de la tristesse et de la mort que de la solitude, que de la joie, de l'amitié puissante et de l'amour. Ca me donne des envies d'engagement. Ce dont je manque cruellement...
L'écriture aussi était simple et juste. Chaque phrase était bien placée et les personnages...qu'est-ce qu'on s'y attache vite ! Un livre lu rapidement mais auquel je penserai longtemps !
Un récit poignant, empreint de courage, de colère et de détermination. Sami et Joos sont terriblement attachants, et on ne peut que s'incliner face à la force de Mary. Un roman jeunesse à lire absolument, qui traite le sujet du sida avec justesse. Préparez-vous simplement à verser votre larmichette, car l'autrice n'épargne pas ses lecteurs sur la réalité des années 1990.
Un bon roman ! L'atmosphère est mélancolique sans être dramatique, et j'ai aimé que la narratrice s'engage chez Actup : ça donne de l'énergie au roman, et la solidarité entre les activistes réchauffe le coeur
Insta-buy, insta-read. Lu d'une seule traite en l'espace de deux heures et demie. Un gros coup de coeur qui aura manqué me faire pleurer dans le hall de la gare. Vibes "120 battements par minute" — même thème, même période. Chronique à venir. Je recommande. ♥