Thomas Desforges > Recent Status Updates

Tokue, qui avait continué à parler à voix basse en marchant, s’arrêta devant une sorte de petite colline, le seul endroit un peu élevé. Peut-être était-ce, à l’origine, un remblai. Des arbrisseaux y poussaient, et çà et là s’épanouissaient des fleurs des champs typiques de l’automne finissant.
« Ils voulaient tous rentrer chez eux. Ils avaient le mal du pays. Ceux qui en rêvaient venaient…

… accrocher du regard.

Étourdi par la lumière du soleil, Sentarô se réfugia à l’ombre du cerisier.
Une cigale précoce s’envola dans un crissement sonore.
Appuyé des deux mains contre l’écorce râpeuse, Sentarô tenait à peine debout. Une sueur désagréable jaillissait de tout son corps. Adossé au tronc du cerisier, il regardait les feuilles se balancer dans le vent. Le vert profond de la cime. Il ne pouvait que s’y …

— Voilà, mighty (tout-puissant). (Jeu de mots sur matey [l’ami] et je profite de l’occasion, lecteur, pour te poser une autre question : — Où donc, sinon dans un livre, peux-tu revenir en arrière pour saisir ce que tu n’as pas compris, et non seulement cela, mais aussi le savourer, et le garder, et l’envoyer au diable. Un quelconque Australien t’a-t-il jamais dit ça?)

Et d’ailleurs, aussi séduisants que soient l’art et la culture, ils sont inutiles s’il n’y a pas la sympathie.

Enfin, pourquoi les gens changent-ils de nom ? Ont-ils fait quelque chose de mal, sont-ils des criminels, ont-ils honte de leur vrai nom ? Ont-ils peur de quelque chose ? Y a-t-il en Amérique une loi interdisant d’utiliser votre vrai nom ?

Pourtant ce livre doit prouver une chose : quels que soient la manière dont vous voyagez et le « succès » de votre périple, même si vous devez l’écourtee, vous apprenez toujours quelque chose, et vous apprenez à vous changer les idées.

J’étais venu en France uniquement pour marcher et manger, et c’était là mon premier repas, et mon dernier… en dix jours.

Il est difficile de décider de ce que l’on doit dire dans un récit, et il semble que je veuille toujours essayer de prouver quelque chose, virgule, au sujet de mon sexe. N’en parlons plus. C’est seulement que parfois, je me sens terriblement seul, et je recherche la compagnie d’une femme ; mille tonnerres.

« La mer m’a emporté
elle m’a crié : “ Va vers ce que tu désires ! ”
— Remontant en courant la vallée,
Elle ajoute dans une clameur ultime
— “ Et ris ! ”

Et je connais l’insupportable angoisse de la folie. Comment les profanes peuvent-ils croire que les fous sont « heureux », oh, mon Dieu, c’est Irwin Garden qui m’a mis en garde un jour contre la croyance que les asiles étaient pleins de « cinglés heureux ». Il y a autour de la tête quelque chose qui serre et qui fait mal, il y a dans l’âme une terreur qui fait souffrir plus encore, ils sont…

— Qu’allons-nous faire de notre vie ?
— Oh, dit-il, j’sais pas ; simplement l’observer, je crois.

« Es-tu une goule ? je lui demande.
— Bien sûr, pourquoi ?
— J’aime les goules qui me laissent dormir.
— Duluoz, ça te fait du bien de boire, dans un sens, parce que quand tu es à jeun, t’es trop dur envers toi-même.

Je suis toujours un peu fier de mon amour pour le monde. C’est si facile de haïr, en comparaison. Et je suis là en train de me flatter, fonçant tête baissée vers la haine la plus stupide que j’aie jamais éprouvée.

« La sagesse, c’est tout simplement une autre manière de rendre les gens malades. »

Je me suis aperçu que l’on peut toujours deviner le caractère d’un gars à sa manière de casser du bois.

« Dans ce genre de lieu, il faudrait vraiment être tout seul, vous savez ? Quand on arrive ici en trop grand nombre, c’est un peu une profanation, mais je ne dis pas cela pour nous ni pour personne en particuliee. Il y a une douceur si suave dans ces arbres, qu’on a l’impression que ni les cris, ni même les simples conversations, ne devraient les insulter. » C’est exactement ce que je pense.

En cherchant à punir sévèrement des criminels, la société qui les met derrière des murs protecteurs leur fournit en fait le moyen de raffermir leur ardeur, de se préparer à commettre d’autres crimes, glorieux ou non.

Nous sommes tous d’accord pour trouver que c’est trop, que nous sommes cernés par la vie, que nous ne la comprendrons jamais ; alors nous la concentrons toute en nous en ingurgitant le scotch à la bouteille et quand celle-ci est vide je descends vite de la voiture pour courir en acheter une autre, point à la ligne.

Sur mon lit de mort, je pourrai bien me rappeler cette journée passée près de la rivière et oublier celle où la MGM a acheté mon livre, je pourrai me rappeler le vieux T-shirt trouvé sur un tas d’ordures et oublier les tuniques ornées de saphir. C’est peut-être là le meilleur moyen de gagner le paradis.

J’installe mon duvet sur la terrasse du bungalow mais, à deux heure du matin, le brouillard commence à tout détremper, alors il faut que je rentre, avec mon duvet mouillé, et que je m’organise autrement ; mais qui pourrait ne pas dormir comme une souche dans une cabane solitaire au fond des bois ? Vous vous réveillez en fin de matinée, frais et dispos, et, confusément, vous comprenez l’univers :…

Mais le sac de l’espoir trône à terre au milieu d’un amas de bouteilles toutes vides, de fiasques à porto blanc vides, de mégots, d’ordures, d’horreurs… « Réagis vite, sinon tu es fichu », me dis-je comme lors de ces trois dernières années de beuverie, de désespoir physique, spirituel et métaphysique ; tu ne peux pas apprendre ça à l’école, quel que soit le nombre de livres sur…

Ses cheveux noirs sont étalés sur la chaussée, les gens l’enjambent — C’est la fin.
Voici l’aube grise.