�� Polaris ou la Nuit de Circ�� �� sort cette semaine !!




��� et puisque cet ouvrage (de Gwen de Bonneval et de votre serviteur) traite d�����rotisme et de pornographie, je profite de l���occasion pour revenir sur la br��ve pol��mique ayant entour�� �� Petit Paul ��, le dernier livre de Bastien Viv��s, qui a cr���� une vive ��motion sur les r��seaux sociaux (et sur lequel on m���a pos�� une br��ve question lors de mon passage au �� Nouveau Rendez-Vous �� de Laurent Goumarre, mais sans que je puisse avoir le temps de m���attarder autant qu���il l���aurait fallu).


Il y aurait en effet beaucoup �� dire autour des r��actions suscit��es par le livre comico-pornographique de Viv��s. Mais quitte �� choisir un premier angle d���approche, je commencerai par le versant pornographique (avant de revenir sur le versant comique).


Car on a beaucoup ��crit sur les forums que �� Petit Paul �� ��tait un ouvrage p��do-pornographique, mais sans que ce terme soit si ��vident �� d��finir. 

Si j���en crois un dictionnaire, il y a p��do-pornographie quand un r��cit m��le des mineurs �� une forme ou une autre de sexualit��, et de fait, on a tendance �� vite l���associer �� de la p��dophilie (= le fait pour des adultes d�����prouver du d��sir pour des enfants). 

Mais quand j���ai effectu�� mes entretiens de �� L���herbier Sauvage ��, je me suis rendu compte que de nombreuses personnes pouvaient ��prouver des fantasmes m��lant monde de l���enfance et ��rotisme, sans pour autant qu���on puisse parler de p��dophilie. Quelques exemples en vrac : une femme qui - enfant - aurait voulu coucher avec un personnage adulte de la s��rie anim��e �� Ulysse 31 ��, ou bien encore une dominatrice me racontant que nombre de ses clients aiment se faire �� infantiliser �� par elle et se d��guisent en b��b�� qui m��riterait �� une bonne punition ��, etc���




Dans le cas de �� Petit Paul ��, je pense donc que nous avons plus �� faire �� un fantasme �� d���infantilisation �� qu����� un fantasme p��dophile (Bastien Viv��s �� jouant �� le temps de ce livre �� ��tre un enfant de 9 ans �� gros sexe, et subissant moult avanies de la part de femmes �� gros seins). L���auteur cherche donc bien �� �� exciter �� son public ��� mais pas un public de p��dophiles (lequel ��� j���en ai peur ��� va plut��t se tourner vers de la pornographie vid��o, avec tout ce que cela sous-entend d���insupportables abus commis envers des enfants, ce que mon post ne cherche �� minorer ou �� justifier d���aucune mani��re, je pense que vous l���aurez compris). 

Reste que Viv��s flirte avec des tabous, et que cela peut ��nerver, je vais y revenir.


Revenons maintenant au registre de l���humour, dont �� Petit Paul �� me semble aussi amplement relever : un humour potache, volontairement outrancier et de mauvais go��t, o�� la transgression est pr��cis��ment recherch��e pour l���effet de surprise (ou de sid��ration) qu���elle va apporter. 




Un ��clat de rire, c���est souvent notre r��action �� quelque chose d���absolument inadapt��, et une bonne chute est g��n��ralement une chute qu���on n���a pas vu venir. Utiliser des gags �� h��naurmes �� (voire les accumuler sans vergogne, comme dans le chapitre �� Petit Paul va �� un go��ter ��) me semble donc d���abord ��tre une mani��re pour Viv��s de d��clencher des rires (��ventuellement nerveux) par une surench��re scato-zoo-d��bilo-pornographique. Au passage, pr��cisons que ce type de blagues peut aussi emporter l���adh��sion d���adeptes du 8��me degr��, qui sauront pertinemment que le gag est d��bile ��� et riront pr��cis��ment parce que le gag est d��bile. On pourrait comparer ��a une �� une blague de Toto, du type : �� Sa maman demande �� Toto d���aller acheter du jambon, Toto va au march�� mais d��pense l���argent pour des bonbons, du coup quand il revient �� la maison, il se coupe la fesse et la donne �� sa maman, qui dit �� Mhmm, il est bon ton jambon, Toto ��). Un enfant va rire parce que la blague est transgressive (�� Hihi, Toto il se coupe la fesse, hihi !! ��), mais un adulte pourra en rire aussi - par exemple en l���entendant prof��r��e par Steve Mc Queen dans �� Le Grand D��tournement �� - pr��cis��ment parce ce qu���on ne s���attend pas �� ce que Steve Mc Queen nous raconte une blague d���enfant de 6 ans.




 

Ceci ��tant dit - on le sait depuis Pierre Desproges et Val��rie Lemercier - �� on peut certes rire de tout, mais pas avec n���importe qui ����� Et c���est l�� qu���Internet et les r��seaux sociaux jouent un r��le important dans la �� dynamique de r��ception de la blague ��.


Imaginons en effet que deux individus (enfants ou adultes) se racontent l���histoire de Toto ��voqu��e ci-dessus, mais au fond d���une ��glise pendant une c��r��monie d���enterrement (pour passer le temps, ou comme moyen instinctif pour contrer leur propre tristesse, que sais-je). H�� bien, Internet serait alors comme un micro amplificateur qui permettrait �� toute l���audience d���entendre cette blague, �� la plus grande col��re des premiers rangs qui enterrent un proche et qui pourront trouver que ce n���est �� ni le lieu ni le moment �� et se sentiront l��gitimement offens��s.


Nul doute qu���une personne pour qui le th��me de la p��dophilie est infiniment douloureux puisse se sentir bless�� par le fait qu���un auteur �� blague �� sur le sujet. Car la blague ne lui ��tait pas destin��e, mais a fini ��� par un effet de propagation propre �� internet (et facilit�� par des algorithmes qui flairent et amplifient les sujets clivants qui attirent des �� clics ��) par lui arriver aux oreilles, au risque de laisser croire que sa souffrance est ni��e. 

A certains ��gards, c���est le m��me ph��nom��ne qui a pu se produire pour les caricatures de Mahomet, lesquelles ��taient avant tout destin��es �� un public occidental (suppos�� conna��tre et soutenir les principes de la��cit�� et le droit �� la libert�� de parole) mais ont parfois ��t�� d��couvertes �� l���autre bout de la plan��te par des musulmans qui ont pu croire qu���on s���en prenait ostensiblement et sp��cifiquement �� leur religion. Il y a l�� un langage culturel qui n'est pas commun et difficilement partageable.





(Parenth��se : puisqu'on parle de m��canismes m��diatiques, je pr��sume aussi qu'une partie de l'��nervement des internautes est li�� au fait que tous les ouvrages de Bastien Viv��s sont �� peu pr��s syst��matiquement chroniqu��s favorablement dans les m��dias - quelles qu'en soient les qualit��s r��elles -  ce qui peut parfois ��tre un brin irritant, reconnaissons-le. Il n'est d'ailleurs pas impossible que Viv��s lui-m��me ait eu envie de "tester" les limites de cet accueil toujours enthousiaste en ��crivant "Petit paul". Fin de la parenth��se.)
Mais pour revenir �� certaines r��actions d���internautes ��nerv��s, j���ai eu l���impression qu����� del�� du cas pr��cis de �� Petit Paul ��, nous avions peut-��tre aussi affaire �� un sentiment plus g��n��ral de �� ras-le-bol �� d���une partie de la population fran��aise vis �� vis d'un exc��s de transgression : comme si l'on craignait ��� au fond ��� que plus rien n'ait de valeur dans notre soci��t��, que plus rien ne puisse ��tre "sacr��" ou �� respect�� ��, au risque d���une perte g��n��rale de rep��res.
Un sentiment que j���ai aussi per��u lors de mes entretiens de l���Herbier Sauvages, quand des contributeurs et contributrices me confiaient ne pas ��tre toujours tr��s �� l���aise avec la permissivit�� ambiante (�� post-68 �� pour le dire vite), et les perp��tuelles injonctions m��diatiques �� �� jouir sans entrave �� pour ne pas para��tre �� coinc�� du cul ��. Ils/elles se sentent parfois "contraint-e-s", "forc��-e-s" par la pression sociale.





Or cette possible d��rive vers un exc��s de permissivit��, c���est pr��cis��ment un des sujets de �� Polaris ��, puisqu���il y est question d���un Cercle Myst��rieux, nomm�� Circ��, qui tente de r��inventer l�����rotisme en s���imposant des contraintes, des �� nouveaux tabous ��, temporaires et circonscrits dans le temps, de mani��re �� s���obliger �� inventer de nouvelles pratiques. 


Car l�� o�� je peux partager certaines des craintes ��voqu��es sur des forums, c���est lorsqu���elles ��voquent les retomb��es psychiques et sociales de l���omni-pr��sence en ligne d���une certaine pornographie : misogyne, d��gradante, de plus en plus dure, sans imagination aucune, et pourtant accessible �� tous et toutes��� y compris �� des mineur-e-s qui pourraient h��las finir par croire qu���il s���agit l�� d���une repr��sentation cr��dible du r��el (et je profite au passage pour rappeler �� qu���une autre pornographie est possible ��, respectueuse de ses acteurs et actrices, mais aussi de la diversit�� de ses spectateurs et spectatrices, mais qu���elle est alors payante, ce qui est tout �� fait normal car tout travail m��rite salaire - cf cet article du blog �� Oh Joy Sextoy ��, en anglais).



�� Polaris �� se veut donc un d��but de r��ponse ��� imparfaite mais enthousiaste ��� �� cette probl��matique contemporaine : en pr��nant l���imaginaire et la cr��ativit�� (�� travers l���enqu��te polici��re et la qu��te personnelle de son h��ro��ne), notre r��cit tente d���inventer une 3��mevoie, entre la �� trop grande permissivit�� �� actuelle ��voqu��e ci-dessus et les �� bonnes m��urs �� d���un pass�� corset�� o�� l���on pensait devoir r��glementer la vie ��rotique et intime des hommes et des femmes.


Je reviendrai dessus, mais vous souhaite d'ores et d��j�� une bonne lecture !



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Published on October 10, 2018 09:14
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Fabien Vehlmann
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