Marc Dugain

“D'autres mouvements de violence ont émergé lorsqu'il est apparu que notre espèce courait à son extinction après avoir épuisé la planète par sa cupidité alliée à son cynisme. La population mondiale, malgré une forte stérilité masculine, n'en finissait pas de croître, mouvement encouragé par les hommes politiques, béats devant ce grossissement des masses... La petite sphère de quelques quarante mille kilomètres de circonférence s'est trouvée envahie de fourmis auxquelles on avait essentiellement appris que le bonheur passait par la surexploitation de ressources limitées... Au final, la civilisation n'était plus que l'avatar morbide de notre esprit reptilien et la morgue avec laquelle les puissants conduisaient les masses au naufrage provoqua une réaction violente de la part de certains qui, regroupés, commirent plusieurs assassinats d'individus identifiés comme des prédateurs remarquables.”
― Marc Dugain, Transparence

“...le chant des oiseaux avait pratiquement disparu de la surface de la Terre. Des milliers de races d'oiseaux s'étaient éteintes progressivement, couvrant d'un silence mortuaire les aubes enchanteresses, silence aussitôt comblé par le bruit des bétonneuses, des marteaux-piqueurs, des excavateurs, des grues de chantier, dans un tonnerre métallique quotidien au service de la construction, baromètre de la santé économique des nations et de ce qui s'ensuit, la croissance en général, et l'emploi en particulier, cet emploi source de toutes les justifications. Les oiseaux mouraient des tombereaux de produits chimiques déversés sur les prés, dans un vaste holocauste de matières organiques et d'insectes. Les oiseaux aussi s'éteignaient aussi faute de place pour s'ébattre et se reproduire. La Bible, les humanistes avaient consacré l'intangibilité de la primauté de l'homme, de sa vie, de son confort sur toute autre espèce.”
― Marc Dugain, Transparence