Christophe Claro's Blog, page 41
September 17, 2018
Mathieu Riboulet sur les grands chemins de Jean Genet
Du 20 au 23 septembre vont se tenir les Rencontres de Chaminadour, à Guéret (Creuse), sous la houlette de Hugues Bachelot. L'écrivain Mathieu Riboulet, qui nous a quittés en février dernier, avait exprimé le souhait qu'elles soient consacrées à Jean Genet. Il avait commencé à travailler sur le programme, les invités, les thèmes abordés, et c'est donc sans lui, hélas, que ces rencontres auront lieu, avec bien entendu une place spéciale accordée à l'œuvre de Mathieu. Voici le programme des journées du 20 au 23 septembre – il y aura également, le 19 septembre, la projection du film Querelle de Fassbinder au cinéma le Sénéchal à 18h30.Parmi les participants à ces rencontres: Oliver Rohe, Mathias Enard, Mathieu Larnaudie, Claro, Arno Bertina, Yves Pagès, Patrick Boucheron, Camille de Toledo, Josef Winckler, Bernard Banoun, Marie-Hélène Lafon, et bien d'autres.
JEUDI 20 SEPTEMBRE
THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |
· 14 heures 30 - Conférence"Genet au pays de Jouhandeau ou l’évangile du désir selon Mathieu", par Martin Hervé.· 15 heures 30 - Conférence
"Les saintes huiles de Jean Genet", par Patrick Autréaux.
· 16 heures 30 - Débat
"Le théâtre de Jean Genet : entre opéra bouffe et tragédie", avec Arno Bertina et Emmanuelle Lambert.· 18 heures - Projection
Jean Genet, un captif amoureux, parcours d’un poète combattant, de Michèle Collery (2016).
· 19 heures 30 - Conférence
"Genet et le cinéma, un malentendu à l’œuvre", par Yves Pagès,
suivie de la projection de Un chant d’amour, de Jean Genet (tournage 1950, sortie 1974).
VENDREDI 21 SEPTEMBRE
THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |
· 9 heures - Première lecture de Jean Genet, Mathieu RibouletExtrait de l’émission « Au singulier » du 10/12/15 sur France Culture.
· 10 heures - Conférence
"Miracle de la prose", par Claro.
· 11 heures - Table ronde
"Célébrer la langue", avec Mathias Enard, Claro, Mathieu Larnaudie, Pierre Michon.
Modération : Francesca Isidori.· 14 heures - Table ronde
"La question du désir chez Mathieu Riboulet", avec Claro et Camille de Toledo.
Modération : Élodie Karaki.
· 15 heures 30 - Conférence
"Sartre, Saint Genet et Genet sans Sartre : quand la théorie fait écran", par Patrick Boucheron.· 16 heures 30 - Table ronde
"Points de vue et questionnements de deux lectrices de l’œuvre de Genet", avec Leïla Shahid, Emmanuelle Lambert.
Modération : Francesca Isidori.
BIBLIOTHÈQUE DU GRAND GUÉRET |
· 18 heures - Inauguration, Exposition "le théâtre de Jean Genet".
THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |
· 20 heures 30 - RencontreGenet en Carinthie, avec Josef Winkler et Bernard Banoun.
SAMEDI 22 SEPTEMBRE
THÉÂTRE DE LA FABRIQUE |
· 9 heures 30 - Conférence
"Corps écrits. Et le désir comme un pays. Lectures tissées", par Marie-Hélène Lafon.
· 10 heures 15- Table ronde
"Corps, sexualité, travestissement", avec Camille de Toledo, Mathieu Larnaudie, David Dumortier.
Modération : Élodie Karaki.
· 11 heures - Débat
"La question de l’engagement chez l’un et chez l’autre (Riboulet-Genet)", avec Arno Bertina et Oliver Rohe.· 14 heures 15 - Table ronde
"L’engagement : Quatre heures à Chatila", avec Leïla Shahid, Mathias Enard, Oliver Rohe.
· 15 heures 45 - Projection
12 minutes sur la tombe de Jean Genet, à Larache près de Tanger. Un court-métrage d’Abdellah Taïa,
suivi d'un débat entre Abdellah Taïa et Mathias Enard.
· 17 heures - Table ronde
"Genet et le monde arabe", avec Leïla Shahid, Mohammed Berrada, Oliver Rohe, Abdellah Taïa.
Modération : Alain Nicolas.· 19 heures - Lectures du soir
Nicolas Pignon lit Le Condamné à mort de Jean Genet, et Entre les deux il n'y a rien de Mathieu Riboulet.
Published on September 17, 2018 00:25
August 30, 2018
Onyx et Salam, histoire d'une prise de tête
Published on August 30, 2018 07:18
Onyx et Salam, histoire d'une prise de tête
Published on August 30, 2018 07:18
August 20, 2018
« Une fine feuille de papier tendue à cent mètres au-dessus du sol »
D’emblée, et brutalement, disons-le : l’écriture de la douleur est un risque majeur. Majeur, parce que l’une, l’écriture, n’a de cesse d’être happée par l’autre, la douleur, et qu’il s’agit là d’un combat en apparence inégal, la puissance concrète et palpable de la douleur menaçant à tout moment de faire le travail à la place de l’écriture, le rayonnement du faisceau d’affects pouvant à tout moment se substituer aux effets nécessairement contournés que vise la phrase. En prenant la décision, sans doute inévitable, sans doute nécessaire, de relater la mort de sa femme et son expérience du deuil, le poète Jean-Michel Espitallier ne s’est fort heureusement pas contenté de témoigner des ravages du vide, il a cherché, à chaque paragraphe, dans le pli de chaque phrase, à traiter sa douleur comme une entité le mettant au défi d’écrire l’effet de mort. « Ta mort m’a attaqué comme un chien enragé », écrit-il p.144 de
La première année
.Contre la rage, donc, il écrit un livre des métamorphoses : mais ici, ce qui est sujet à métamorphose, c’est moins un être promu à de fabuleux avatars qu’une absence aux mues successives. Il s’agit donc d’inventorier, mais à vif, tous les signes qui disent et répètent la disparition. Les choses communes qui ne le seront plus. Les gestes non recommencés. Les objets désormais intouchés. Parfois, la phrase est brève, de l’ordre de la notation, façon de retenir au creux du poing le souvenir soit trop fugace soit trop acéré – « Cette grande chose qui vient ». Parfois elle ausculte l’empreinte du souvenir dans la forme absente. Chaque jour, chaque heure qui passe éloigne celui qui reste de celle qui est partie. Chaque heure, en menaçant d’alléger la douleur, menace d’effacer les contours de celle dont la mort est douleur. Espitallier ne tait rien de l’étrange complaisance qui oblige à prendre ses repères dans le manque, la peine. Il dit le trivial et le mystérieux, la larme qui brouille autant que l’œil qui continue de fixer.
La mort de l’aimée est vécue. Vécue comme un cataclysme et une expérience. Que faire d’une mort imposée ? Comment la penser ? Y survivre ? Se mesure-t-elle à des sensations indistinctes, des détails précis, quels sont ses modes d’assaut, comment réagir face à ses ruses imparables ? Si la mort de l’être aimé laisse démuni, alors comment habiter ce dénuement ?
« Ma cohérence est instantanément fragmentée, explosée. Mon intégrité fracturée. Je suis désossé. Nu. L’unité de ma personne ressemble aux pièces d’un puzzle dérangé. Sans temps ni lieu. Et pourtant nous vivons un hyper-temps, dans un hyper-lieu ».A la fois cruellement dévasté et profondément conscient, Espitallier, tel un prisonnier traçant des traits sur le mur de son cachot, s’efforce de rendre chaque trait unique, important, à la fois trace témoin et échelon à partir duquel se hisser. Affrontant un quotidien qui semble déparé de sa chair, il travaille son deuil comme une matière rétive, refusant de laisser cette matière céder aux lois de l’informe. « Comment te continuer (te faire vivre) dans le rituel ? » La première année est un récit bien sûr bouleversant, mais s’il bouleverse, ce n’est pas seulement parce qu’il cartographie le deuil et ses environs, mais parce qu’il fait de cette cartographie une expérience d’écriture d'une formidable acuité : à la sidération induite par la perte correspond – non : répond – un désir : « Me reconstruire avec du déconstruit (Osiris). » Cette leçon de survie, Espitallier nous la livre avec une simplicité, une lucidité et une générosité qui ne peut qu’ébranler. Mais cet ébranlement, qu’il nous donne en partage, permet d’appréhender l’irréparable et d’entendre battre, entre les lignes de l’élégie, le sang de la résistance.
_____________
Jean-Michel Espitallier, La première année, éd. Inculte, 17,90€
Published on August 20, 2018 03:35
« Une fine feuille de papier tendue à cent mètres au-dessus du sol »
Dâemblée, et brutalement, disons-le : lâécriture de la douleur est un risque majeur. Majeur, parce que lâune, lâécriture, nâa de cesse dâêtre happée par lâautre, la douleur, et quâil sâagit là dâun combat en apparence inégal, la puissance concrète et palpable de la douleur menaçant à tout moment de faire le travail à la place de lâécriture, le rayonnement du faisceau dâaffects pouvant à tout moment se substituer aux effets nécessairement contournés que vise la phrase. En prenant la décision, sans doute inévitable, sans doute nécessaire, de relater la mort de sa femme et son expérience du deuil, le poète Jean-Michel Espitallier ne sâest fort heureusement pas contenté de témoigner des ravages du vide, il a cherché, à chaque paragraphe, dans le pli de chaque phrase, à traiter sa douleur comme une entité le mettant au défi dâécrire lâeffet de mort. « Ta mort mâa attaqué comme un chien enragé », écrit-il p.144 de
La première année
.Contre la rage, donc, il écrit un livre des métamorphoses : mais ici, ce qui est sujet à métamorphose, câest moins un être promu à de fabuleux avatars quâune absence aux mues successives. Il sâagit donc dâinventorier, mais à vif, tous les signes qui disent et répètent la disparition. Les choses communes qui ne le seront plus. Les gestes non recommencés. Les objets désormais intouchés. Parfois, la phrase est brève, de lâordre de la notation, façon de retenir au creux du poing le souvenir soit trop fugace soit trop acéré â « Cette grande chose qui vient ». Parfois elle ausculte lâempreinte du souvenir dans la forme absente. Chaque jour, chaque heure qui passe éloigne celui qui reste de celle qui est partie. Chaque heure, en menaçant dâalléger la douleur, menace dâeffacer les contours de celle dont la mort est douleur. Espitallier ne tait rien de lâétrange complaisance qui oblige à prendre ses repères dans le manque, la peine. Il dit le trivial et le mystérieux, la larme qui brouille autant que lâÅil qui continue de fixer.
La mort de lâaimée est vécue. Vécue comme un cataclysme et une expérience. Que faire dâune mort imposée ? Comment la penser ? Y survivre ? Se mesure-t-elle à des sensations indistinctes, des détails précis, quels sont ses modes dâassaut, comment réagir face à ses ruses imparables ? Si la mort de lâêtre aimé laisse démuni, alors comment habiter ce dénuement ?
« Ma cohérence est instantanément fragmentée, explosée. Mon intégrité fracturée. Je suis désossé. Nu. Lâunité de ma personne ressemble aux pièces dâun puzzle dérangé. Sans temps ni lieu. Et pourtant nous vivons un hyper-temps, dans un hyper-lieu ».A la fois cruellement dévasté et profondément conscient, Espitallier, tel un prisonnier traçant des traits sur le mur de son cachot, sâefforce de rendre chaque trait unique, important, à la fois trace témoin et échelon à partir duquel se hisser. Affrontant un quotidien qui semble déparé de sa chair, il travaille son deuil comme une matière rétive, refusant de laisser cette matière céder aux lois de lâinforme. « Comment te continuer (te faire vivre) dans le rituel ? » La première année est un récit bien sûr bouleversant, mais sâil bouleverse, ce nâest pas seulement parce quâil cartographie le deuil et ses environs, mais parce quâil fait de cette cartographie une expérience dâécriture d'une formidable acuité : à la sidération induite par la perte correspond â non : répond â un désir : « Me reconstruire avec du déconstruit (Osiris). » Cette leçon de survie, Espitallier nous la livre avec une simplicité, une lucidité et une générosité qui ne peut quâébranler. Mais cet ébranlement, quâil nous donne en partage, permet dâappréhender lâirréparable et dâentendre battre, entre les lignes de lâélégie, le sang de la résistance.
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Jean-Michel Espitallier, La première année, éd. Inculte, 17,90â¬
Published on August 20, 2018 03:35
July 4, 2018
Bergman, le silence et la traduction
Dans Le silence de Bergman, un enfant découvre que le monde est un langage qui ne sâapprend quâà tâtons, par lâexpérimentation, la peur et lâémerveillement. Pris entre une mère fortement érotisée qui fait lâéconomie dâun mari et une tante rongée par la frustration, il promène son regard et laisse courir son doigt sur la surface transparente des choses. A un moment du film, il pose à sa tante cette question fondamentale : « Pourquoi tu fais des traductions ? » Et celle-ci de répondre : « Pour que tu puisses lire dans une langue étrangère. » Sous son apparence faussement évidente, la phrase est bien entendu piégée, et dit autre chose que ce quâon attendrait. En effet, à première vue, une traduction est justement ce qui permet de ne pas lire dans une langue étrangère, étant ce qui lâefface et la remplace, la supplée tout en lâéclaircissant. Aussi, en recourant à la formulation « lire dans une langue étrangère », la tante traductrice nous permet de comprendre différemment ce que peut être une traduction. On pourrait même mettre en lien ces deux instances, la mère et la tante, pour signifier la langue mère et le travail de translation. La traduction, par le décalage quâelle opère, ce pas de côté à la fois familier et mystérieux, témoignerait ainsi dâune « alliance » indispensable.On pourrait envisager lâacte consistant à « lire en traduction » comme une façon avunculaire de lire, et donc entendre la phrase « lire dans une langue étrangère » de la façon suivante : retrouver sa propre langue à lâintérieur dâune langue autre, lire « dans », dedans, dans les plis. La traduction ne serait pas alors une opération de remplacement, de mise à lâécart (mise à lâécart que sâimpose et subit par ailleurs la tante du film de Bergman, sans doute parce quâelle sâinterdit la fusion avec lâétranger), mais quelque chose qui se produit au sein même de la langue étrangère, une métamorphose qui rend cette dernière soudain intelligible, comme suite à un processus chimique.
Dans le film de Bergman, lâenfant est confronté à deux méthodes dâappariement au monde : dâun côté la plongée muette dans lâautre, où lâincompréhension devient la garantie dâune jouissance sans entraves (mais avec le risque de voir larmes et plaisir se mêler, cf. la scène où la mère en pleurs se laisse prendre par son amant local â avec en premier plan les montants du lit, tels les barreaux dâune prison) ; de lâautre, la culture de la déréliction, le travail de traduction se doublant dâun isolement douloureux et destructeur (mais avec la possibilité, néanmoins, de communiquer sur des besoins fondamentaux : boire, manger, écrire, comme dans ces scènes où Ester demande au vieux maître dâhôtel de la vodka, à manger, de quoi écrireâ¦). Derrière la partition éros/thanatos, on peut lire aussi le paradoxe plaisir/travail (celui-là même quâune traduction aboutie se doit de résoudre?).
Ainsi, lâenfant apprend à la fois ce que déchiffrer veut dire et implique. Le premier mot qui lâinterpelle est écrit sur la porte vitrée dâun compartiment â sa première question celle du sens ("Je ne sais pas" répond la tante-traductrice⦠autrement dit: "Il est trop tôt", ou "A toi d'insisterâ¦"). Puis voilà que le monde défile sous ses yeux derrière la fenêtre du train, dans sa succession et sa répétition â une chaîne de tanks comme autant de hiéroglyphes contraints d'épuiser leur sens premier. Par la suite, il lui faudra aller au-delà des apparences, pousser les portes de l'hôtel. Revêtir des déguisements. Contempler les morts des autres (les photos du vieux maître d'hôtel). Entrer dans le jeu. Bref, dépasser lâinconciliable (?) que lui proposent mère et tante, et qui dans le film se « traduit » à un moment par la concomitance de deux bruits : le bruit de la porte quâon referme sur lâautre et le bruit des touches du clavier quâon enfonce. Entre ces deux déclics, trouver la faille, la ligne de fuite. Découvrir sa propre langue dans une langue étrangère.
Published on July 04, 2018 22:46
June 21, 2018
Un an de feuilletons (et c'est reparti pour un tour)
Un an ou presque, déjà , de Feuilletons dans "Le Monde des Livres". Plus d'une quarantaine d'ouvrages chroniqués. Autant de femmes que d'hommes, ou presque. Essentiellement de langue française â six ou sept livres en traduction, seulement (Lispector, Max Frisch, Wilcock, Jim Shepard, Jelinekâ¦). Des gros livres (Jauffret, Bouillier, Lispector), des livres très fins (Auzanneau, Ben Lernerâ¦). Quelques regrets, entre autres celui de n'avoir pu traiter le très beau Lambeau de Philippe Lançon (qui a eu droit aux premières pages du MdL) â mais ouf, j'en ai parlé ici, sur ce blog.Deux critiques négatives seulement â il faut dire que mon prédécesseur, Eric Chevillard, a dézingué à peu près tout ce qui était dézinguable. Evidemment, comme à chaque fois que vous dézinguez un écrivain, vous obtenez deux sortes de réactions: celle de l'intéressé ou de ses supporters (ce qui m'a valu dans Le Figaro d'être comparé à ces "cuisiniers rasés et barbus qui pullulent dans le XXème arrondissement", et d'être vitupéré dans divers organes fascistoïdes, tiens tiensâ¦); celles de purs et durs (?) qui estiment que descendre des luminaires est du temps et de l'énergie perdues, comme si la critique ne devait être que sérieuse, pondérée, révérencieuse. (L'an prochain, promis, je ferai attention. Je me raserai et je rattraperai le temps perdu par des génuflexions.)
Côté éditeur, une certaine diversité, ou une diversité certaine, comme vous voudrez. P.O.L (3); Verticales (3); L'Arbre Vengeur (3); Rivages (2), Gallimard (1); Héros-Limite (2). Mais aussi: Corti, Tinbad, Cambourakis, L'Olivier, Verdier, Buchet-Chastel, Des Femmes, Lunatique, L'Ãveilleur, Le Quartanier⦠Des livres atypiques: Rouge de soi, de Babouillec, auteure autiste; Transcription, de Heimrad Bäcker; Jours d'inceste, écrit par une anonyme⦠De sacrés éclats de rire, à la lecture du navrantissime A l'aube, de Philippe Djian, avec son inénarrable et déjà culte "Assise sur le lit, elle tournait en rond"⦠Des livres poignants, Deuil, de Dominique Fourcade, paru quelques mois après la mort de Paul Otchakovsky-Laurens. Dérangeants: Jours d'inceste. Extraordinaires: Jérôme, de Jean Pierre Martinet (une réédition). Décapants: Play Boy, de Constance Debré⦠Quelques écrivains dont j'attendais avec impatience le nouveau livre: Jauffret, Bouillier, Marie-Hélène Lafon, Noémie Lefebvre, Stéphane Bouquet, Frédéric Léal, Antoine Bouteâ¦
De fulgurantes découvertes (en ce qui me concerne, hein): Clarice Lispector, Jean-Pierre Martinet⦠Des livres, aussi, que j'ai bien aimés, mais dont je n'ai pas parlé, faute d'avoir trouvé l'angle, ou le ton (le cas, par exemple, du Dernier cri, de Pierre Terzian (éd. sun/sun; ou l'énigmatique livre de Marie Darrieussecq, Notre vie dans les forêt). Certains livres, aussi, dont la déontologie m'empêche décemment de parler (ceux publiés par mes deux éditeurs actuels, Actes Sud et Inculte; ceux écrits par mes compagnons d'Inculte, celui écrit par mon éditeur Yves Pagès â pour ce dernier, je me suis rattrapé sur mon blog). Ceux que j'ai traduits â mais bon, là , hein, faut pas pousser. Quelques-uns, que j'aurais bien égratignés, mais hélas déjà pris, et en plus pour être loués⦠Et puis tous les livres reçus ou lus ou découverts trop tard, puisque à partir du mois de janvier, on ne parle plus au Monde des livres sortis avant la fin de l'année passée. La loi est dure mais c'est la loi. Plaisir aussi de voir mon feuilleton, une fois par mois, côtoyer l'excellente rubrique consacrée par Céline Minard à la poésie.
Voilà . C'est reparti pour un an⦠Les livres de la rentrée arrivent déjà , certains très attendus, d'autres profondément surprenants. Eté studieux en prévision (en outre, je me suis promis de lire le très excitant roman de Frank Witzel, Comment un adolescent maniaco-dépressif inventa la fraction armée rouge au cours de l'été 1969, traduit par Olivier Mannoni, paru en avril dernierâ¦). Ah j'oubliais: je vous invite de toute urgence à lire, dès la rentrée, le court et percutant premier roman d'Emma Glass, Pêche (Flammarion) que j'ai traduit. Parce que, bien sûr, je ne pourrai pas en parler dans Le Monde des Livres (pas plus que du phénomaniaque Argent Animal, de Michal Cisco, à paraître au Diable Vauvert). Non mais.
5200 signes chaque semaine pour tenter de parler de style, de cadence, de construction â plutôt que de raconter l'histoire qui est racontée dans le livre, ou de faire le portrait des personnages dont le portrait est fait. 5200 signes pour donner envie aux lecteur.e.s de saisir physiquement l'écriture. Un rendez-vous en page 8 â comme une boule de billard pas pressée de filer à la trappe.
Published on June 21, 2018 02:31
June 6, 2018
A paraître ::: en traduction
Lors d’une conférence sur la finance en Amérique du Sud, une idée germe dans l’esprit de cinq économistes : l’argent animal. Cette nouvelle monnaie serait vivante et donc capable de se reproduire. Mais l’idée n’est pas accueillie avec enthousiasme par tout le monde et les cinq économistes vont être la cible de calomnies, de menaces et d’attaques.Dès lors le climat de tension et de mystère qui marque le début d’Argent animal n’a de cesse de s’épaissir, le roman alternant rêves, délires, considérations philosophiques ou économiques… Les histoires s’engendrent les unes les autres, à l’infini, de la même façon que l’argent animal croît sans cesse et se multiplie, envahissant le monde.::: Michael Cisco, Argent Animal, Diable Vauvert (A paraître le 6 septembre)
(+)
Il est arrivé quelque chose à la jeune Pêche, du sang coule entre ses cuisses. Ça lui fait mal de marcher mais elle parvient à rentrer à la maison en titubant où le cauchemar continue, avec ses parents qui ne semblent s’apercevoir de rien. Seule ou presque, elle va devoir vivre avec un corps meurtri qui change de façon inquiétante, hantée par son agresseur, l’affreux Lincoln aux relents de saucisses. Pour suivre Pêche au plus près, Emma Glass invente en même temps qu’un monde loufoque une langue charnelle et musicale, où chaque mot tente à la fois d’incarner et de réparer l’irréparable. Premier roman fascinant par son inventivité rythmique, Pêche explore les jours et les nuits d’une chair blessée et fait de l’empathie une expérience inédite, physique.::: Emma Glass, Pêche, Flammarion (A paraître le 22 août)
Published on June 06, 2018 23:45
A paraître ::: en traduction
Lors dâune conférence sur la finance en Amérique du Sud, une idée germe dans lâesprit de cinq économistes : lâargent animal. Cette nouvelle monnaie serait vivante et donc capable de se reproduire. Mais lâidée nâest pas accueillie avec enthousiasme par tout le monde et les cinq économistes vont être la cible de calomnies, de menaces et dâattaques.Dès lors le climat de tension et de mystère qui marque le début dâArgent animal nâa de cesse de sâépaissir, le roman alternant rêves, délires, considérations philosophiques ou économiques⦠Les histoires sâengendrent les unes les autres, à lâinfini, de la même façon que lâargent animal croît sans cesse et se multiplie, envahissant le monde.::: Michael Cisco, Argent Animal, Diable Vauvert (A paraître le 6 septembre)
(+)
Il est arrivé quelque chose à la jeune Pêche, du sang coule entre ses cuisses. Ãa lui fait mal de marcher mais elle parvient à rentrer à la maison en titubant où le cauchemar continue, avec ses parents qui ne semblent sâapercevoir de rien. Seule ou presque, elle va devoir vivre avec un corps meurtri qui change de façon inquiétante, hantée par son agresseur, lâaffreux Lincoln aux relents de saucisses. Pour suivre Pêche au plus près, Emma Glass invente en même temps quâun monde loufoque une langue charnelle et musicale, où chaque mot tente à la fois dâincarner et de réparer lâirréparable. Premier roman fascinant par son inventivité rythmique, Pêche explore les jours et les nuits dâune chair blessée et fait de lâempathie une expérience inédite, physique.::: Emma Glass, Pêche, Flammarion (A paraître le 22 août)
Published on June 06, 2018 23:45
June 3, 2018
Tout arrive (comme disait Manet)
Published on June 03, 2018 21:59
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